Une statue à l'effigie du colonel Amirouche Aït Hammouda a été inaugurée, hier dans la daïra de Beni Yenni (à 30 km au sud-est de Tizi Ouzou), à l'occasion de la commémoration du 55e anniversaire de sa mort. La cérémonie a été organisée par les comités des villages Tassaft Ouguemoun et Aït Eurbah, relevant de la commune d'Iboudraren, et l'Organisation des moudjahidine de la wilaya de Tizi Ouzou. L'inauguration de la statue a été marquée par la présence de milliers de citoyens venus de divers horizons de la région, des représentants de la famille révolutionnaire, du wali, des autorités locales, de Nordine Aït Hamouda (fils du colonel Amirouche), des compagnons d'armes du héros, de personnalités politiques, dont le docteur Saïd Sadi, auteur du livre Amirouche, une vie, deux morts, un testament. A l'occasion, une gerbe de fleurs a été déposée au carré des Martyrs, au village Tassaft Ouguemoun, à 2 km du lieu de l'implantation de cette stèle, une œuvre artistique de près de 4 mètres de hauteur réalisée par un artiste italien. Une procession humaine qui s'étendait jusqu'aux hauteurs de ce village a pris part à ce recueillement. La commémoration a été ponctuée par un rassemblement autour de la statue du Colonel. Une couronne de fleurs au nom de tous les villageois a été déposée à son piédestal. La coordination de Larbâa n'Ath Iraten de l'Union nationale des fils de chouhada, conduite par des dizaines de citoyennes et citoyens munis d'une banderole sur laquelle on pouvait lire «Gloire à nos valeureux martyrs» et de l'emblème national, s'est jointe au rassemblement. Sur cette placette mémorielle, d'anciens maquisards ont témoigné du courage, de la bravoure et de la grandeur du commandant de la Wilaya III historique. «L'esprit rassembleur du colonel Amirouche a fait que la présence des citoyens est massive aujourd'hui», dira un ancien maquisard. «Enfin une statue pour Amirouche ! Cela va permettre aux générations futures de sacraliser sa mémoire», clamera un jeune. Ce rendez-vous avec l'histoire et la mémoire du Colonel a été ponctué par une exposition du livre de Saïd Sadi, consacré à la vie, au combat, aux conditions de l'assassinat du Colonel, mort au combat au sud de Bou Saâda le 29 mars 1959 et de la séquestration de sa dépouille et de celle du colonel Si El Haouès, au lendemain de l'indépendance. Dans l'après-midi de cette journée commémorative, une exposition relatant le parcours combattant du martyr a été organisée au Musée du moudjahid de Tizi Ouzou. Une conférence, animée par Nordine Aït Hamouda, Saïd Sadi, Aït Ahmed Si Ouali (secrétaire du PC de l'ex-Wilaya III) et de Mahdi Cherif (officier de l'ALN et de l'ANP à la retraite), a été ensuite tenue dans le théâtre de ce musée. «Seul Amirouche savait rassembler jeunes et anciens, un demi-siècle après la libération du pays. Il sait se conduire avec le peuple, les villageois…», dira dans son témoignage Aït Ahmed Si Ouali. L'intervention de Mahdi Cherif a porté sur les péripéties qui ont marqué la séquestration et l'exhumation des dépouilles des deux colonels, sous le régime de Boumediène. Prenant la parole, Saïd Sadi a axé son intervention sur le thème «Combat d'Amirouche, racines et résonances». «Nous cherchons la vérité, celle qui bâtit les pays. Aucun pays ne s'est construit sur la base du mensonge. Il ne faut absolument rien cacher sur l'histoire…». «Plus on accable cet homme, plus il y a la mémoire populaire qui est là pour le protéger», a-t-il dit devant l'assistance qui l'applaudissait.