Il est nécessaire de traiter l'ensemble des questions et de ne pas sombrer dans la politique inefficace de l'autruche. L'Etat se substituera en responsabilité pour le sort de toutes les personnes disparues dans le contexte de la tragédie nationale, et, à ce titre, il prendra les mesures nécessaires en connaissance de cause, est-il noté dans le décret portant projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Néanmoins, plusieurs voix se sont élevées pour s'opposer au projet en question. Mettant à profit son déplacement à Skikda à l'occasion du double anniversaire du 20 Août, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tenu à rassurer de manière implicite les adversaires de cette louable initiative qui consiste à faire cesser l'effusion du sang et à rétablir la paix. «Soyons bien d'accord que la réconciliation, qui s'impose comme un choix vital et volontaire, n'implique nullement une exonération généralisée des responsabilités, elle doit reposer sur une démarche réfléchie répondant à la fois à un devoir de mémoire et à notre souci de rigueur morale», a affirmé hier le chef de l'Etat, dans son discours prononcé à l'occasion pour remettre les choses dans leur contexte conjoncturel. «Ce grand projet transcende les clivages conjoncturels et les ambitions à courte vue. Il dépasse tous les calculs, neutralise les appréhensions et élimine toutes les pesanteurs», a-t-il ajouté avant de s'interroger «pourquoi alors toutes ces voies stridentes s'obstinent-elles, sans apporter de nouveau, à prétendre détenir la vérité?». Des voies auxquelles Abdelaziz Bouteflika invite à plus de sagesse: «Il est nécessaire de traiter l'ensemble des questions et de ne pas sombrer dans la politique inefficace de l'autruche». D'ailleurs, il souligne que la charte de la paix et de réconciliation nationale permettra de rendre justice à tout un chacun et de barrer la route aux voix qui tentent de porter atteinte aux institutions de la République. Prenant la défense de ces mêmes institutions qui ont permis à l'Algérie de vaincre l'hydre terroriste, le premier magistrat du pays indique: «La charte de réconciliation nationale, proposée au peuple algérien constitue une immunité pour les institutions de l'Etat et à leur tête, l'ANP et les corps de sécurité». Explicitant sa conception de la réconciliation nationale, le chef de l'Etat a souligné que celle-ci doit «prévenir toute récurrence des phénomènes de violence terroriste et d'extrémisme», tout en affirmant avec force son opposition au retour du phénomène du terrorisme et de la fitna en Algérie. «Je le dis ici avec toute la vigueur nécessaire. Nous ne permettrons jamais que l'hydre terroriste puisse un jour renaître de ses cendres et semer à nouveau le malheur parmi nous», a-t-il précisé. Faisant le parallèle entre le serment de Novembre et la réconciliation nationale, Abdelaziz Bouteflika a souligné qu'il faut se référer aux nobles valeurs d'adhésion et d'unité, de complémentarité et d'entraide, au seul service de cette patrie. «L'éloignement de ces valeurs n'a-t-il pas été à l'origine de cette fissure, de cette dislocation au sein de la société et cela mène fatalement à une destruction certaine, voire à un chaos total» a-t-il rappelé. Pour le chef de l'Etat, il est dans l'intérêt du peuple et de la patrie de rejeter la haine et la rancoeur, en rejetant la division et l'exclusion et en consacrant dans un climat d'amitié et de fraternité, la réconciliation, l'entraide et la cohésion. Car la bataille du développement ne connaîtra point de triomphe en l'absence, d'aide, de concorde et de cohésion en l'absence d'un resserrement des rangs au front interne tout comme ce fut le cas lors de la révolution qui a mené à la libération et l'affranchissement.