A travers ce réaménagement, le président de la République a voulu répondre aux «jacasseries» politiques et sociales qui échauffent la scène nationale depuis quelques semaines. Pourquoi le président Abdelaziz Boutefika a-t-il opéré un mini-remaniement dans le gouvernement Ouyahia? Cette question taraude plus d'un esprit après l'annonce de la liste des quatre ministères qui ont changé de main. La raison? Le lifting opéré n'apporte pas un réel changement. A première vue, la modification ne paraît donc pas nécessaire ni urgente. Sauf si la démarche a une toute autre portée. Et il semble bien que ce soit le cas. Via ce remaniement, le président de la République a voulu répondre aux «jacasseries» politiques et sociales qui échauffent la scène nationale depuis quelques semaines. Le chef de l'Etat a voulu passer un message sibyllin qui clôt le débat sur plusieurs questions. La première question et qui paraît la plus importante est celle du maintien de la politique ferme du gouvernement par rapport aux revendications exprimées par les syndicats en cette période de crise économique. En renouvelant sa confiance en la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, et le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, Abdelaziz Bouteflika confirme ainsi le total accord et approbation de l'Etat de la politique menée par les deux membres du gouvernement dans la gestion des mouvements de grève qui secouent les deux secteurs. Autrement dit, les décisions prises concernant le dossier des grèves ne sont pas celles des ministres, mais s'intègrent à la politique générale menée par le gouvernement Ouyahia sous le parrainage du président Bouteflika. Une politique de rigueur qui vise, pour l'heure, à réduire les dépenses de l'Etat afin de réussir l'investissement permettant de diversifier l'économie nationale et lui assurer un nouvel envol, loin de l'emprise de la manne des hydrocarbures. L'autre message du premier magistrat du pays est sûrement son intention d'apporter un démenti formel à toutes les rumeurs liées au départ de Ahmed Ouyahia. Avec ce léger lifting du gouvernement, le président a exprimé son appui à Ouyahia dans son rôle de Premier ministre qui a fait ses preuves comme homme d'Etat et qui a montré sa loyauté et son efficacité. Le maintien de Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement est également une confirmation du maintien du cap de la politique actuelle du pays. Ahmed Ouyahia qui a été déjà trois fois à la tête du gouvernement (en 1995, 2003 et 2008) a été jugé comme étant l'homme de la situation pour gérer une situation de crise économique. La mission difficile de ce commis de l'Etat n'est toujours pas terminée et la confiance que lui renouvelle le président confirme que ce dernier mène à bien la tâche assignée. Reste maintenant à revenir sur les changements opérés concernant les ministères du Tourisme, des Sports et celui des Relations avec le Parlement. Ces modifications vont sûrement permettre d'apporter un nouveau souffle aux départements concernés, notamment le tourisme et les sports. La nomination du wali de Tissemsilt, Abdelkader Benmessaoud, originaire de Tamanrasset à la tête du ministère du Tourisme et de l'Artisanat en remplacement de Hacène Mermouri, originaire de Djanet, fait que le secteur du Tourisme reste entre les mains des habitants du Grand Sud. Ces derniers sont les mieux placés pour promouvoir le secteur et mettre en avant les atouts de l'Algérie en la matière. Sans oublier que la nomination de ministres originaires de cette région appuie l'équilibre régional. Le remplacement de El Hadi Ould Ali semble viser le retour à la sérénité dans le secteur des sports. En plus, le choix de Mohamed Hattab, wali de Béjaïa à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, n'est pas inopportun puisque ce dernier, un passionné de football, a toujours été très proche de ce secteur. La remise en selle de Mahdjoub Bedda, ancien ministre de l'Industrie, comme ministre des Relations avec le Parlement, en remplacement de Tahar Khaoua, ne va pas casser la dynamique existante et pourrait même la booster en raison de l'expérience acquise par le nouveau ministre lorsqu'il était président de la Commission finances à la chambre basse du Parlement. Ainsi donc et à bien voir, les trois nouvelles nominations opérées par le chef de l'Etat vont permettre un changement dans la continuité. Ce sera le cas aussi pour le ministère du Commerce dont le nouveau ministre, un ex-directeur général du commerce extérieur, Saïd Djellab, a, dès la prise de ses fonctions, affiché sa volonté de maintenir le cap des restrictions sur les importations. Cependant, le remplacement de Mohamed Benmeradi paraît surprenant au moment où la balance commerciale du pays vient précisément de retrouver pour la première fois depuis plus de 3 ans une situation de quasi équilibre. Quelles sont les véritables raisons de ce «dégommage»? Si les réponses ne sont pas encore révélées, il est possible que l'ensemble de ce mini-remaniement ait été provoqué pour faire passer en premier les messages du président, mais aussi pour le remplacement du ministre du Commerce. Autrement dit, les modifications opérées dans les trois autres ministères, qui sont peut être indispensables, mais pas urgentes, ne l'ont, peut-être, été que pour servir comme saupoudrage au seul changement visé. Bio express des quatre ministres Mohamed Hattab, ministre de la Jeunesse et des Sports Il a occupé le poste de wali de Béjaïa depuis décembre 2016, après avoir exercé plusieurs fonctions dans le secteur des collectivités locales, notamment celle de secrétaire général des wilayas d'Alger et de Sétif, et de wali de Sidi Bel Abbès. Né le 29 octobre 1964 à Bordj Menaïel, wilaya de Boumerdès, Hattab, diplômé de l'Ecole nationale d'administration ENA, a également occupé plusieurs autres fonctions, à savoir chef de daïra de Gouraya, wilaya de Tipasa et de Azzaba, wilaya de Skikda, ainsi que celle de wali délégué d'El-Harrach, Alger. Saïd Djellab, ministre du Commerce Il occupait, avant cette nomination, le poste de directeur général du commerce extérieur au même département. Né le 6 mai 1964 à Aïn-Témouchent, Djellab est titulaire d'un magister en agro-économie. Il était en charge de plusieurs autres fonctions au sein du ministère, dont celui de directeur du suivi des accords commerciaux régionaux et de la coopération, de directeur des échanges commerciaux et des manifestations économiques, et de directeur de l'évaluation et de la réglementation du commerce extérieur. Il a été aussi chef négociateur représentant l'Algérie aux négociations pour la création de la Zone de libre- échange continentale africaine et coordonnateur du groupe interministériel chargé du suivi de l'Accord commercial préférentiel avec la Tunisie. Il a été également membre négociateur de l'Unité centrale de coordination des négociations pour l'accession de l'Algérie à l'OMC et membre négociateur de l'Accord d'association avec l'Union européenne. Il a assumé d'autres fonctions en tant qu'enseignant universitaire entre 2002 et 2016 en Algérie et enseignant visiteur à l'Institut agronomique méditerranéen de Montpellier, en France. Abdelkader Benmessaoud, ministre du Tourisme et de l'Artisanat Licencié en sciences politiques et relations internationales en 1991, Benmessaoud était wali de Tissemsilt, après avoir occupé le poste d'attaché de cabinet auprès de la chefferie du gouvernement en 1993 et celui de secrétaire général de la wilaya de Saïda en 2010. En 2013, il est nommé wali délégué de la circonscription administrative de Sidi M'hamed, Alger. Mahdjoub Bedda, ministre chargé des Relations avec le Parlement Ancien ministre de l'Industrie et des Mines, de mai à août 2017, Bedda est originaire de Médéa, il est docteur en économie et a occupé plusieurs postes de responsabilité dont celui de président de la Commission des finances et du budget à l'Assemblée populaire nationale, APN.