Dur, dur de remplir le couffin Le défi pour le gouvernement est de permettre au citoyen de passer un Ramadhan sans qu'il soit dépouillé de son salaire. Au-delà des chiffres dont se gargarisent nombre de responsables du secteur sensible qu'est celui de la consommation, qu'en est-il réellement sur le terrain, sur la hausse des prix constatée sur les marchés, pour le citoyen lambda qui se démène pour «finir» décemment le mois? Qu'en est-il aussi à quelques semaines du Ramadhan qui se caractérise par une consommation effrénée de produits alimentaires comme «prélude» aux dépenses qui l'attendent pour la fête de l'Aïd El Fitr? L'Office national des statistiques (ONS) atteste que l'évolution des prix à la consommation, en rythme annuel, a été de 4,6% jusqu'à mars 2018. Il faut savoir que l'évolution des prix à la consommation en rythme annuel est le taux d'inflation moyen annuel calculé en tenant compte des 12 mois précédents par rapport à la même période antérieure. Si la loi de finances 2018 prévoit une inflation de 5,5%, les prix ont, quant à eux, subi diverses augmentations comme la variation des prix à la consommation en mars 2018 qui a été de 0,8% par rapport au mois précédent. En termes de variation mensuelle et par catégorie de produits, les prix des biens alimentaires ont connu une hausse de 1,4% en mars 2018, comparativement à ceux de février 2018. A titre d'exemple, les prix des produits agricoles frais ont curieusement enregistré, en cette période de cueillette, une hausse de 2,9%, induite par l'augmentation des prix des légumes (+18,5%). A un degré moindre les prix des viandes rouges (+0,4%) et du poisson (+1,9%) ont grimpé. En revanche, «certains produits agricoles» ont affiché des baisses, notamment le poulet (-2,3%), les fruits (-2%) et la pomme de terre (-1,7%). Mais, selon l'ONS, les produits agroalimentaires ont été marqués par une relative stagnation. En cette période printanière et grâce à la disponibilité des produits, les prix des fruits et légumes au niveau du marché de gros des Eucalyptus (Alger) demeureront stables durant le mois de Ramadhan, a avancé, «rassurant et confiant», la semaine dernière, le directeur général de l'Etablissement de gestion des abattoirs et de la poissonnerie d'Alger, Rédha Attab. Ce dernier, qui effectuait une visite de travail et de contrôle sur les lieux, en compagnie de membres de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), aux abattoirs de Ruisseau et auprès des grossistes des produits alimentaires de Gué de Constantine (Semmar) et de l'espace réservé à la construction d'un nouvel abattoir à Baraki, a précisé que le problème de la «rareté ou de la cherté» des fruits et légumes ne se posera pas au niveau du marché durant le mois de Ramadhan, car il intervient en pleine saison de cueillette des fruits et de récolte de légumes. Les prix baisseront avant de se stabiliser, a-t-il assuré. Le commerce des fruits représente la majeure partie de l'activité du marché de gros (Eucalyptus) visité qui est l'un des «meilleurs au niveau national en termes de «gestion, de sécurité et de respect des règles d'hygiène», a indiqué Attab, assurant que ces produits seront disponibles durant le mois de Ramadhan au niveau de ce «hub» d'approvisionnement qui a ouvert ses portes en 1994 sur une superficie de 6,4 hectares. En un mot, selon les propos mêmes du président de la Commission économique et financière de l'APW d'Alger, Zoubir Saïdi, «cette visite visait à s'enquérir des préparatifs en prévision du mois de Ramadhan afin de lutter contre la spéculation, par la sensibilisation des commerçants et autres opérateurs». Il s'est félicité du fait que les grossistes des produits alimentaires de Semmar aient été «très réceptifs» à cet appel. Saïdi a regretté que les prix «augmentent parfois de 120% après leur sortie du marché de gros des produits alimentaires de Gué de Constantine (Semmar), en raison des dépassements de certains détaillants. Il a préconisé l'adoption de mécanismes de «contrôle rigoureux des prix des produits à leur sortie du marché de gros et de leur codification, ainsi que le contrôle de la chaîne de distribution pour préserver la stabilité des prix au service du citoyen». Les responsables du commerce ont réagi à cette situation en annonçant, par la voix du coordonnateur du bureau d'Alger de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Sid Ali Boukrouche, l'ouverture (comme chaque année) de «marchés de la rahma» pendant le mois sacré. Pour leur lancement, quatre espaces seront répartis sur les communes de Baraki, Birtouta, Rouiba et Bab Ezzouar. Ils permettront aux citoyens de se pourvoir en denrées alimentaires, fruits et légumes, viandes, volaille et fromages à des prix «concurrentiels». S'agissant des viandes bovines et ovines, Merouane Kheïr, chargé de l'organisation au bureau exécutif de la viande et produits carnés de la wilaya d'Alger, a, lors de cette visite, appelé le citoyen à ne pas acheter de la viande en grande quantité durant les premiers jours du mois sacré pour éviter une augmentation des prix causée par une forte demande. Il a également indiqué que le prix de la viande de mouton est fixé en fonction de la qualité du mouton local et oscille entre 1000 et 1300 DA, alors que le prix de la viande bovine est de 1050 DA et 1100 DA, selon la qualité. Il précisera que le coût de la viande importée est de 950 DA.