Au vu de cette impasse et face au «mutisme de la tutelle», le Camra s'en remet à la plus haute autorité du pays. Point de retour en arrière pour les médecins résidents. Ces derniers restent contre vents et marées, inflexibles quant au maintien de leur grève illimitée, y compris de leur action de boycott des gardes. C'est sur quoi ont insisté hier, les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), lors d'une conférence de presse organisée au siège du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp) à Alger. Faisant un bref retour en arrière, le docteur Mohamed Taileb a rappelé que les médecins résidents ont été quelque part forcés d'en arriver à recourir à une action aussi radicale que celle de l'arrêt des activités de garde dans les CHU. «Le médecin résident n'est nullement la cause de ce qui arrive aujourd'hui», a-t-il indiqué. Il poursuit en soutenant que les réels responsables sont ceux qui ont laissé les choses s'accumuler et que sur le long terme cela a inévitablement conduit au pourrissement. «Le médecin résident dois-je le rappeler, se retrouve souvent seul face au manque de moyens dans les hôpitaux et face à la colère des patients ou de leurs proches», déplore-t-il. Par ailleurs, le docteur Taileb estime que le malaise n'a fait que s'aggraver au fil du temps dans le secteur de la santé. Par conséquent, les hauts responsables sont appelés aujourd'hui à mettre fin à cette situation. Le représentant du Camra a ainsi tenu à faire remarquer que l'ensemble des médecins résidents a usé des moyens pacifiques et diplomatiques avant même de prendre la décision d'entamer une grève illimitée.«Les autorités concernées ont eu l'occasion à maintes reprises, de répondre à nos revendications par le passé, mais elles ne l'ont pas fait, aujourd'hui que chacun assume ses responsabilités.» Le docteur Taileb s'est encore dit indigné par «le chantage» exercé par la tutelle, qui appelle les médecins résidents à arrêter la grève s'ils veulent que les garanties apportées à leur plate-forme de revendications, soient mises en oeuvre sur le terrain. «Nous nous ferons certainement pas avoir une nouvelle fois, comme en 2011 et 2015», avance-t-il. Expliquant qu'une fois le débrayage interrompu, les préoccupations des médecins résidents seront reléguées au second plan par le gouvernement. Il a encore expliqué que la décision d'arrêter d'assurer les gardes est intervenue suite au calvaire que vivent les médecins résidents «du fait du gel de leur salaire depuis prés de quatre mois maintenant.» Selon lui, cette décision est une énième tentative de division de la part de la tutelle. Exposant des chiffres pour donner une idée sur l'ampleur de la mobilisation de ses confrères au sein des CHU, le docteur Taileb fait état du taux de 92% de médecins résidents ayant boycotté les gardes au niveau national. Pour sa part, Meriem Hadjab, autre membre du Collectif est revenu sur le compte-rendu diffusé par le ministère de la Santé et qui avait pour but de prouver que les revendications des résidents ont été satisfaites, point par point. Elle dira ainsi que pour ce qui est de la question inhérente au service civil, «aucune garantie probante n'a été signalée depuis le début des négociations à ce sujet». Meriem Hadjab a par ailleurs déploré le fait que le principe de l'obligation du service civil soit resté inchangé après l'adoption de la nouvelle loi sanitaire. Elle a tenu par là à indiquer que «le service civil n'est pas sacré» Dans la mesure où «son échec» n'est aujourd'hui, plus à démontrer. Les représentants du Camra ont encore pointé du doigt la «qualité piteuse» de la formation du médecin résident. Un triste état de fait qui, d'après eux, est à l'origine des problèmes qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur activité. «Le médecin résident doit être quotidiennement, accompagné et évaluer par ses supérieurs», juge Sofiane Bensebah, représentant des résidents de Tizi Ouzou. Il a d'autre part appuyé que ce n'est pas de gaieté de coeur que les gardes ont été boycottées. «Cette action n'est nullement dirigée vers les citoyens», a-t-il insisté. Concernant les perspectives de négociations avec la tutelle. Les porte-voix du Camra ont affirmé être toujours disposés à dialoguer. Ils ont assuré à ce propos ne pas avoir décliné l'invitation du ministre de la Santé à une réunion, expliquant que celle-ci n'était pas «officielle». Au vu de cette impasse et face au «mutisme de la tutelle», le Camra s'en remet à la plus haute autorité du pays. Ses membres ont fait savoir que prochainement une lettre sera adressée à l'endroit du président de la République afin qu'il veuille bien «intervenir» pour dénouer la situation.