L'ambassadeur russe au Liban a affirmé que les missiles américains seront abattus Il faut dire que les bruits de bottes sont allés crescendo depuis quarante-huit heures, après que «la Russie a bloqué la résolution du Conseil de sécurité» de l'ONU tandis que «l'ONU a rejeté la résolution russe», pour reprendre les peu sérieux commentaires de certaines chaînes de télévisions... Aujourd'hui, Moscou va déployer sa police militaire à Douma. Avertissant hier la Russie de frappes imminentes contre la Syrie, peu après que celle-ci eut prévenu, une nouvelle fois, contre tout acte de nature «à déstabiliser la situation déjà fragile dans la région», le président américain a tweeté, comme à son habitude, pour clamer que «la Russie jure d'abattre n'importe quel missile sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête car ils arrivent, beaux, nouveaux et intelligents». Réagissant à un regain de tensions extrême qui plonge le Moyen-Orient dans un état d'alerte maximal, la Turquie, un acteur important du conflit dans la région, a exhorté hier son partenaire russe et son allié américain à cesser leur «bagarre de rue» autour du bras de fer sur les frappes visant le régime syrien. «L'un dit 'J'ai de meilleurs missiles'', l'autre dit 'Non, c'est moi qui ai de meilleurs missiles. Allez, chiche, envoie-les! ' (...) C'est une bagarre de rue, ils se bagarrent comme des caïds», a constaté le Premier ministre Binali Yildirim dans un discours à Istanbul. «Et qui en paie le prix? (...) Les civils» a-t-il ajouté, signe de l'inquiétude grandissante à Ankara. Il faut dire que les bruits de bottes sont allés crescendo depuis quarante-huit heures, après que «la Russie a bloqué la résolution du Conseil de sécurité» de l'ONU tandis que «l'ONU a rejeté la résolution russe» pour reprendre le peu sérieux commentaire de certaines chaînes de télévision françaises, très à cheval sur la déclaration du président Emmanuel Macron qui tient à préciser que les frappes de son pays vont cibler des infrastructures du régime syrien et en aucun cas ses alliés. On l'aura compris, le clin d'oeil s'adresse d'abord à Moscou puis, à un degré moindre, à Téhéran, avec lesquels il y a forcément quelques intérêts à préserver dans un avenir plus ou moins immédiat. Unanimes, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont proclamé leur «certitude» quant à l'implication de la Syrie dans l'attaque chimique présumée de la Ghouta orientale, sans plus attendre une quelconque enquête et en rejetant celle de l'Organisation internationale contre les armes chimiques (Oiac) comme l'a réclamée le secrétaire général de l'ONU et acceptée le gouvernement syrien. Résolus à se servir du prétexte, les trois pays ont accentué leur concertation en vue de ces frappes dont l'imminence est crédibilisée par plusieurs facteurs. D'abord, le tweet évoqué du président américain, la déclaration du président Macron et l'avertissement de Eurocontrol, une agence européenne chargée de la sécurité de la navigation aérienne qui a demandé aux compagnies de l'UE de redoubler de vigilance dans la partie Est de la Méditerranée, c'est-à-dire la région tout autour de la Syrie. Moscou n'a pas cessé de son côté d'avertir qu'une telle attaque «devrait cibler les «terroristes» et non «le gouvernement légitime» de la Syrie. En vain, car le contexte est tel que le président américain Donald Trump, plus d'un an après son élection controversée à cause de l'affaire des soupçons d'ingérence russe dans la campagne présidentielle au détriment de sa rivale Hillary Clinton, a cruellement besoin de faire toute la preuve de sa liberté de manoeuvre vis-à-vis de Moscou. Plus encore, il est enclin à verser dans la surenchère en portant le défi à des niveaux jamais égalés, même au temps de la Guerre froide et il n'a pas hésité à s'en vanter pas plus tard que la semaine dernière. «Voyez, a-t-il tenu à tonner urbi et orbi, jamais les relations avec la Russie n'ont été aussi mal que depuis mon élection»! Sauf qu'à ce jeu de la barbichette, on sait où le danger commence, mais on ne peut savoir où il risque de finir. Coincée entre le lien traditionnel avec les Etats-Unis, dans le cadre atlantique, malgré des rapports de plus en plus tendus ces deux dernières années, et la relation aussi fraîche que chaleureuse avec la Russie dans le cadre d'un partenariat qui transcende le différend sur le régime syrien, la Turquie est indiscutablement alarmée par la tournure des évènements. Déplorant le fait que les superpuissances sont sur le point d'en venir aux mains, le Premier ministre turc a prôné «une responsabilité» accrue des pays membres du Conseil de sécurité. «C'est le moment de mettre de côté la bagarre pour savoir qui est le plus fort» a-t-il crié en pensant sans doute à une aggravation de la situation alors que le pays accueille plus de trois millions de réfugiés syriens et qu'il redoute par-dessus tout la montée en puissance des mouvements kurdes des YPG plus ou moins liés au Parti des travailleurs du Kurdistan. Le fait que la Turquie du président Erdogan soit en train de prendre de plus en plus ses distances vis-à-vis de ses alliés de l'Otan dont elle a été et reste la deuxième force en Europe est significatif des enjeux et des mutations qui affectent la sphère internationale au point de susciter une vive inquiétude des puissants lobbies cachés derrière les dynamiques occidentales, en particulier le lobby sioniste dont l'objectif est de contraindre l'Iran à travers la Syrie. Nouvelle réaction de la Russie hier, la déclaration de la porte-parole du MAE Maria Zakharova juste après le tweet de Donald Trump sur les frappes prochaines, enfonce le clou d'une initiative qui vise à «effacer les traces des provocations» du groupe terroriste Jaïch al Islam à Douma. «L'idée serait-elle d'effacer rapidement les traces de provocations par des frappes de missiles intelligents, et les inspecteurs n'auront plus rien à trouver en termes de preuves», s'est interrogée sur Facebook Maria Zakharova alors qu'on apprenait que des navires de guerre chinois ont reçu l'ordre de rallier la marine russe en Méditerranée en cas d'attaque contre la Syrie. Jamais, depuis plusieurs décennies, le monde n'aura été aussi prêt d'une conflagration qui risque de plonger l'humanité dans un immense désastre et le pire c'est que ce sera au nom d'une prétendue «légalité internationale» dont on a vu maintes fois comment elle est foulée aux pieds tant au Moyen-Orient que dans d'autres régions du monde... L'OMS exige un accès aux victimes d'une attaque chimique présumée à Douma L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a «exigé» hier d'avoir accès «immédiatement» aux victimes d'une attaque chimique présumée à Douma en Syrie, a déclaré Peter Salama, chef des réponses d'urgence au sein de l'agence de l'ONU. «L'OMS exige un accès immédiat et sans restriction à la zone pour soigner les personnes touchées, pour évaluer l'impact sur la santé et pour fournir une réponse complète de santé publique», a déclaré Peter Salama, chef des réponses d'urgence au sein de l'agence de l'ONU, dans un communiqué. Citant des informations publiées par des organisations sanitaires locales à Douma (est de Damas), l'OMS a indiqué qu' «environ 500 patients présentaient des signes et des symptômes cohérents avec une exposition à des produits chimiques toxiques». «Il y avait des signes d'irritation grave des muqueuses, de problèmes respiratoires et de troubles du système nerveux chez les personnes exposées», selon le communiqué. L'OMS a livré à des cliniques des médicaments capables de traiter certains types d'agents chimiques, via des convois humanitaires déployés en Syrie au cours des dernières années. Le Conseil de sécurité de l'ONU a rejeté mardi, faute de voix suffisantes, un projet de résolution présenté par la Russie qui visait à soutenir une enquête à Douma en Syrie de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (Oiac). Basée à La Haye, l'Oiac a indiqué mardi qu'elle allait envoyer «sous peu» des enquêteurs à Douma, près de Damas. Ils doivent arriver «en fin de semaine», a assuré à l'ONU l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia. «S'ils n'y arrivent pas», cela voudra dire qu'il y a «des jeux géopolitiques méprisables» et «des plans militaires agressifs», a-t-il ajouté.