Depuis quelques jours, le paysage audiovisuel français est en train de vivre une crise «politique» sans précédent. En effet, les déclarations du président de Vivendi Universal, Jean-Pierre Messier, sur la mort de l'exception culturelle française, continue de susciter l'indignation et la désapprobation des professionnels du cinéma français, mais aussi d'une grande partie de la classe politique française. Ces déclarations interviennent au moment où le P-DG de Canal+, M.Pierre Lescure annonçait son intention de se désengager du cinéma français, indiquant que la chaîne cryptée «ne veut plus être la seule vache à lait du cinéma». Canal +, propriété de Vivendi Universal, a versé en l'an 2001 environ 2 milliards de francs (305 millions d'euros) pour financer des projets de films, à travers son studio Canal et sa production européenne. Pour les responsables de Canal+ et leur P-DG, Pierre Lescure, les recettes des films français sont inférieures au coût de leur financement, ce qui les a conduits à revoir leur politique envers le cinéma français. Pierre Lescure, qui a déclaré lors d'une conférence de presse organisée jeudi matin, à la hâte, que les propos de J2M (Jean-Marie Messier) avaient été mal interprétés, rassure en disant que «la globalisation peut être source de création». Canal+, qui a toujours été d'un apport important pour le cinéma français, a revu sa stratégie après l'échec de certains films sur le marché. Mais le plus important pour Canal+, c'est d'arriver à toucher le marché européen ou encore le marché américain. La dimension de Vivendi Universal propriétaire de Canal+ ne permet pas de rester toujours ancrée dans l'Hexagone. D'où la nécessité de réaliser parfois des films proches des méthodes hollywoodiennes tels que le Pacte des loups, Vidocq ou encore Taxi¸ Yamokasi et Le cinquième élément. Des films français ayant cartonné au box-office français tels que Les visiteurs, Le dîner de cons ou encore La vérité si je mens n'ont malheureusement pas fait leurs preuves aux Etats-Unis où l'image de marque de Vivendi Universal est très importante. Le seul film financé entièrement par le studio Canal+, reste Star Gate, un film de science-fiction mettant en vedette Kurt Russel. Si le débat aujourd'hui sur l'exception culturelle refait encore surface, il avait été lancé au début des années 90, quand le cinéma américain dominait le marché cinématographique français. Le film de Steven Spielberg Jurassic Park avait, à l'époque, provoqué une polémique quand les distributeurs avaient réussi à décrocher 1000 salles pour la projection du film dans l'Hexagone, alors que des films français avaient un mal fou à trouver un espace de diffusion. Aujourd'hui, avec ce désengagement, les professionnels du cinéma se sentent plus que jamais abandonnés et orphelins. Le producteur et distributeur, Martin Karnitz (M.K2), a déclaré à ce propos: «C'est en prenant le contrôle de Canal+ que Jean-Marie Messier a pu développer ses activités audiovisuelles, il est inadmissible aujourd'hui de cracher dans la soupe et de mettre en péril le système de production qui permet, par ailleurs, à une bonne partie du cinéma mondial d'exister».