Le Cnapeste joue et perd «C'est suite à l'intervention des autorités, lesquelles se sont engagées à prendre en charge les revendications des grévistes, que nous avons décidé de suspendre la grève», a affirmé Messaoud Boudiba, dans une déclaration à L'Expression. C'est le soulagement. Après trois mois de grève, les enseignants vont reprendre les cours dès aujourd'hui. Le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), qui a tenu une session extraordinaire pendant plusieurs heures, a décidé tôt, hier, de suspendre son mouvement de grève. Un dénouement qui apaisera les esprits. Les élèves et leurs parents qui commençaient à craindre le pire vont pouvoir enfin souffler. Alors que tout le monde appréhendait le spectre de l'année blanche, la décision inattendue du Cnapeste a été une bouffée d'oxygène qui a redonné de l'espoir aux parents d'élèves. La situation a failli connaître un dérapage sans précédent. Les tentatives de dialogue entre la tutelle et les syndicats ont mené à une véritable impasse. Devant l'entêtement du syndicat, la tutelle est passée carrément à l'action. Des ponctions sur salaires, des radiations et des avertissements, sont les différentes mesures prises à l'encontre des enseignants grévistes. Selon le porte-parole du Cnapeste Messaoud Boudiba, plus de 30.000 enseignants ont été radiés. La marche des lycéens qui ont contesté le remplacement de leurs professeurs a rajouté une couche. Devant cette situation, les associations des parents d'élèves, des partis et des organisations sont montés au créneau pour lancer un cri d'alerte en appelant les deux parties à ne pas prendre en otage les élèves. Ce n'est qu'à travers l'intervention du président de la République, qui a chargé ses représentants de prendre attache avec les syndicats, que la grève a connu son épilogue. «C'est suite à l'intervention des autorités, lesquelles se sont engagées à prendre en charge les revendications des grévistes, que nous avons décidé de suspendre la grève», a affirmé Boudiba, dans une déclaration à L'Expression. La décision a été tranchée après un long débat et des concertations menées lors de la session extraordinaire tenue, mardi dernier, au lycée Frantz Fanon, à Boumerdès. A travers cet acte, le Cnapeste, souligne son porte-parole, a fait preuve de bonne foi pour éviter le pourrissement. «La balle est dans le camp de la tutelle», soutient Boudiba qui brandit la menace de reconduire la grève en cas de non-satisfaction des revendications. Selon lui, la session du conseil extraordinaire reste ouverte pour permettre au syndicat de se réunir à n'importe quel moment et décider des actions à entreprendre. Certes, le Cnapeste a agi suite aux garanties avancées par les autorités, mais il ne faut pas perdre de vue que ce syndicat a perdu du terrain. Un nombre important d'enseignants a rejoint les établissements sous la menace de sanctions. Il y a lieu de rappeler que le syndicat a lancé un appel à une grève illimitée depuis le 31 janvier dernier. Ce syndicat revendiquait l'application du procès-verbal du 19 mars 2015 et la concrétisation des procès-verbaux des wilayas de Blida et Béjaïa outre l'annulation des mesures de ponction «arbitraire et abusive» des jours de grève. De son côté, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit n'a épargné aucun effort. Elle a réitéré récemment son appel au dialogue tout en invitant les enseignants radiés à présenter des recours. «Toutes les mesures adéquates seront prises afin de réintégrer les enseignants licenciés, et ces derniers sont en mesure d'introduire un recours auprès des directions de l'éducation dont ils relèvent. Les recours seront examinés par une commission paritaire», a-t-elle assuré en vue d'apaiser les tensions.