L'envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental a été conforté dans sa démarche à l'issue de son entretien avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. La question sahraouie continue de faire l'actualité. Après les écrits provocateurs signés par le souverain marocain, contenus dans un message adressé au secrétaire général de l'ONU, elle revient sur le devant de la scène. Pas dans le même ton. Le traitement qui lui est réservé a fait baisser d'une octave la partition guerrière que lui a inoculée Mohammed VI. Il fallait bien recentrer les débats pour que le dossier sahraoui retrouve le cadre qui lui sied: celui de la légalité internationale. La visite effectuée par l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental, en Russie, a réajusté le tir du monarque alaouite. Son entrevue avec le chef de la diplomatie russe sanctionnée par un communiqué est sans bavures. La Russie a exprimé son soutien aux démarches de médiation de l'ONU visant à régler le conflit du Sahara occidental, soulignant qu'il n'y a pas d'alternative à une solution politique basée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. La Russie «soutient les efforts de médiation du secrétaire général de l'ONU et de son envoyé personnel, ainsi que de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) qui apporterait une contribution essentielle au soutien de la stabilité», a souligné le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, publié le 11 avril, à l'issue d'une rencontre qui s'est tenue à Moscou entre le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov et l'envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler. Un soutien qui vaut son pesant d'or pour le successeur de Christopher Ross qui se trouve conforté dans sa démarche. Horst Kohler est déterminé à donner un coup d'accélérateur à sa médiation pour sortir le conflit du Sahara occidental du statu quo. Le représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies a évoqué le 21 mars devant le Conseil de sécurité, dont la Russie est membre permanent, la tenue de négociations directes et sans conditions entre Sahraouis et Marocains courant 2018. Selon des sources proches du dossier, «M.Kohler a informé le Conseil de sécurité de son objectif de tenir ces négociations cette année, même s'il a reconnu que ces pourparlers ne sont pas une fin en soi car ils exigent la bonne volonté des parties au conflit et leur engagement à y prendre part sans préconditions» ont affirmé sous le sceau de l'anonymat des sources proches du dossier. Quel écho a-t-il reçu? «Le Conseil de sécurité a accueilli avec satisfaction la présentation de l'envoyé personnel sur ses récentes rencontres bilatérales avec les parties (au conflit) et les pays voisins», a indiqué le Conseil de sécurité à l'issue de l'exposé dont lui a fait part le représentant personnel d'Antonio Guterres. Un espoir pour le Front Polisario de voir se tenir un référendum qui permettrait au peuple sahraoui d'exprimer son droit à l'autodétermination. «Nous sommes prêts à entamer des négociations de paix, et à prendre part au référendum d'autodétermination qui mettra un terme à un conflit de plus de 40 années et à la lutte que mène notre peuple contre l'occupation marocaine», a déclaré le coordonnateur du Front Polisario avec la Minurso, Mhamed Kheddad, qui se trouvait à Moscou à la tête d'une délégation au moment où Horst Köhler y effectuait sa visite de travail. «Nous (responsables du Front Polisario) sommes à Moscou, animés par un désir de paix. Nous tendons la main pour la paix. Mais, il faut être deux pour parvenir à cet objectif», a ajouté le responsable sahraoui. Là réside le noeud du problème car l'autre partie ne l'entend pas de cette oreille. Le Maroc joue sa propre partition. Sa classe politique a réagi au quart de tour. Lors d'une réunion présidée par le chef du gouvernement marocain le 10 avril à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental), elle a conforté son souverain dans son message belliqueux destiné au SG de l'ONU. «La seule option pour résoudre ce conflit artificiel est l'autonomie sous souveraineté marocaine telle qu'elle a été proposée par le Maroc comme cadre de négociation...», a-t-elle souligné dans une déclaration qui a sanctionné cette rencontre. Horst Köhler a encore sans doute du pain sur la planche malgré le soutien précieux de Moscou.