L'humanisme du Colonel Amirouche envers les autres maquisards était sans commune mesure. Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, présidera aujourd'hui au village Tassaft Ouguemoun (daïra d'Iboudrarène), dans la wilaya de Tizi Ouzou, la cérémonie de recueillement et les activités commémoratives du 59e anniversaire de la mort de Amirouche et Si El Haouès. C'est aujourd'hui également, à Tassaft, que prendront fin les cérémonies commémoratives en question. Ces dernières ont démarré mardi dernier à Boussaâda, puis à El Alia et au village Bounaâmane, hier. Parmi les présents à cette grandiose cérémonie à Bounaâmane (commune de Zekri, près d'Azazga), qui était, pour rappel, le siège du poste de commandement de la wilaya III historique, il y a eu l'officier de l'Armée de Libération nationale (ALN), Ouali Aït Ahmed. Ce dernier a assisté au dernier discours, prononcé par le colonel Amirouche Aït Hamouda, chef de la wilaya III historique ici même à Bounaâmane, le 12 octobre 1958. Ouali Ait Ahmed s'en souvient parfaitement. «Le colonel Amirouche Aït Hamouda avait pris la parole devant les maquisards pour la dernière fois. Il nous a surtout exhortés à faire preuve de beaucoup de vigilance pour mener à terme notre combat pour l'indépendance de l'Algérie», a déclaré Ouali Aït Ahmed qui a ajouté que c'est la dernière fois que Amirouche avait foulé le sol de la Kabylie, puisque juste après, il avait pris la route vers la Tunisie. Et, en cours de route, à djebel Tameur, il est tombé au champ d'honneur en compagnie de l'autre grande figure de la Révolution algérienne, le colonel Si El Haouès. Le rendez-vous de Bounaâmane, hier, était un moment de forte émotion car des acteurs et artisans de la révolution, présents sur les lieux, l'étaient aussi il y a un peu plus de 60 ans quand la guerre d'Algérie battait son plein. C'est ici, au PC de la wilaya III historique, que se réfugiaient les moudjahidine surtout durant la période de l'hiver. Pourquoi? Parce que, répondent les libérateurs du pays du joug colonial français, dans ce massif, «nous nous sentions complètement en sécurité», et ce, précise-t-on encore, même quand l'armée française bombardait à l'aide de l'aviation, les maquisards étaient à l'abri. Par ailleurs et dans le même sillage, il y a lieu de souligner que le musée du Moudjahid de Tizi Ouzou a également initié, jeudi dernier, un programme commémoratif à Tizi Ouzou-ville. Une table ronde a été en effet animée par d'anciens moudjahidine et compagnons du colonel Amirouche. Il s'agit de Ouali Aït Ahmed, Slimane Laïchour et Amar Azouaoui, qui est l'auteur de plusieurs livres sur la guerre de Libération nationale, dont un ouvrage sur le colonel Mohand Oulhadj, le successeur de Amirouche à la tête de la wilaya III historique. Les trois témoins et acteurs ayant connu personnellement le colonel Amirouche Aït Hamouda, ont mis l'accent sur les valeurs humaines inépuisables de générosité et de compassion dont jouissait le digne fils de l'Algérie. L'humanisme du colonel Amirouche envers les autres maquisards était sans commune mesure. Il ne profitait jamais de son statut de chef pour s'octroyer des privilèges au détriment des autres maquisards de l'ALN. Ce sont là entre autres, les facettes humaines que présentait Amirouche. Un colonel dont le courage et le charisme sont légendaires et ont constitué la matière première pour une infinité de poèmes kabyles, fredonnés inlassablement par les femmes durant cette période et même durant les premières années de l'indépendance. D'après les mêmes témoins et acteurs de la Révolution, Amirouche était aussi «hanté» continuellement par le souci de mettre de l'ordre dans la Révolution. L'organisation permanente des rangs de l'ALN était la préoccupation constante du colonel Amirouche, ont ajouté les intervenants. Il y a lieu de rappeler que la célébration, cette année, du 59e anniversaire de la mort des colonels Amirouche et Si El Haouès a été grandiose. Elle s'est étalée sur plusieurs jours. Après Boussaâda, mercredi dernier et El Alia jeudi, le rendez-vous avec l'histoire glorieuse de notre guerre de Libération nationale a été donné, hier matin au village de Bounaâmane, dans la commune de Zekri, non loin d'Azazga, par les membres de la famille révolutionnaire, les citoyens ainsi que les animateurs de la Fondation colonel Amircouche Aït Hamouda, en plus des associations locales de Bounaâmane sans oublier les responsables d'Assemblée populaire communale de Zekri et des communes environnantes, à l'instar de Bouzeguène, Yakouren, Azazga...Pour rappel, cette commémoration coïncide avec la date de la mort des deux colonels, tombés au champ d'honneur à djebel Tameur, près de Boussaâda, le 29 mars 1959. Comme il fallait s'y attendre, cet anniversaire a enregistré une participation importante des citoyens qui se sont déplacés en masse pour rendre hommage aux héros de la révolution, Amirouche et Si El Haouès.