ça risque de flamber Les prix du Brent ont atteint 77,20 dollars, hier, en cours d'échanges européens, suite à la décision du président américain de rompre l'accord sur le nucléaire iranien. La remontada. Le baril part à la recherche du gain perdu. Il détone! On est cependant encore loin d'un prix du baril à 100 dollars. Reste à savoir quand il franchira la barre des 80 dollars. Une cible qui est largement à sa portée. Les prix du pétrole se sont en effet envolés depuis que le président américain a décidé de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien. Les sanctions qu'il compte automatiquement rétablir contre Téhéran et qui touchent de plein fouet ses exportations de pétrole, sa principale ressource, réduiraient l'offre mondiale selon toute vraisemblance d'au moins 1 million de barils par jour. L'Arabie saoudite qui a applaudi des deux mains la décision de Donald Trump se dit prête à pallier cette carence. «Le royaume (saoudien) travaillera avec les principaux producteurs de pétrole à l'intérieur et à l'extérieur de l'Opep, ainsi qu'avec les principaux consommateurs, pour limiter l'impact de toute pénurie d'approvisionnement», a annoncé mardi, le ministère saoudien de l'Energie. Le chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole acteur qui s'est engagé à soutenir la stabilité du marché et de participer activement à son équilibre. Acteur majeur de l'accord de la baisse de la production de 1,8 millions de barils par jour des pays Opep-non Opep Riyadh se retrouve entre deux chaises mais assume. Reste à savoir si cela suffira à endiguer cette envolée des cours de l'or noir portée par une conjoncture géopolitique qui fera sans coup férir tache d'huile. De la nitroglycérine apparemment! «A très court terme, l'impact de la montée des tensions géopolitiques paraît se limiter au marché pétrolier, mais ce n'est pas la fin de l'histoire», commente Norihiro Fujito, responsable de la stratégie d'investissement pour Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities qui n'a pas écarté leur propagation à d'autres secteurs. «Les sanctions américaines pourraient affecter plusieurs compartiments industriels et les tensions pourraient s'aggraver entre l'Iran et Israël, ce qui pourrait affecter le marché des actions» a-t-il ajouté. Le successeur de Barack Obama n'a sans doute pas mesuré l'étendue des dégâts que provoquerait son choix en optant pour la plus radicale des décisions qui rétablit l'intégralité des sanctions levées, mais aussi en annonçant des sanctions encore plus sévères. Il n'offre aux entreprises étrangères d'autre choix que faire des affaires en Iran ou aux USA. «Cette décision pourrait produire une perturbation de l'offre mondiale», prévient Fiona Cincotta, analyste chez City Index. «L'Arabie saoudite aurait des capacités de production disponibles représentant 2,2 millions de pétrole par jour», répliquent les analystes d'UBS. Le marché demeure sceptique quant à la capacité du chef de file de l'Opep à combler la défaillance de l'offre iranienne. Il faut reconnaître que le leader du cartel s'est infailliblement mis en porte-à-faux en s'engageant d'un côté à rééquilibrer le marché en baissant sa production pour ensuite l'augmenter pour compenser une probable baisse de l'offre mondiale qui serait provoquée par les sanctions des Etats-Unis contre la République islamique d'Iran. Les brindilles ne se limitent pas à cet unique facteur. L'incendie est en effet entretenu par les menaces brandies par le locataire de la Maison-Blanche contre la Russie et l'Iran encore suite à cette attaque présumée du 7 avril dernier aux «gaz toxiques» contre Douma, dernière poche rebelle aux abords de Damas. La Maison-Blanche avait mis en cause la Russie et l'Iran, estimant que le pouvoir syrien ne pouvait mener une attaque chimique «sans leur aide matérielle». Donald Trump avait menacé Damas, Moscou et Téhéran, leur signifiant qu'ils pourraient payer le prix fort. Les accusations israéliennes sur un prétendu programme secret iranien lui serviront de prétexte pour mettre ses menaces à exécution. Il y a aussi la production de l'Opep qui est tombée en avril à son plus bas niveau ces 12 derniers mois en raison de la baisse de celle du Venezuela qui n'a produit qu'1,5 million de barils par jour le mois passé selon une enquête de Reuters. Le Venezuela, qui vit une très grave crise financière depuis l'effondrement des prix du pétrole est lui aussi dans le collimateur de Donald Trump qui veut lui infliger de nouvelles sanctions pour isoler le gouvernement du président Nicolas Maduro. L'or noir n'a pas fini de flamber.