Ce périple, entamé le 22 mars, aura été dominé par sa visite le 23 mars à Kidal (Nord-Est), une première depuis près de quatre ans dans ce bastion de l'ex-rébellion à dominante touaregue. Lors de sa dernière étape, à Djenné (centre), M. Maïga a visité le chantier d'un barrage-pont détruit par les jihadistes le 8 mars, destiné à relier deux rives du Bani, un affluent du fleuve Niger. «Nous avons un plan de sécurisation de nos ouvrages sensibles», a-t-il déclaré. «Non seulement il y aura des militaires, mais aussi d'autres dispositifs. Les terroristes n'auront pas le dernier mot», a-t-il assuré. Pendant cette dernière visite avant de regagner Bamako dans la soirée, le Premier ministre s'est dit «convaincu» que l'équipe au pouvoir allait «continuer à diriger ce pays», alors qu'une élection présidentielle est prévue le 29 juillet. Dans un message lu dimanche soir à l'occasion de la commémoration du 26 mars 1991, soulèvement à l'issue duquel le multipartisme a été instauré au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keïta a réaffirmé que l'élection se tiendrait «dans les délais et dans les meilleures conditions». Plus tôt dans la journée de lundi, le Premier ministre avait annoncé à Bandiagara (Centre) la prochaine installation d'un «poste judiciaire spécialisé antiterroriste pour enquêter et juger les crimes terroristes». Il a également évoqué l'avant-projet de loi d'entente nationale qui lui a été remis au début du mois, réaffirmant que «le sort des combattants qui n'ont pas de sang sur les mains» serait pris en compte. Dans cette localité touristique touchée par la crise, où il a rencontré plusieurs centaines de jeunes, il a notamment promis «la construction d'un pôle universitaire». Dimanche, il avait assisté à une rencontre de réconciliation entre des dirigeants peuls et dogons à Koro (centre), où des dizaines de personnes ont péri dans de récents affrontements entre ces deux communautés. «Nous allons désarmer de gré ou de force les milices. L'Etat ne sous-traite pas sa sécurité. Nous allons les désarmer», a-t-il assuré devant plus de mille personnes. Les membres de la communauté peule accusent régulièrement les autorités de tolérer, voire d'encourager les exactions de groupes de chasseurs traditionnels à leur encontre, au nom de la lutte contre les jihadistes, ce que démentent catégoriquement les représentants de l'Etat. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al Qaïda à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l'application accumule les retards. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues dans le centre et dans le sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.