L'incendie pourrait être lié directement, selon des sources sécuritaires, au détournement de milliers de tonnes de poudre de lait. Au moment où l'incendie qui a ravagé le mercredi de la semaine écoulée, les docks d'entreposage de la poudre de lait, est déclaré comme accident occasionné par un court-circuit, des sources sécuritaires mettent en avant la thèse de l'acte criminel. Une thèse fortement soutenue, au vu de l'information engagée, sur le dossier de la contrebande de ce produit vers la Tunisie. Selon les mêmes sources, l'incendie pourrait être lié directement au détournement de milliers de tonnes de poudre de lait. Nos sources ont fait état, et selon les premiers éléments de l'enquête, que d'importantes quantités de poudre de lait sont acheminées frauduleusement vers la Tunisie, depuis deux passages frontaliers avec ce pays voisin, les communes de Bougous et Ramel Essouk, dans la wilaya d'El Tarf. Outre le phénomène de la contrebande qui vient toucher ce produit de base, c'est le détournement de quantités de poudre de lait, utilisées comme matière première, par les unités de transformation de produits qui ne sont pas subventionnés, tels que les yaourts et les fromages, nous explique-t-on. Un fait qui interpelle l'esprit à plus d'un égard, pour comprendre les dessous de ce sinistre qui ne sera pas sans conséquences sur le Trésor public, notamment en cette période où le prix de la poudre de lait s'affiche à la hausse sur le marché international. Contacté au téléphone par nos soins, un responsable de l'Union générale des commerçants et artisans de la wilaya d'El Tarf, préférant s'exprimer sous le sceau de l'anonymat dira: «La poudre de lait subventionnée par l'Etat, ne va pas dans sa globalité à la production du lait en sachet.» Selon notre interlocuteur, il y a plusieurs facteurs à l'origine de la pénurie de lait. «Outre le détournement de la matière première, vers la production d'autres produits, yaourts et fromages entre autres, elle est aussi le produit de base pour le lait conditionné dans les boîtes en carton». Selon les révélations de notre interlocuteur, la pénurie est aussi orchestrée, pour obliger le consommateur à se rabattre sur le lait des boîtes en carton. «En dépit de la mauvaise qualité du lait en sachet, par rapport au lait conditionné dans des boîtes en carton, il demeure néanmoins que le lait en sachet reste l'aliment de base des familles aux revenus modestes», explique-t-il, tout en déplorant que cette situation reste fortement pénalisante pour les petites bourses, qui se voient dans l'obligation de se rabattre sur le lait conditionné dans les boîtes en carton qui coûte 100 DA le litre. Il faut dire que malgré les assurances quant à un approvisionnement régulier du lait en sachet, la pénurie dure depuis plusieurs semaines. Une pénurie qui touche pratiquement toutes les wilayas de l'Est, y compris celles qui ont des usines de conditionnement de lait en sachet, telle Annaba où le lait conditionné dans le sachet coûte 30 DA au lieu de 25 DA. C'est dire que ce n'est pas l'incendie survenu dans l'entreprise Frigomedit, qui est initialement à l'origine de la crise ou la pénurie du lait dans plusieurs wilayas de l'Est du pays. Pour rappel, ce sont au total, 3500 tonnes de lait en poudre stockées dans un entrepôt frigorifique appartenant à l'entreprise publique Frigomedit, dont la direction régionale se trouve à Skikda, qui ont été la proie des flammes, lors d'un incendie survenu, dans la nuit de mardi à mercredi derniers, à Chebaïta Mokhtar dans la daïra de Dréan wilaya d'El Tarf. Signalons que les éléments de la Protection civile d'El Tarf sont intervenus aux environs de 1h30mn du matin, pour tenter d'éteindre l'incendie qui s'est déclaré au niveau de cet entrepôt frigorifique. Sis la cité Salami Tahar, le dock comportait six chambres d'une capacité globale de stockage de 15.000 m3, et renfermait dans le cadre d'une prestation de service, une marchandise appartenant à l'Office national interprofessionnel du lait et des produits laitiers (Onil). Les flammes se sont propagées rapidement en raison de la nature des matériaux inflammables (polyester) composant la toiture et les murs de l'entrepôt, partis totalement fumée. Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons exactes de l'incendie, lesquelles demeurent jusqu'à la mise sous presse indéterminées.