L'opération de démolition des constructions illicites sur la plage de Oued Dass est largement saluée par l'opinion publique, qui garde espoir de la voir se poursuivre au niveau de nombreux autres endroits ayant subi le même sort. Les constructions illicites, le squat des espaces publics est une réalité à Béjaïa. Une réalité qui a été maintes fois dénoncée par le mouvement associatif, sans que les autorités ne daignent réagir, exception faite par des opérations sporadiques initiées de temps à autre pour calmer tout juste les esprits. Celle qui s'est produit avant-hier sur la plage de Oued Dass, une plage de la côte ouest de Béjaïa relevant de la commune de Toudja, peut être considérée en tant que telle, sauf si celle-ci s'élargit pour libérer d'autres espaces sur d'autres plages du littoral de Béjaïa, qui subissent le diktat des squatteurs. Avant-hier, les bulldozers réquisitionnés par la municipalité de Toudja sont passés à l'action permettant ainsi à la plage de Oued Dass de «retrouver sa beauté d'antan grâce à cette opération de démolition des constructions illicites entamée par les autorités locales», indique un communiqué de la cellule de communication de la wilaya, précisant que «cette action va permettre aux citoyens de la wilaya de Béjaïa de retrouver leur plage paradisiaque». La cellule de communication de la wilaya ne précise cependant pas si cette initiative «sera suivie d'ailleurs par d'autres actions similaires prochainement, afin d'éradiquer complètement ce phénomène de constructions illicites qui a pollué le paysage de nos plages» lesquelles? le communiqué ne le précise pas, tout comme il ne souffle pas un mot sur d'autres espaces, objets de constructions illicites. Un fléau qui touche gravement la région de Béjaïa au point de soulever souvent des scandales dans lesquels sont impliqués des responsables et autres élus, censés être les premiers à lutter contre ce fléau.Le squat des espaces publics ne concerne pas seulement les plages. Le foncier public et privé est détourné à des fins lucratives. Le mètre carré vaut 30.000 dinars dans des endroits situés aux alentours de la ville de Béjaïa. Un trafic énorme est organisé par une mafia qui semble agir en toute impunité. L'implication des responsables liés de près ou de loin à ce trafic rend toute démarche de lutte contre le fléau compliqué. C'est la seule explication que l'on peut donner de l'inertie et la léthargie qui caractérisent le comportement des institutions face à ce fléau. Sur les réseaux sociaux, l'initiative de démolition opérée à Toudja est largement saluée. Les internautes souhaitent la voir élargie à d'autres espaces sans quoi celle-ci «n'aurait aucun crédit» et ne serait que «de la poudre aux yeux». Une sentence qui vaut son pesant d'or si on se réfère aux opérations similaires entreprises par-ci, par-là. C'est ce que laisse d'ailleurs douteux de nombreux d'observateurs, qui considèrent que «le mal est si profond que pratiquement il est impossible d'arriver à éradiquer totalement le trafic du foncier mais également le fléau du squat». Quant à la démolition de tout ce qui est construit et entrepris dans une totale illégalité, cela relève du rêve, tant le mal est profond. Certains observateurs citent des quartiers entiers aujourd'hui, habités par des milliers de familles et dont les constructions n'ont jamais été autorisées par une quelconque autorité. Même les initiatives de régularisation lancées par l'Etat ne trouvent pas preneurs et lorsque c'est le cas, c'est souvent un parcours de combattants que subissent les volontaires. Le dossier bureaucratique imposé par les textes de loi pour la régularisation d'une construction est si lourd et si coûteux que beaucoup de citoyens hésitent à s'y aventurer.Dans tous les cas de figure, seule une volonté politique concertée peut venir à bout de ce fléau de squat et de constructions illicites. On peut y arriver par une batterie de mesures qu'impose la réalité du terrain.