Les grandes retrouvailles sont très attendues La discussion entre le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, avec la bénédiction de Donald Trump, peut malgré tout conduire à la promotion de la paix et donc à l'assainissement de la Zone démilitarisée qui sépare les deux pays. Difficile à imaginer voici quelques mois auparavant, la rencontre entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un fait désormais l'objet d'intenses préparatifs avec des négociations secrètes tant sur le lieu où doit se dérouler cet événement historique que sur les sujets qui y seront abordés. Sans doute est-il trop tôt pour parler de décisions et encore moins d'accord, les deux protagonistes restant rivés à des méfiances ataviques. Mais la vitesse avec laquelle un pas gigantesque a déjà été franchi en ce sens permet d'entrevoir une possibilité, aussi infime soit-elle, de résultat prometteur. Une réunion secrète entre le nouveau directeur de la CIA, proche parmi les proches d'un Donald Trump qui demeure plus imprévisible que jamais, et Kim Jong-Un en personne vient d'être confirmée à la fois par Pyongyang et la Maison-Blanche, toutes deux laissant entendre que l'annonce par Séoul de l'étude des pistes pour un traité de paix entre les deux Corées s'inscrit dans le champ du possible. La Corée du Sud qui a su saisir l'opportunité des Jeux olympiques d'hiver pour amorcer un rapprochement spectaculaire avec son ombrageux voisin espère mener à bien des négociations à même de sceller officiellement la fin de la guerre de Corée (1950-1953), restée en suspens depuis. C'est cette initiative, impensable il y a encore quelques mois, qui sous-tend la politique de dégel avec les Etats-Unis après des échanges aigres-doux entre Pyongyang et Washington, les mots ayant même failli voler plus bas que la ceinture. La démarche audacieuse de Séoul soulève, est-il besoin de le souligner, d'immenses espoirs chez tous les peuples de cette région particulièrement alarmée par les récents essais nucléaires de la Corée du Nord et elle leur permet d'envisager, avec certes un optimisme relatif, quelque percée en matière de dénucléarisation. C'est ce qu'a laissé entendre le Premier ministre nippon Shinzo Abe en se rendant mardi dernier chez son ami Donald Trump en Floride pour apporter sa pierre à la discussion que le président américain aura avec Kim Jong-Un. Donc, la visite du directeur de la CIA, et futur secrétaire d'Etat-Mike Pompeo à Pyongyang, révélée par le Washington Post et confirmée sur Twitter par le président Trump lui-même, a eu des effets salvateurs, selon toute vraisemblance. «Mike Pompeo a rencontré Kim Jong-Un en Corée du Nord la semaine dernière. La rencontre s'est bien déroulée et une bonne relation s'est établie», a en effet déclaré Donald Trump. «La dénucléarisation sera un grand événement pour le monde, mais aussi pour la Corée du Nord». Ainsi s'explique la perspective du troisième sommet intercoréen depuis la fin de la guerre, fixé au début juin prochain et dont les deux pays attendent une Déclaration mettant fin au conflit qui mine la péninsule depuis soixante-cinq ans! Exit le régime de l'armistice et bienvenue à celui de la paix? La prudence doit être de mise car ni la Corée du Nord ni celle du Sud ne sont les seules à décider en la matière. D'autres parties et non des moindres, qu'elles soient autour de la table ou dans l'ombre des discussions, vont peser de tout leur poids sur un enjeu qui peut entraîner des conséquences lourdes sur l'ensemble de cette région asiatique. La Chine ainsi que la Russie ont déjà fait savoir qu'elles verraient d'un bon oeil une avancée en matière de dénucléarisation à condition que Pyongyang ne soit pas lésée dans l'accord qui se projette. Cette donne, la Maison Bleue, à savoir la présidence sud-coréenne, en est parfaitement consciente. D'où une prudence et un pragmatisme à toute épreuve dont on a pu appréhender l'efficacité lors des surprenantes retrouvailles inter-coréennes durant les Jeux olympiques d'hiver. La discussion entre le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant Kim Jong-Un, avec la bénédiction de Donald Trump, peut malgré tout conduire à la promotion de la paix et donc à l'assainissement de la Zone démilitarisée qui sépare les deux pays et qui est, encore à ce jour, hérissées de mines et de fortifications. Va-t-elle suffire? L'optimisme du président américain est sans doute un gage de succès, mais les embûches sont immenses et il sera très difficile, à moins d'une reconnaissance mutuelle simultanée, aux deux capitales de faire table rase de leurs ambitions antérieures pour une domination de la péninsule dans toute sa globalité. A la demande de Pyongyang qui réclame le départ des forces américaines stationnées chez son rival, Séoul oppose sa revendication, soutenue par Washington, d'une dénucléarisation. L'une et l'autre exigences sont parfaitement légitimes. Ce sera à la faveur de la poignée de main très attendue entre Kim Jong Un et Moon Jae-in, retransmise par les télévisions des deux pays, juste avant le sommet historique entre le dirigeant nord-coréen et le président Donald Trump, qu'on pourra entrevoir les chances d'une solution pour le moins inespérée dans ce conflit que d'aucuns voyaient déborder le siècle. Dans sa propriété de Mar-a-Lago, en Floride, là où il vient d'accueillir son hôte japonais, le Premier ministre Shinzo Abe, le président américain a évoqué les préparatifs en cours avec l'enthousiasme qu'il affecte volontiers: «Ils nous respectent, nous les respectons. L'heure est venue de parler, de résoudre les problèmes. Il y a une véritable chance de résoudre un problème mondial», a-t-il claironné. Le ton mesuré avec lequel Pyongyang a commenté les dernières frappes en Syrie paraît lui donner raison.