Le monde n'en a pas cru ses yeux en découvrant qu'un pays comme les Etats-Unis s'est trouvé complètement dépassé par les conséquences du passage du cyclone Katrina sur plusieurs Etats de son Sud. Bush en prend pour son grade. Le Daily Telegraph de Londres a résumé cette contradiction dans un éditorial en écrivant que c'est une humiliation pour une superpuissance. En Louisiane, au Mississippi et en Alabama, ces quatre derniers jours, les Etats-Unis ont beaucoup de mal à fournir les produits de première nécessité, nourriture, eau et médicaments, aux victimes du cyclone Katrina. La nature a été particulièrement féroce mais cela n'explique pas les retards pour déclencher des plans d'assistance exceptionnels dans une région pourtant frappée chaque année par des cyclones. Les images de populations attendant désespérément des secours de leurs autorités ont donné l'image d'une Amérique groggy, loin de celle des certitudes que Bush n'avait pas arrêté de distiller depuis qu'il est à la Maison-Blanche. Les autorités n'ont toujours pas idée du nombre de personnes qui sont mortes. Comment interpréter l'impuissance de Bush à secourir des dizaines de milliers de ses citoyens victimes d'une catastrophe naturelle ? Autorités locales et Etat fédéral ont été incapables de répondre de manière adéquate aux conséquences d'une catastrophe naturelle, fut-elle gigantesque, voilà ce que retiennent les populations sinistrées et qui, pour la plupart, sont de couleur. Les images du désastre diffusées en continu par les télévisions montrent surtout des victimes noires. Le pasteur Jesse Jackson, l'une des figures de la communauté noire américaine, est depuis jeudi à la Nouvelle-Orléans avec un convoi d'autobus pour chercher des personnes bloquées par les inondations. Par contre, 300 soldats de retour d'Irak ont été rapidement déployés, dès jeudi soir, à La Nouvelle-Orléans avec ordre de tirer et tuer sur d'éventuels pillards dans une ville livrée au chaos. Le gouverneur de l'Etat de Louisiane s'est même enorgueilli d'avoir sous ses ordres des soldats bien entraînés et aguerris qui savent comment tirer et tuer avec leurs fusils d'assaut M16 ! Les opérations d'évacuation de La Nouvelle-Orléans ont été compliquées par les violences provoquées par des gangs armés où se sont produit des pillages mais, tout de même… Quelque 22 000 Gardes nationaux étaient en route pour les zones sinistrées en Louisiane, a annoncé, par ailleurs, le président américain George W. Bush, qui n'a pas rejeté l'aide étrangère alors que quelques heures plus tôt, il affirmait : “Nous allons nous en sortir par nous-mêmes.” Le comble pour lui, qui se défendait n'avoir besoin de personne pour organiser le monde à sa convenance. Les offres affluent de France, d'Italie, du Canada, du Mexique, de Russie. L'Union européenne et l'ONU ont aussi proposé leur soutien. Katrina a vraisemblablement fait des milliers de morts en Louisiane, devait prudemment estimer jeudi la gouverneure de cet Etat, Kathleen Blanco, soulignant qu'il pouvait rester jusqu'à 300 000 personnes en attente d'évacuation dans l'ensemble de la Louisiane. Les autorités américaines n'ont jusqu'à présent confirmé que 125 morts dans le Mississippi, autre Etat du Sud touché par le cyclone. Le Sénat américain, convoqué en urgence, a accordé à l'Administration une rallonge budgétaire de 10,5 milliards pour financer les mesures d'aide qui devrait être définitivement approuvée vendredi après-midi par la Chambre des représentants. En attendant, le maire de la Nouvelle-Orléans n'arrête pas lancer des SOS désespérés, s'interrogeant sur la lenteur des secours. La situation sanitaire et sécuritaire de milliers de sinistrés est particulièrement préoccupante. 15 000 à 20 000 personnes sont sans nourritures ni eau. Les Américains eux-mêmes ont du mal à comprendre pourquoi leur pays a autant de problèmes pour faire arriver des secours. Sur la défensive, Bush, qui devait se rendre vendredi dans les zones sinistrées, a rejeté les critiques sur sa gestion de la catastrophe et la lenteur des opérations de secours. J'espère que les gens ne vont pas faire de la politique politicienne, a-t-il dit. D. Bouatta