Abdelkader Messahel avec Moussa Faki Mahamat L'Agenda africain est celui de l'intégration. Il est question de faire taire les armes à l'horizon 2020, de créer, la semaine prochaine, une zone de libre-échange et d'aller vers des réformes de l'UA aussi bien dans son aspect financement que dans son aspect institutionnel. Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, est depuis hier à Alger, pour une première visite officielle de trois jours. Cette visite revêt un caractère très important car intervenant à la veille du sommet extraordinaire de l'UA qui se tiendra à Kigali et qui sera consacré au lancement de la Zone de libre-échange continental africaine (Zleca). La visite de Moussa Faki intervient également dans un contexte marqué par une volonté politique commune pour le renforcement de la coopération en matière de sécurité et de résolution des conflits existants. En effet, l'invité de l'Algérie a affirmé hier, à son arrivée que sa visite en cours avait pour but de discuter de plusieurs questions clés dans l'Agenda africain. «Nous avons à l'occasion du 31e Sommet de janvier à Addis- Abeba pris des décisions très importantes, notamment sur la Zone de libre-échange continental (Zleca), qui sera le sujet lors du prochain sommet, le 21 mars à Kigali, le passeport africain et le transport aérien dans le continent», a indiqué Moussa Faki Mahamat ajoutant que «l'Agenda africain est celui de l'intégration et surtout de connaître le continent africain (...) en plus, bien entendu, de la réforme (de l'UA) aussi dans son aspect financement que dans son aspect institutionnel, en plus des questions de paix et de sécurité dans notre continent, qui sont des préoccupations majeures». Il a, par ailleurs, fait part de l'ambition du continent de «faire taire les armes à l'horizon 2020». Après l'avoir accueilli, à son arrivée à l'aéroport Houari-Boumediene, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a eu un entretien avec son invité sur l'ensemble des questions africaines inscrites à l'Agenda de l'Union, notamment les réformes en cours de l'Organisation continentale et son financement. Les questions de paix et de sécurité en Afrique ont constitué également un chapitre important des discussions au regard des efforts soutenus de l'Algérie en faveur de la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique, notamment au Mali et en Libye. Faut-il rappeler que l'Algérie a joué, depuis le début de la crise malienne, un rôle majeur et essentiel dans la stabilité de ce pays voisin. L`accord de paix et de réconciliation au Mali, signé dans une première étape en mai 2015, et dans une deuxième phase en juin de la même année, par toutes les parties maliennes à Bamako, avait été obtenu après cinq rounds de dialogue, engagé en juillet 2014 sous la conduite d`une médiation internationale, dont l`Algérie avait été le chef de file. Depuis, l'Algérie poursuit une coopération exemplaire dans le suivi de la mise en oeuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation qui a enregistré des avancées notables, notamment sur les questions institutionnelles, de défense et sécurité sous la direction du président Bouteflika. Et en ce qui concerne la Libye, l'Algérie, faut-il le rappeler, aspire à ce que les développements en cours aboutissent à une solution politique à la crise qui préserve l'unité, l'intégrité et la souveraineté de ce pays frère et voisin. Concernant le conflit du Sahara occidental, l'Algérie considère que l'Union africaine demeure politiquement saisie de cette question conformément aux résolutions pertinentes de l'Assemblée générale de l'ONU. Par ailleurs et une fois les questions africaines abordées, Moussa Faki devra être reçu par d'autres hauts responsables du pays avec lesquels il échangera sur la dynamique spéciale qui caractérise la coopération entre l'Algérie et la Commission de l'UA, notamment les réformes en cours de l'Organisation continentale et son financement. Il y a lieu de souligner, par ailleurs, que l'Algérie, reconnue en tant que pays engagé dans la promotion des intérêts de l'Afrique, entretient une coopération dense avec la Commission de l'Union africaine, dont témoignent les différentes actions de soutien entreprises par l'Algérie, à la demande de l'Union africaine, dans le cadre des missions de l'Organisation dans le domaine de la paix et de la sécurité en Afrique. A cela s'ajoute le mandat confié au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, par ses pairs africains, en tant que Coordonnateur des efforts de l'Union africaine dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent. Faut-il rappeler que l'Algérie abrite les sièges de deux organes importants de l'Union africaine, en l'occurrence le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert) et le Mécanisme africain de coopération policière (Afripol). Enfin, Moussa. Faki abordera la tenue du prochain sommet extraordinaire de l'UA et le prochain lancement de la Zone de libre-échange continental africaine (Zleca). Approuvée par les dirigeants africains, la Zleca est un projet phare de l'Agenda 2063, dont le but est de faire de l'intégration économique de l'Afrique une réalité. Il faut dire que la création de la Zleca peut constituer une sérieuse opportunité pour que l'Algérie puisse développer davantage ses exportations hors hydrocarbures. Le marché africain peut être porteur pour le produit algérien. La Zleca s'inscrit en droite ligne avec la politique du Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui, rappelons-le, a organisé, en décembre dernier à Alger, le premier Forum d'affaires algéro-africain. Une rencontre qui a donné naissance à des contrats entre les entreprises algériennes et leurs partenaires du Tchad, Mali, Mauritanie ou encore le Kenya et l'Afrique du Sud. Sur le plan économique donc, l'Algérie, dirigeants et opérateurs économiques, soutiennent cette initiative dont la mise en oeuvre va générer des résultats très bénéfiques pour tout le continent, non seulement sur le plan socio-économique, mais permettra aussi de donner plus de confiance aux Africains et renforcera leur engagement et leur appropriation de l'Agenda 2063.