Une jeunesse mortellement frappée par Israël Les zélotes du sionisme mondial n'ont jamais été aussi contraignants que depuis que la politique de colonisation forcenée des territoires occupés est conduite par Israël afin de mettre la communauté internationale devant le fait accompli. On connaît la frilosité, pour ne pas dire la vassalité, des médias occidentaux par rapport à tout ce qui touche, de près ou de loin, à Israël. Mais voilà que tous les verrous sont apparus au grand jour, assortis de menaces explicites telles que celle, hier matin, sur la chaîne Cnews. Une invitée de l'émission «Pascal-Pro», affichant sa confession comme un étendard, n'a pas hésité à «gifler» les deux débatteurs qui regrettaient, avec beaucoup de précaution pourtant mais de manière raisonnée, le fait que 16 morts palestiniens n'ont produit qu'un misérable écho dans la presse française alors que, «s'il y avait eu 16 morts israéliens», de surcroît des adolescents, on imagine le cataclysme médiatique. «Que croyez-vous qu'il arrivât», pour parodier Voltaire? Ladite présidente d'une association versée dans l'autisme a flagellé les vis-à-vis, avec un surprenant: «Ah, vous imaginez les conséquences de vos propos dans les banlieues» et «tout ce que vous donnez comme justifications à tous les potentiels candidats du terrorisme islamiste». Il y avait de quoi rester coi! C'est dans ce marécage international que le peuple palestinien patauge, ne pouvant même plus compter sur la solidarité de certains pays arabes qui ont opéré un virage jusqu'à sceller des «pactes» avec Netanyahu,. Et ce ne sont pas les propos acerbes du président turc Erdogan, membre de l'Otan, qui peuvent mettre du baume au coeur des Palestiniens. L'invitée de Cnews qui lutte contre l'autisme assume une noble mission, clairement desservie avec un discours à la Manuel Valls, prouvant qu'elle est victime, elle aussi, d'un autisme...politique. Trouver des justifications au tir à balles réelles sur des adolescents manifestant pacifiquement, même «sur ordre du Hamas», c'est partager les actes fascistes d'un Netanyahu, sûr de lui et dominateur avec ses propres «amis». Barack Obama en sait quelque chose, lui qui a eu maille à partir avec le Congrès américain qui a reçu le Premier ministre sioniste rien que pour l'humilier. Quant à Jimmy Carter, on sait ce qu'il lui est advenu avec la parution de son livre sur le calvaire du peuple palestinien «soumis à l'apartheid». Jamais, la question palestinienne n'a été autant plongée dans un tel «interdit médiatique». Que la majorité des médias soit à la botte de l'Etat hébreu et de ses innombrables relais à travers le monde, personne n'a le moindre doute là-dessus et le regretté Pierre Desproges aurait pu en témoigner avec l'humour qu'on ne lui a pas reconnu, parce que... Les zélotes du sionisme mondial n'ont jamais été aussi contraignants que depuis que la politique de colonisation forcenée des territoires occupés est conduite par Israël afin de mettre la communauté internationale devant le fait accompli. Grâce à des individus comme Manuel Valls, la moindre critique antisioniste est assimilée à de l'antisémitisme et c'est même devenu l'approche officielle de l'Etat français. C'est ce qui explique l'extrême prudence, et souvent la résignation, d'un grand nombre de confrères qui connaissent le prix à payer dès lors qu'ils s'aventureraient à une critique d'Israël ou du gouvernement Netanyahu. Pascal Boniface, fondateur de l'Institut des relations internationales et stratégiques, avait publié un livre en 2003, «Est-t-il permis de critiquer Israël?» qui lui a valu les foudres des lobbies sionistes. Il a subi le sort réservé à tous ceux qui s'aventurent à tenter une parole libre. Vendredi 30 mars, donc, il y eut 16 jeunes Palestiniens froidement assassinés par l'armée sioniste qui en a reçu l'ordre de Netanyahu lui-même, celui-ci lui adressant le lendemain un remarquable «Bravo!». Passons sur les prouesses des équilibristes médiatiques qui ont unanimement placé sur un pied d'égalité tueurs et victimes, les plus «sages» se contentant d'évoquer des «tensions à Ghaza». Le contraire aurait été surprenant et cela s'inscrit dans la logique du contexte international depuis la chute du nazisme, avec une culpabilité expiatoire des peuples européens. Que les discours soient orientés jusqu'à la démesure n'a d'égal que l'impuissance des instances onusiennes à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité sur le statut d'El Qods, de la Cisjordanie et de Ghaza et ce, depuis 1967, en dépit des prétendus «accords de paix» d'Oslo ou de Camp David. Non seulement, les territoires sont toujours occupés, mais la colonisation israélienne y progresse chaque jour, rendant «caduque» la création d'un Etat palestinien. Les prisons d'Israël sont remplies de 5000 jeunes Palestiniens, tandis que, dans divers pays, les réfugiés se comptent par millions. Toutes ces réalités sont occultées et quiconque veut en témoigner ne peut le faire qu'à ses risques et périls! Reste que Netanyahu n'a pas en Israël cette aura prudente des pays occidentaux. Des médias, des associations et des journalistes y tentent de briser le mur de la honte. Dimanche dernier, des centaines de militants du parti communiste Hadash, du parti d'extrême gauche Meretz et d'associations comme «La Paix maintenant» et «Breaking The Silence», ont manifesté devant le siège du Likoud pour dénoncer l'«agression» de l'armée contre les Palestiniens de Ghaza. Ils ont réclamé la «fin de l'occupation» ainsi que la «levée immédiate du blocus», scandant «Deux peuples, un espoir». «La Paix maintenant» a condamné «la gâchette facile» des soldats israéliens «instruits par le gouvernement» et la première responsable du Meretz a soutenu la demande du SG de l'ONU qui exige une «commission d'enquête indépendante», rejetée par Netanyahu. Comme pour narguer le monde entier, celui-ci a appelé l'armée à «durcir son action» lors des manifestations prévues pour quelques jours encore, au nom du «Droit au retour» des réfugiés palestiniens...