Il est vrai que l'époque de la première mise en scène de la pièce est différente de celle que nous vivons actuellement, mais j'ai essayé de l'adapter à l'actualité de l'heure. La dramaturge Fouzia Aït El Hadj est une révolutionnaire. Elle appartiendrait même à «l'International théâtral». La révolution a été faite, certes, il y a cinquante ans, mais Fouzia y revient pour ressusciter ceux qui l'ont déclarée. Avec une armada de comédiens, elle déclare la guerre contre la mémoire humaine oublieuse, trop oublieuse. Elle revient avec une pièce ancienne dans son contenu cependant nouvelle dans son but, en l'occurrence Les enfants de La Casbah du grand dramaturge Abd El Halim Raïs. Ecrite, mise en scène et jouée par la troupe du FLN (dirigée par Mustapha Kateb) en 1958, la pièce avait alors un cachet purement politique. Les enfants de La Casbah est donc âgée de quarante sept ans. Il nous est permis à cet effet de se poser la question : la pièce réussira-t-elle à atteindre son but escompté? «Il est vrai que l'époque de la première mise en scène de la pièce est différente de celle que nous vivons actuellement, mais j'ai essayé tant bien que mal de l'adapter avec l'actualité de l'heure» a déclaré Fouzia Aït EL Hadj, avant-hier, lors de la conférence de presse animée au siège du Théâtre national algérien. La conférencière a fait savoir en outre que «la pièce a été jouée par deux fois pour la télévision algérienne sous le titre Oumahatouna (Nos mères)». «Le titre a été changé parce qu'on avait voulu donner à la guerre de Libération nationale un cachet national». Façon comme une autre de dire que la révolution a été faite par l'ensemble du peuple algérien et non par seulement le un million et demi de martyrs. Revenant sur le début de ce projet, Fouzia a indiqué que c'est la direction du Théâtre national algérien qui lui a proposé de réadapter la pièce «j'ai tout de suite accepté, et j'ai trouvé que c'est un honneur pour moi de mettre en scène l'une des pièces du plus prestigieux dramaturge algérien, Abd El Halim Raïs.» Elle va juste qualifier Les enfants de La Casbah de «monument de la dramaturgie algérienne». Elle reconnaît, certes, que la réalisation de la pièce est l'une des tâches les plus difficiles à effectuer. Néanmoins, la mise en scène lui a pris seulement un mois. «Nous avons travaillé d'arrache-pied et sans répit. Nous n'avons pas de week-end. Le rythme était vraiment infernal. D'autant plus que la majorité des comédiens ayant participé sont jeunes. Certains viennent juste de décrocher leur diplôme de l'Institut national des arts dramatiques et chorégraphiques de Bordj El Kiffan». Toutefois, un paradoxe est à remarquer: comment se fait-il que des comédiens fraîchement diplômés participent à une pièce de théâtre d'une telle envergure? «C'est une question de confiance. Il faut savoir donner la chance à nos comédiens, sans quoi on ne pourra jamais réussir à faire la relève. Je n'ai qu'une seule assurance: leur talent». Il faut noter, en passant, que cette pièce sera jouée par 22 comédiens, à leur tête la grande et respectueuse comédienne et actrice Bahia Rachedi. Aussi, on ne doit, en aucun cas, omettre le nom du compositeur Noubli Fadel. C'est en fait à lui que revient la tâche ardue de la composition musicale. «L'inspiration m'est venue dès lors qu'on m'a proposé le projet. La musique m'est venue presque d'elle-même. Elle se base beaucoup plus sur les sentiments.» Noubli Fadel a indiqué en outre que la musique d'accompagnement ne lui a pas nécessité le recours à beaucoup d'instruments musicaux. «Juste de quoi provoquer l'émotion chez le spectateur, à savoir le violon, le naï et le clavier». Enfin, la générale de la pièce Les enfants de La Casbah sera donnée après demain, samedi 20 août, à 19h30, au Théâtre national algérien, Mahieddine Bachtarzi. Pour le grand public désirant la voir, elle sera jouée le dimanche et le lundi, même heure et même lieu. Bon voyage à travers l'une des étapes les plus cruciales de notre histoire.