Les ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite, contribuent directement au pourrissement de la guerre au Yémen en sus des centaines de victimes civiles Dans une étude publiée hier, l'Observatoire des armements (Obsarm) et la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh) évoquent «une quinzaine d'indices de présence d'armes françaises qui seraient actuellement utilisées par la coalition militaire arabe dirigée par l'Arabie saoudite» au Yémen. Plusieurs ONG ont de nouveau interpellé hier le président Emmanuel Macron au sujet des ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite soupçonnées d'être utilisées au Yémen, à l'occasion de la visite à Paris du prince héritier Mohammed ben Salmane. D'autres organisations ont profité de ce déplacement pour dénoncer les multiples violations des droits de l'homme et de la presse dont elles accusent le royaume wahhabite. Dans une étude rendue publique lundi, l'Observatoire des armements (Obsarm) et la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh) évoquent «une quinzaine d'indices de présence d'armes françaises qui seraient actuellement utilisées par la coalition militaire arabe dirigée par l'Arabie saoudite» au Yémen. «Les prises de commandes de l'Arabie Saoudite ont explosé les deux années ayant précédé le conflit: 1,9 milliard d'euros en 2013 et 3,6 milliards en 2014 alors qu'elles se situaient habituellement autour de 600 à 800 millions d'euros», souligne ce rapport. «Cette situation se traduit logiquement par une hausse des livraisons françaises quelques années plus tard (644 millions en 2014, 900 millions d'euros en 2015, un milliard en 2016), alors que le conflit au Yémen bat son plein et que les Nations unies ont mis en évidence la mort de milliers de civils dans des bombardements de la coalition», poursuivent ses auteurs. Le conflit yéménite oppose des forces progouvernementales, appuyées notamment par les Saoudiens et les Emiratis, aux rebelles Houthis qui contrôlent la capitale Sanaa. Cette guerre a fait près de 10.000 morts depuis 2015, dont de nombreux civils, et provoqué ce que l'ONU qualifie de «pire crise humanitaire du monde». «La France bafoue le Traité international sur le commerce des armes pour mener ses petites affaires avec l'Arabie saoudite», s'indigne également l'ONG internationale SumOfUS, dans un communiqué diffusé hier. A l'instar d'un député de la majorité présidentielle, Sébastien Nadot, de nombreuses ONG réclament aujourd'hui une enquête parlementaire sur les livraisons d'armes françaises à Riyadh, ainsi que le renforcement du contrôle du Parlement sur les exportations d'armements. Selon les services du Premier ministre français, «le dispositif de surveillance autour de la question du Yémen (...) a été fortement renforcé ces derniers mois» et les décisions d'exportation d'armes sont prises «dans le strict respect des engagements internationaux de la France». D'autres ONG ont profité de la visite de Mohammed ben Salmane en France pour interpeller le royaume saoudien sur la question des droits de l'homme, au moment où le prince héritier de cette monarchie absolue, régie par une version très stricte de l'islam, cultive une image de modernité. «L'Arabie saoudite reste l'un des pires pays au monde sur le plan des droits de l'homme», fait valoir Aurélie Perrier, d'Amnesty international. «Nous espérons que le président Macron va mettre la pression sur Mohammed ben Salmane pour obtenir des avancées». «En Arabie saoudite, malgré les signes d'ouverture'', les journalistes croupissent en prison où ils subissent la torture», souligne de son côté Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF), réclamant la libération du blogueur saoudien Raif Badawi, condamné en 2014 pour «insulte à l'islam» à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet.