Plus d'un tiers de ces attaques ont frappé des cibles a priori non militaires, comme des marchés et des habitations, selon le Yemen Data Project, qui recense les frappes aériennes de la coalition dite arabe, sous commandement saoudien et émirati. Dix ONG humanitaires et de défense des droits humains ont appelé hier le président français Emmanuel Macron à demander un arrêt des frappes au Yémen au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, attendu prochainement en France. "Emmanuel Macron devrait placer le Yémen au cœur de ses discussions avec Mohammed ben Salmane lorsqu'il le reçoit en France", estiment les ONG, dont Amnesty International France, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et Human Rights Watch (HRW). Elles demandent "la fin des bombardements ciblant des civils et le respect du droit humanitaire international" ainsi que "la levée inconditionnelle et permanente de toutes les entraves à l'acheminement de l'aide humanitaire et des biens commerciaux au Yémen". D'après Jean-Etienne Linares, délégué général de l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), "l'intervention militaire de la coalition menée par l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis au Yémen a un impact dévastateur sur la population civile", lit-on sur le site de HRW. Ce pourquoi "il est urgent que la France cesse les transferts d'armes françaises vers ces deux pays, au vu des traités internationaux que le pays a ratifiés", a-t-il insisté. "À l'heure où la France réaffirme dans sa stratégie humanitaire l'impérieuse nécessité de respecter le droit international humanitaire, celle-ci ne doit pas être à géométrie variable et doit également s'appliquer pour le Yémen", a déclaré Jean-François Corty, directeur des opérations internationales de Médecins du Monde, une des dix ONG signataires du texte demandant à M. Macron de peser de tout son poids pour mettre fin à la tragédie qui se déroule sous nos yeux au Yémen. Aussi "en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, elle (la France) devrait faire le maximum pour exiger de l'Arabie Saoudite qu'elle respecte ses obligations internationales (...)", ajoutent les ONG. Dans le communiqué publié sur le site de Human Rights Watch, citant le "Yemen Data Project (YDP), qui recense les frappes aériennes de la coalition, le Yémen a subi plus de 16 000 raids aériens depuis mars 2015 – l'équivalent d'un bombardement toutes les 90 minutes". Selon le YDP, "plus d'un tiers de ces attaques ont frappé des cibles a priori non militaires, comme des marchés et des habitations", soulignant que "depuis 3 ans, 6100 civils ont été tués et 9 683 blessés, selon le Haut-Commissariat aux droits de l'homme. 61% de ces pertes civiles sont imputables à la coalition. Et la quasi-totalité du reste aux tirs d'artillerie indiscriminés et tirs de snipers des houthis dans des zones densément peuplées". Selon les Nations unies, la crise humanitaire actuellement que vit le Yémen est la pire dans le monde avec 22,2 millions de personnes qui dépendent de l'aide humanitaire, alors que la famine, le choléra et la diphtérie menacent la population. L. M./Agences