Des jeunes universitaires sont réduits au chômage ou à exercer des fonctions précaires et mal rémunérées. Il leur est conseillé de créer une start-up dans des secteurs liés aux TIC et aux services. Selon le Premier ministre Ahmed Ouyahia, 20 000 ingénieurs et techniciens en informatique sont annuellement formés. «C'est la preuve que le pays a investi un effort massif dans l'enseignement de l'informatique dans ses universités» a-t-il souligné dans son allocution prononcée à l'ouverture hier de la Conférence régionale sur la contribution de l'économie numérique dans la croissance des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Mena), organisée par le ministère des Finances avec la collaboration de la Banque mondiale et du Fonds monétaire arabe. Ce faisant, il faut admettre que parmi ces nouveaux diplômés, nombreux vont devoir se rendre à l'évidence de se prendre en charge du fait de la faible capacité actuelle du pays en matière de création d'emplois dans leur spécialité. Autrement dit, de créer leur propre entreprise ou start-up (entreprise de petite taille) avec comme ligne de pilotage «beaucoup de créativité», ont indiqué à l'unanimité des patrons de start-up étrangères qui ont réussi. Ces derniers, invités à parler de leur expérience lors du panel organisé à l'occasion de ce séminaire, n'ont pas caché que leur parcours n'a pas été facile «mais à force d'y croire et de mettre beaucoup de volonté, on finit par réussir», ont-ils fait savoir. Comme ils ont fait savoir que les créateurs de start-up ont besoin, pour développer leurs activités de la mise en place d'un cadre réglementaire allégé «pour que les jeunes initiateurs d'entreprises technologiques ne rencontrent pas trop d'obstacles», a indiqué le représentant de la Société de financement international (SFI) en Algérie. A propos de la réglementation il dira «elle peut être un facteur de facilitation pour peu que la gestion du risque soit efficace». Soulignons que lors de ce panel on a aussi abordé l'impact du développement de l'économie numérique dans les pays de la région Mena qui compte près de 50 millions de jeunes au chômage. Selon un intervenant, le développement de l'économie numérique dans les pays de cette région est tout à fait indiqué dans le sens où elle peut créer des postes d'emploi pour peu de rendre le haut débit Internet accessible à tout le monde». Un autre avertira «le monde est en constant changement et de ce fait des centaines de métiers vont disparaître. Autrement dit, des postes d'emploi du futur vont consister à appuyer sur un bouton». Et d'abonder dans ce sens: «On n'aura plus besoin d'ingénieur ni en mécanique ni d'électronicien» non sans ajouter dans la foulée que de nombreux jeunes n'auront plus les compétences nécessaires pour trouver un emploi par l'effet du changement de l'écosystème de la haute technologie. En d'autres termes les nouveaux emplois seront le fruit de l'innovation issue des entreprises novatrices» Mais faut-il pour cela, comme l'a martelé un panéliste, que les pays de la région Mena «développent et élaborent le capital humain». C'est d'ailleurs ce qu'a souligné le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. En effet ce dernier intervenant via une vidéo, projetée à l'occasion de la conférence régionale a estimé que les politiques de l'emploi des pays de la région Mena doivent accorder la priorité aux jeunes porteurs de projets technologiques et innovants. Selon lui, ces politiques sont confrontées au défi de procurer du travail à plus de 10 millions de jeunes établis dans cette région au cours des toutes prochaines années, appelant à une meilleure exploitation d'Internet et des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC) pour pouvoir en faire des «leviers de croissance». De son côté le vice-président de la BM pour la région Mena, Hafez Ghanem, a indiqué pour sa part, qu'à l'inverse de leurs pairs dans les pays développés où la quête d'un emploi est plus aisée, les jeunes universitaires des pays de la Mena sont réduits, pour la majorité, au chômage ou à exercer des fonctions précaires et mal rémunérées. Pour lui, dans les pays de la Mena, il est nécessaire d'orienter les formations universitaires et autres vers les technologies, les mathématiques et les sciences afin de mettre les jeunes en posture de réussite dans le monde du numérique. Le directeur général du FMA, Abdulrahman A. Al Hamidy, a, pour sa part, tenu à saluer les efforts engagés par l'Algérie pour la création d'emplois au profit des jeunes. Sur ce point, il a affirmé que des dispositifs comme l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) et l'Agence nationale de l'emploi (Anem) sont des modèles à prendre en exemple. D'ailleurs, il a avancé que la tenue d'une telle conférence régionale à Alger renseigne sur l'intérêt accordé par l'Algérie à ce domaine lequel constitue un moteur de croissance. Revenant sur le développement d'une économie du savoir, il a souligné l'importance de mettre en place un cadre juridique et des procédures.