Les civils de la Ghouta ne sont plus les otages des terroristes Le mouvement d'exode vers Idlib est enclenché que, déjà, l'armée syrienne prépare activement sa prochaine offensive. Et l'objectif risque d'être Idlib, justement, puisqu'il s'agit de la dernière enclave rebelle où coexistent, tant bien que mal, groupes terroristes et groupes extrémistes rebelles. Il y a un an de cela, Vladimir Poutine expliquait pour justifier sa politique de négociations avec les groupes extrémistes présents à Alep, notamment, en vue de leur offrir une «porte de sortie» vers Idlib: «Mettez-les dans un seul et même panier et, au bout du compte, ils s'entredévoreront». La prédiction s'est avérée judicieuse puisque les mouvances de Fateh al Cham, ex Al Nosra, branche syrienne d'El Qaïda, Jaïch al Islam et Ahrar al Cham, c'est-à-dire les principales factions, sont vite entrées en concurrence et que des combats meurtriers les ont opposées les unes aux autres. Sortie grand vainqueur du bras de fer, Al Nosra règne depuis plus d'un an à Idlib et c'est là que vont se retrouver les plus de 105.000 éléments de Faylak al Rahman dont 7000 combattants armés évacués avec leurs proches de la Ghouta orientale, après avoir déposé les armes. Celle-ci est pratiquement expurgée des rebelles qui y foisonnaient, bombardant régulièrement Damas à coups de roquettes et d'obus pour répliquer aux raids de l'aviation syrienne et russe. Le régime syrien, appliquant une stratégie alternant bombardements intensifs, combats au sol et négociations, a pris le contrôle désormais de 90% de toute la zone rebelle, située à quelques encablures de la capitale. Autant dire qu'à ce rythme, l'ensemble de cette zone sera complètement pacifié dans les tout prochains jours, ce qui va permettre le retour dans leurs maisons de bon nombre des déplacés - environ 400.000 - qui ont fui le début des combats le 18 février dernier. Le mouvement d'exode vers Idlib est enclenché que, déjà, l'armée syrienne prépare activement sa prochaine offensive. Et l'objectif risque d'être Idlib, justement, puisqu'il s'agit de la dernière enclave rebelle où coexistent, tant bien que mal, groupes terroristes et groupes extrémistes rebelles. La ville se situe au nord-ouest du pays, non loin de la frontière turque, et elle constitue un carrefour stratégique pour l'Armée arabe syrienne et ses alliés qui n'ont jamais fait mystère de leur intention de s'en emparer, à plus ou moins brève échéance. Toujours dans le nord-ouest, l'armée turque poursuit, depuis le 20 janvier dernier, une offensive pour chasser de la frontière avec la Turquie la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), et elle contrôle aujourd'hui l'enclave d'Afrine. Quelque 167.000 personnes ont été déplacées par l'avancée de ces forces étrangères, selon les Nations unies, alors qu'Ankara affirme ouvertement poursuivre sa progression jusqu'à Minbej où sont stationnées des troupes américaines, les Etats-Unis apportant leur soutien matériel et tactique aux YPG et à leur branche des Forces Démocratiques Syriennes (FDS). D'ailleurs, Ankara n'arrête pas d'essuyer le feu des critiques pour son offensive, la dernière en date étant celle du président français Emmanuel Macron qui a exprimé sa «grande préoccupation» face aux pertes humaines tout en appelant la Russie à faire en sorte que cesse le bain de sang. En guise de riposte, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé vendredi dernier à son homologue français sa «gêne» face à des «propos infondés» sur l'opération de la Turquie dans la zone syrienne d'Afrine, dénoncée par ailleurs par Damas comme une violation flagrante de sa souveraineté. Ressassant son argumentaire, Erdogan a encore expliqué que le but de cette intervention était d'«écarter les menaces contre la sécurité nationale turque» et d'«assurer la paix» dans la région. Il aura fallu deux mois à l'armée turque pour prendre le contrôle effectif de l'enclave kurde d'où ont été délogées les forces des YPG» sans que l'on sache avec précision le nombre de victimes occasionnées par cette offensive de l'armée turque et de ses supplétifs rebelles syriens de l'ALS. Cette incertitude et les nouvelles alarmantes véhiculées par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh), basé à Londres, ont fait que le président français est intervenu auprès du président russe Vladimir Poutine afin de lui demander «de faire ses meilleurs efforts pour que cessent les combats et les pertes civiles». Une initiative qui anticipe la réunion prévue début avril à Istanbul entre la Russie, principal soutien du régime syrien aux côtés de l'Iran, et la Turquie, soutien de certains groupes rebelles, les trois pays étant engagés dans le processus d'Astana qui vise à imposer un cessez-le-feu à l'ensemble des parties engagées dans des négociations qui ont permis l'instauration, voici quelques mois déjà, de quatre zones de désescalade dont Idlib fait partie.