Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale Seront traînés devant les tribunaux tous ceux qui fourniront de fausses déclarations de maladie. Le médecin qui se risque à établir un faux certificat de maladie sera également poursuivi en justice. Les Algériens semblent avoir la santé fragile. C'est du moins ce qui ressort du chiffre avancé, hier, par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali. Ce dernier qui a tiré la sonnette d'alarme sur l'explosion des arrêts maladie, a avancé que plus de 14 millions d'arrêts maladie ont été enregistrés durant l'année 2017. Plus exactement, il est question de 14.390.000 arrêts maladie. Effarant! Intervenant hier au forum de la Radio nationale, le ministre du Travail a jugé ce chiffre comme «anormalement élevé» et a considéré qu'il y a eu des arrêts maladie de «complaisance». Et il n'a pas tout à fait tort. Car un simple petit calcul permet de le confirmer. Il suffit pour le faire de rappeler que l'Algérie compte une population active de 11,932 millions de personnes, répartie entre une population occupée de 10,6 millions de travailleurs et un nombre de chômeurs de 1,337 million d'individus, selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS), publiés en 2016. Le salariat constitue la forme dominante de la population occupée avec un taux de 69,8%. Pour ce qui concerne l'affiliation à la sécurité sociale de la population occupée, elle est de 61,5% avec 6,515 millions de personnes affiliées. Une simple division permet de certifier que chaque travailleur a déposé plus de deux arrêts maladie, l'année dernière. Est-ce vraisemblable que les travailleurs algériens tombent aussi souvent malades? Il est clair qu'il y a de l'abus et cette situation «doit cesser», comme l'a affirmé le ministre. Ce dernier a assuré que les contrôles vont encore une fois être renforcés et que les fraudeurs tomberont sous le coup de la loi avec toute sa rigueur. Et il est temps de le faire car, la Caisse nationale de la sécurité sociale, dont la santé financière n'est pas très bonne, ces dernières années, a dû débourser près de 13 milliards de dinars pour les huit premiers mois de l'année dernière. En 2016, ce sont plus de 17 milliards de dinars qui ont été remboursés par la Cnas. Le nombre des congés de maladie falsifiés impacte négativement la trésorerie de la Cnas et l'économie nationale. Le département de Mourad Zemali compte bien agir pour récupérer l'argent des faux malades. En plus de l'instauration de nouveaux mécanismes de contrôle, «nous allons traîner devant les tribunaux tous ceux qui fourniront de fausses déclarations maladie. Leur acte frauduleux tombe sous le coup de la loi et pénalise l'économie nationale», a averti Mourad Zemali. Décidé à en finir avec la fraude, il soutient que même le médecin qui se risque à établir un faux certificat de maladie va être poursuivi en justice. Le premier responsable du ministère du Travail a donné des instructions fermes de saisir les tribunaux à chaque fois qu'il y a constatation de fausse déclaration de maladie. «Je sais que la plupart des médecins délivrent de faux certificats de maladie à ceux qui travaillent dans le secteur public. Cela est contraire à l'éthique et à la déontologie régissant le corps des médecins», a tenu à dire Mourad. Zemali ajoutant que la Cnas est de ce fait victime d'actes de vol qui affaiblissent son équilibre financier et pénalisent les cotisants sérieux. Et concernant justement l'équilibre financier du système des retraites et de sécurité sociale, il y a lieu de rappeler que dans la loi de finances 2018, l'Etat a injecté 500 milliards de dinars comme subvention d'équilibre pour venir à la rescousse de la Caisse nationale de retraite (CNR). Une mesure exceptionnelle qui reste insuffisante, faut-il le préciser face au déséquilibre chronique de la CNR et de la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) surtout que le nombre des cotisants reste faible par rapport à celui des retraités dont les pensions s'élèvent à 1000 milliards de dinars avec une participation de 140 milliards de dinars de la part de l'Etat pour les petites pensions. Si ce nombre faible de cotisants participe à augmenter les dépenses, déjà faramineuses, de la Cnas, il est clair que ce dernier met en péril sa propre «retraite». Car le déséquilibre de la Cnas induit fatalement à la mise à mort de la CNR. Qui payera le prix? Ce sont les cotisants fraudeurs d'aujourd'hui qui risquent de ne pas avoir leur retraite demain.