Le décor est planté. Le scénario est cadré et le suspense entretenu sur le conflit qui regroupe le gouvernement algérien et le groupe Orascom de l'Egyptien Naguib Sawiris. Vendredi, le quotidien français, la Tribune, a rapporté que le groupe Vivendi, spécialisé dans la communication et le divertissement, veut racheter la société de droit algérien Orascom/Telecom Algérie, dans le cadre d'une alliance avec le groupe algérien Cevital. L'épisode de la vente en catimini des cimenteries publiques par Sawiris au français Lafarge- a aguerri les responsables algériens- qui, cette fois, ne vont rien lâcher à l'Egyptien, en veillant sur le mode procédural d'une probable cession, apprend-on. Pour le moment, Sawiris veut monter les enchères. En effet, il a démenti -dans une interview publié jeudi à la Tribune- (quotidien économique français, ndlr) toute intention de quitter l'Algérie en vendant Orascom Telecom Algérie, qui commercialise ses services de téléphonie mobile sous la marque Djezzy, soulignant que Vivendi avait déjà manifesté son intérêt. Dans la foulée, il dira qu'il veut renforcer son groupe en Europe, manifestant, dans le même entretien, son intérêt pour Bouygues Telecom, tout en précisant ne pas mener de discussions avec celui-ci. Effectivement, Djezzy est une affaire en or. Son chiffre d'affaires est supérieur à 2 milliards de dollars, avec un bénéfice net de 580 millions de dollars en 2008 et une marge d'Ebidta supérieure à 65% pour des investissements annuels inférieurs à 200 millions de dollars. Mais Djezzy c'est aussi une compagnie mal aimée par les Algériens. Les campagnes de boycott se poursuivent partout en Algérie. La gestion opportuniste de l'opérateur -a également collaboré à sa déconsidération par les clients -comme par les responsables algériens. En septembre, l'agence américaine de notation Standard & Poor's (S&P) a annoncé qu'elle plaçait Orascom Télécom Holding sous surveillance négative. Filiale de McGraw-Hill qui publie des analyses financières sur des actions et des obligations, S&P est l'une des trois principales sociétés de notation financière avec ses concurrents Moody's et Fitch Ratings. La mise sous surveillance négative est utilisée par les agences de notations pour indiquer que la dette de la société est sous surveillance et que sa note pourrait changer. Standard & Poor's explique cette mise sous surveillance par les difficultés rencontrées par OTH dans le rapatriement de ses dividendes à partir de l'Algérie. Si Sawiris perd l'Algérie, le holding se désagrégera de lui-même, rapportent des économistes. En tous les cas de figures, Naguib Sawiris, chercherait à vendre sa filiale en Algérie où ses relations avec le gouvernement se sont tendues depuis la cession en 2008 des deux cimenteries algériennes au français Lafarge, lors de transactions douteuses. D'après le journaliste de la Tribune, c'est un membre du conseil d'administration du premier Groupe européen de médias et de divertissement, Mehdi Dazi, d'origine algérienne- qui a rencontré samedi dernier à Alger Issad Rebrab-, patron du Groupe privé algérien qui détient 3% d'Orascom Telecom Algérie. Le journaliste français explique, par ailleurs, que «personne n'était immédiatement disponible chez Vivendi pour commenter l'information ». Eclairage Vivendi est un Groupe spécialisé dans la communication et le divertissement. Cotée à Paris, son action appartient à l'indice CAC 40. Ses principales activités sont la téléphonie et Internet (SFR et Maroc Telecom), l'édition et la distribution musicales (Universal Music Group), la télévision, le cinéma (Groupe Canal+ et NBCU) ainsi que l'édition et la distribution de jeux vidéo (Activision Blizzard). À l'origine, spécialisé dans les services aux collectivités territoriales (eau, transport et environnement) sous le nom de Compagnie Générale des Eaux (parfois abrégé en Générale des Eaux ou en CGE), le Groupe s'est peu à peu renforcé, à la fin des années 1990, dans les nouvelles technologies sous la présidence de Jean-Marie Messier. Après avoir connu d'énormes difficultés entre 2002 et 2004, le Groupe, rebaptisé Vivendi Universal en 2000 puis Vivendi en 2006, s'est redressé et a repris les opérations de croissance externe pour renforcer ses positions et devenir leader mondial de la communication et du divertissement. Vivendi est aujourd'hui l'un des principaux fournisseurs de contenus en Europe. Vivendi se porte bien, selon les médias. Selon l'agence ‘Bloomberg', General Electric serait désormais favorable à une introduction en Bourse des 20% détenus par Vivendi dans le capital des studios de cinéma NBC Universal. Le groupe américain envisagerait cette porte de sortie après avoir échoué à trouver un accord avec Vivendi sur le prix de ces titres.