Les Etats-Unis sont la destination préférée des Algériens, surtout des cerveaux. La loterie américaine est finie cette année. 98.000 candidats ont, du moins potentiellement, gagné le gros lot, la fameuse green card qui accorde un permis de résidence permanent aux étrangers. Les immigrés tirés au sort viennent d'être informés. Ils ont maintenant intérêt à remplir leur demande officielle le plus vite possible, puisque, au final, seuls 60.000 d'entre eux se verront attribuer la précieuse carte, après étude minutieuse des dossiers, entretiens et visites médicales. Les Algériens ont été nombreux cette année avec 6.800 candidats gagnants. Chaque année depuis 1990, les Etat-Unis accordent ainsi ce permis de résidence à des étrangers choisis au hasard. Tous les citoyens des pays éligibles peuvent, en théorie, participer. Pour cela, deux conditions sont requises: être en possession d'un diplôme équivalent au bac et avoir occupé, pendant deux ans et depuis les cinq dernières années, un emploi nécessitant deux ans d'expérience. Instauré par George Bush Sr, cette loterie permet de rééquilibrer la carte de l'immigration américaine, puisqu'elle favorise les nationalités peu représentées aux Etats-Unis. Le peloton de tête des gagnants montre qu'il s'agit de population obtenant peu de cartes vertes par la voie normale, c'est-à-dire en justifiant d'un emploi fixe aux Etats-Unis ou par regroupement familial. Le Ghana avec 6300 gagnants, le Nigeria 5952 et l'Ethiopie avec 5000 gagnants. L'Afrique arrive en tête, suivie sur les autres continents, par des pays comme le Bangladesh avec 4505 et l'Ukraine avec 3621 gagnants. Les attentats du 11 septembre 2001 n'ont cependant pas été sans effet sur le mythe de l'American dream, censé offrir sa chance à qui sait la saisir. Cette année, en effet, 9,6 millions de personnes «seulement» ont exprimé leur désir de s'installer aux Etats-Unis en envoyant leur candidature à la loterie (avec une probabilité de gagner de 0,6%), contre 12 millions en 2004. Parce qu'ils craignent l'attitude des Américains à leur égard ou qu'ils savent par avance que leur dossier sera examiné à la loupe, les Arabes — et les musulmans en général ont nettement moins participé que les années précédentes. Et certains pays ont vu le nombre de leurs lauréats diminuer, comme l'Afghanistan, qui comptait 208 gagnants en 2001, recensés par la revue l'Intelligent contre 27 cette année. Il en va de même pour les ressortissants yéménites (251 gagnants contre 34) ou iraniens (1703 contre 754). Alors que le Maroc décroche 800 green card de plus que l'année dernière. Notons que les Algériens ont eu beaucoup de chance cette année puisqu'ils constituent le taux le plus élevé de gagnants. Les Etat-Unis est la destination préférée des Algériens, surtout des cerveaux. Des dizaines de milliers de diplômés auraient quitté l'Algérie pour l'Amérique ces dix dernières années et bien que toutes les spécialités soient concernées, les secteurs les plus touchés par ce phénomène seraient la recherche, la médecine, les nouvelles technologies et dans une moindre mesure les hydrocarbures. La dégradation des conditions de vie et de travail à partir du milieu des années 1980, la bureaucratie, la corruption, le favoritisme et l'insécurité sont les principales causes de cette «fuite des cerveaux».N'oublions pas les chasseurs de têtes, l'Amérique excelle dans la chasse aux cerveaux surtout dans les secteurs de l'informatique et des nouvelles technologies où les Algériens sont appréciés. En Algérie, les compétences sont bel et bien disponibles mais les équipements industriels et scientifiques font défaut. Le coût moyen pour former un diplômé serait d'environ 100.000 dollars, alors imaginons les pertes occasionnées à l'économie algérienne, selon le Cnes, cela représenterait 40 milliards de dollars de pertes uniquement pour la période comprise entre 1992 et 1996.