L'hôpital de 120 lits de M'Chedallah traîne et sa réalisation tarde à voir le jour L'unique grand projet d'utilité public retenu au chef-lieu de daïra, l'hôpital de 120 lits, dont la réalisation tarde à voir le jour. Il est plus qu'évident que comparativement à d'autres régions de la wilaya, celle de l'Est a de tout temps été mise à l'écart. Ath Mansour, Ath Bouali, Thaourirt, Ighil Oumeziave, Lotta... sont des contrées qui en 2018 donnent l'impression d'avoir arrêté le temps. Eté comme hiver, ces coins contournés par l'autoroute ressemblent à ces coins perdus comme dans les films western. L'unique grand projet d'utilité publique retenu au chef-lieu de daïra, l'hôpital 120 lits de M'Chedallah traîne et sa réalisation tarde à voir le jour. Les milliards de dinars injectés dans les divers plans de développement ont été consacrés aux parties nord, ouest et sud de Bouira. Les inégalités sont de plus en plus concrètes. Le gaz de ville est arrivé et c'est tout à l'honneur des responsables jusqu'aux limites de la wilaya de Médéa quand un village situé sur les bords de la RN5 attend son tour depuis que l'Algérie a retrouvé son indépendance. Ath Bouali est un village fixé en amont de la rive est de oued Essahel, il est l'échantillon révélateur d'une marginalisation de toute une région et pour cause, son esprit frondeur et rebelle. La remarque s'applique à Chorfa, Aghbalou, Raffour... des chefs-lieux de commune qui se débattent au quotidien.. Relevant de la commune de Thaourirt Nath Mansour, ce village continue à vivre au rythme des années de braise. Depuis l'indépendance et hormis une école primaire ce dernier est resté à son état initial, celui d'une Algérie d'antan. Aucune structure économique n'est venue s'installer pour essayer de résorber un chômage record; parce qu'ils tiennent à leur région, les jeunes perpétuent un métier millénaire, mais rude: la taille de la pierre. Exposés aux risques des diverses maladies, travaillant plus de 15 heures par jour, ils façonnent accroupis des rocs dans les carrières dont regorge la région pour donner forme à des pierres qui iront orner les luxueuses villas des nantis et des chanceux des autres contrées du pays. Eux crèchent encore et toujours dans des taudis qui n'offrent aucune vie décente. Même le vestige qui raconte l'histoire de ce pays, le fort colonial de torture, subit le sort des humains. Laissé à l'abandon, il résiste aux aléas de la nature hiver comme été, quand ailleurs on débourse des milliards pour un fort turc avec lequel on veut faire admettre et rendre évident une appartenance à cette ethnie, venue coloniser le peuple berbère d'Algérie. Comme pour rappeler et narguer ces populations frondeuses, avides de liberté à travers les siècles, la station de pompage de pétrole, située sur le territoire de la commune profite à la wilaya de Béjaïa où est versé le gros des taxes et où est recrutée la majorité des personnels. Ils demandent des structures pour leurs enfants, de l'emploi pour les jeunes, des logements «ces besoins sont garantis par la Constitution» nous affirmera un quarantenaire qui écume les alentours d'une escale routière à la recherche de petits boulots quotidiens. Le contournement de la localité avec la mise en service de l'autoroute ont mis un terme à toutes les opportunités qu'offrai l'ancienne RN5. Celles-ci existent dans le domaine de l'agriculture et de l'arboriculture. «Les pêches de la région sont mondialement connues. Qu'on nous donne la possibilité d'en produire», nous affirmera notre interlocuteur. Des aides auraient été octroyées à des fellahs pour la plantation d'oliviers dans des zones arides du Sud quant à Ath Bouali, ses habitants continuent à exploiter des arbres hérités et légués d'une famille à une autre. L'eau est en abondance grâce au barrage de Tilesit, les terres aussi. Il ne manque qu'une bonne volonté pour sortir cette région de son inertie dictée par des répartitions inégales entre les citoyens d'un même pays, d'une même wilaya. Parce que son passé est glorieux, la région mérite une attention totale à l'image de ses semblables de l'Ouest, du Sud et du Nord même si elle n'a aucun député ou sénateur pour porter ses souffrances à qui de droit. L'action de rue menée dernièrement est un signe que les choses sont arrivées à un point d'une extrême gravité. Le cri de détresse est lancé.