Le ministre de la Communication Le président de la République entend donner à la presse les moyens de s'organiser et de s'autoréguler à travers l'autorité de régulation. Ayant présidé, jeudi, la célébration de la 55e année de la création du quotidien régional de la partie ouest du pays El Djoumhouria, ex-La République, le ministre de la Communication, Djamel Kaouane est longuement revenu sur le rôle des médias, de la liberté d'expression, ainsi que le rôle joué par la présidence de la République en se plaçant en tant que défenseur des libertés lambda, dont essentiellement la liberté de la presse. Djamel Kaouane a indiqué que «le président de la République, Abdelaziz Bouteflika veille sur la liberté d'expression en tant que garante de la liberté de la presse». Car, a-t-il expliqué «elle (la presse, ndlr) est une réalité incontestable en Algérie, consacrée quotidiennement. C'est la déclaration phare du ministre de la Communication qui a, sur sa lancée ajouté que le président de la République a consacré cette liberté en la constitutionnalisant. «Le président de la République a porté cette garantie jusque dans la Constitution». Et d'ajouter en affirmant qu'il «continue de porter une vision pour l'ensemble de la corporation». Cette liberté de la presse est telle qu'a été expliqué par le ministre, le fait que le président de la République mise gros en la soutenant. Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane a, dans ce sens, défini la vision de Abdelaziz Bouteflika vis-à-vis de cette corporation en tant qu'actrice incontestable dans tous les domaines, sans interférence ni ingérence dans l'exercice d'un tel métier en lui laissant toute la latitude quant à la mise en place, par les hommes de médias, des garde-fous régissant une telle profession. Djamel Kaouane résume en ce sens la vision du président de la République vis-à-vis de cette corporation en affirmant que «il (Le président la République Ndlr) entend donner les moyens de s'organiser et de s'autoréguler à travers l'autorité de régulation, une autorité à laquelle les journalistes professionnels seuls pourront donner sa raison d'être, et pourront également solliciter le fonds d'aide à la presse écrite». C'est donc un véritable chantier inclus dans une véritable révolution à déclencher en mettant en place tous les jalons faisant de la presse professionnelle algérienne une presse vivant des transformations et des mutations de manière quasi permanente, dont le numérique. Une réalité, le défi numérique Une telle thématique a constitué l'essentiel de la conférence donnée par le premier responsable du département de la communication, Djamel Kaouane. «La presse algérienne face aux défis du numérique», tel a été l'intitulé de la conférence du ministre qui a, en abordant son sujet, déclaré que «l'Algérie n'est pas en reste dans ce mouvement inéluctable vers les lendemains digitaux, dont l'horloge est à la fois au temps des transformations et de leurs défis technologiques, et au temps de la préservation des acquis humains pour aller vers ce devenir imparable avec plus d'équité et de cohésion». La presse numérique s'est, à la faveur des développements technologiques, imposée de fait. Et le ministre n'y voit aucun mal en se mettant au diapason avec ces transformations. Il dira en ce sens «soutenir donc aujourd'hui que le passage au numérique est un défi pour la presse n'est plus une vue de l'esprit, mais un constat né du réel». Selon le ministre, «ce constat impose sa transition comme une étape incontournable dans le devenir de la corporation». Le papier est-il voué à la disparition? Dans ce chapitre bien nommé, le ministre n'a pas omis de souligner que «cette étape est un tournant que la presse algérienne peut négocier avec plus de sérénité que ses soeurs dans le monde». Car, a-t-il expliqué, «elle (la presse algérienne Ndlr) a pour elle le bienveillant soutien des pouvoirs publics, qui lui permet de vivre une étape hybride à la fois numérique et de papier, cela même si, dans cette tourmente, il y a eu, depuis 2014, plus de 60 titres qui ont dû fermer pour des raisons économiques». «Malgré ces soubresauts, il se passera encore un peu de temps avant que le papier ne devienne en Algérie un vecteur d'information inopérant et non viable, mais il est évident que nous sommes déjà dans l'ère technologique qui prépare à la disparition du support papier», a-t-il encore déclaré. Et les journalistes de négocier leur...avenir. Le ministre n'est pas sans prendre conscience d'un tel défi se profilant, comme un spectre, à l'horizon, menaçant le gagne-pain des hommes de la presse écrite. «Il s'agit, bien évidemment, du devenir de la corporation», a souligné Djamel Kaouane qui a, dans ce sillage, souligné que cette presse «doit, du fait de ces mutations, prendre conscience des risques qui pèsent sur ses acquis éthiques et professionnels, sans lesquels, dans la cacophonie de la sphère numérique et des réseaux sociaux, elle n'arriverait guère à marquer sa différence fondatrice et fondamentale, qui en fait un médiateur crédible et donc incontournable de l'information, l'information juste, de source et fondée». Malgré tous ces coups durs que subit la presse papier, sa fin n'est pas pour demain. Optimistes et optimisants ont été les aveux du ministre qui a rassuré toutefois que rien n'est perdu en affirmant que «malgré ces défis et ces contraintes, j'ai la conviction que le journalisme a devant lui un avenir radieux». Il a ajouté en affirmant qu'«il (le journalisme Ndlr) demeure au centre de toutes ces mutations et il ne tient qu'aux journalistes de préserver ce métier et lui redonner ses lettres de noblesse». La publicité, le maillon faible La publicité ou encore le nerf de la guerre financière de la presse écrite n'a pas été en reste du speech du ministre à travers lequel il a invité les éditeurs à y faire face, tout en cherchant des solutions, à la disette frappant ce secteur, la publicité. Il a, ainsi, souligné que «le modèle de soutien par la publicité institutionnelle a montré ses limites et pointe la nécessité», a-t-il expliqué, avant d'appeler «les éditeurs à rechercher et d'imaginer des solutions et des alternatives à la manne publicitaire publique». «Je tiens à rappeler, encore une fois, qu'elle ne représentait, à ses forts moments, que 20% de l'ensemble de la publicité disponible en Algérie», a avoué Djamel Kaouane ajoutant qu'«au jour daujourd'hui, cette manne a reculé, en quatre années, de plus de 60%». Cette disette de la publicité n'a pas seulement touché les entreprises de presse privée. Le ministre a, en ce sens, affirmé que «cette parcimonie n'est pas seulement limitée aux journaux privés». Algérien, Alcomsat est ouvert aux chaînes TV «Les quotidiens publics en sont les plus touchés», a-t-il avoué signalant, dans ce même cadre, que la grande majorité sont des journaux privés et, bien entendu, 80 à 90% de la publicité publique va vers les journaux privés». L'Algérie, ayant son satellite, la diffusion, par son biais, n'est qu'un seul tour de vis. C'est le message fort du ministre en affirmant que «la porte est ouverte» aux chaînes de télévision privées désirant diffuser leurs programmes sur le satellite algérien «Alcomsat 1 qui a d'énormes capacités et constitue un acquis pour l'Algérie». Dans ce cadre, il a annoncé que les chaînes de télévision publiques et plus de 50 radios et le fil d'Algérie Presse Service diffuseront sur ce satellite». Et d'ajouter que «les tests de diffusion directe des programmes de télévision et de radio effectuées, il y a deux jours sur ce satellite ont été concluants». La rencontre de jeudi, étant dédiée à la célébration de la 55e année de la création du journal régional d'El Djoumhouria, celle-ci servit de tribune pour le directeur général du journal El Djoumhouria, Bouziane Benachour, pour faire un tour d'horizon sur les différents repères qui ont jalonné un tel quotidien et les défis auxquels elle a fait face, depuis sa création, le 19 mars 1963, sous le titre La République en langue française avant que le journal ne soit arabisé. L'autorité de régulation de la presse écrite pour bientôt L'autorité de régulation de la presse écrite est sur le point d'être mise en place. Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane a souligné que son installation se fera dans «les brefs délais». «L'étude des textes portant sur la création de cette instance a été achevée», a-t-il fait savoir.