Alors que La Nouvelle Orléans est sous les eaux, le président Bush est sous le feu de la critique. Des dizaines de milliers de morts, autant de blessés et des centaines de milliers de réfugiés et de disparus ; c'est là le bilan sommaire que le gouvernement américain a donné de la catastrophe qui a frappé, lundi dernier, la côte sud des Etats-Unis. L'ouragan Katrina, classé parmi les quatre les plus meurtriers dans l'histoire du pays, est venu à bout de tout l'Etat de Louisiane, notamment dans la Nouvelle Orléans, transformée en ville fantôme. Le «day after» est difficile à gérer, en raison de l'étendue de la catastrophe et de l'accès difficile aux zones sinistrées, au point que parfois, les autorités locales et fédérales reconnaissent que sans la mobilisation de la population et des organisations caritatives, la tâche serait très rude. En effet, désorientés et surtout terrorisés par la violence de l'ouragan, les habitants de la Louisiane usent de tous les moyens pour survivre. Le manque de vivres et d'eau potable les a contraints de s'adonner aux pillages, bravant le danger et l'interdit. On évoque même des vols à main armée dans certaines contrées de la zone sinistrée. Une situation que certains journaux américains ont justifié par l'absence de l'Etat fédéral. Le New York Times est d'ailleurs allé jusqu'à reprocher au président G.W.Bush de ne s'être décidé d'interrompre ses vacances dans son ranch au Texas, que deux jours après le sinistre. Il convient de rappeler que Bush avait exhorté quelques heures avant l'arrivée de «Katrina» en Louisianne, les habitants de la Nouvelle Orléans à quitter la ville. Cette dernière située en dessous du niveau de l'océan représentait déjà depuis des années une zone vulnérable aux ouragans et autres cyclones. Mais en dépit de moult mises en garde, près de la moitié de la population a préféré rester dans la ville et tenter par tous les moyens de protéger leurs domiciles. Un entêtement à l'origine de l'ampleur de la tragédie. Par ailleurs, en sus de la lenteur des secours, les autorités en charge de la gestion de la crise, éprouvaient des difficultés à obtenir des informations sur l'impact du désastre. Ce qui rendait leur tâche encore plus complexe. Cependant, les heures ayant suivi la catastrophe ont été marquées par un vaste mouvement de solidarité. A Austin, capitale du Texas où nous nous trouvions, le gouverneur Rick Perry a décidé d'ouvrir les écoles de l'Etat aux écoliers de Louisiane au moment où la rentrée des classes bat son plein. Du côté du mouvement associatif, organisations caritatives, églises et autres donateurs, la solidarité s'organise peu à peu. Sans omettre de souligner la mobilisation de pas moins de 40.000 gardes nationaux (militaires) et policiers appuyés par la Croix Rouge américaine. Ces forces se sont déployées en particulier en Louisiane ainsi qu'au Mississipi et en Alabama. Il est utile de souligner la gravité de la situation sur le plan sanitaire. Plus de 30.000 personnes sont entassées depuis les premières heures du drame au niveau du Superdome de la Nouvelle Orléans. Ils sont exposés aux épidémies et au manque d'hygiène. Toutefois, la facture politique de la catastrophe est trop lourde pour le président G.W.Bush, pressé par le camp démocrate et critiqué de toutes parts pour son appréciation de la situation. A noter que le président américain a, dans une allocution prononcée mercredi à la Maison-Blanche, appelé le peuple à se solidariser avec les Etats sinistrés. Il doit d'ailleurs se rendre en personne dans ces Etats au courant de ce week-end pour s'enquérir de la situation. Une visite qui coïncide avec le «Labour day», la fête du travail américaine. Il convient de noter enfin que les prix du pétrole dépassent les 70 dollars le baril et pourraient atteindre les 90 dollars en raison de la fermeture de près de la moitié des raffineries de la Louisiane. Pour leur part, les citoyens et la presse américaine convergent vers une même conclusion: que leur gouvernement a plus la capacité de s'occuper de terrorisme que des catastrophes.