Les cours de l'or noir ont clos la semaine sur une forte hausse, près de 75 dollars à Londres, à moins d'une semaine d'un éventuel retrait de l'accord sur le nucléaire iranien. Une décision attendue comme un oracle. Comme on attendrait le Messie. Les ennemis de la République islamique d'Iran sont suspendus aux lèvres du président américain qui projette et rêve de l'étrangler. Prendre des sanctions contre elle en mettant sous embargo ses exportations de pétrole, sa principale source de revenus. Lui couper les vivres tout simplement. Le processus est mis en branle à travers une campagne de diabolisation autant injuste que féroce. Même le Maroc y a mis son grain de sel. Un rallié de dernière minute qui a rejoint une toute aussi diabolique et improbable coalition, Etats-Unis, Arabie saoudite, Israël...qui caresse le rêve de mettre à genoux la République islamique d'Iran. Tout ce beau monde ignore-t-il que leur funeste projet risque de faire exploser le baril? Certainement pas. C'est pourtant le prix à payer. Et ils risquent de le payer très cher. La thèse du retour d'un baril autour des 100 dollars est plus que réaliste si la situation devait dégénérer davantage. Une cible qui n'est pas éloignée eu égard aux prix actuels du brut. Les cours de l'or noir ont en effet clos la semaine sur une forte hausse, près de 75 dollars à Londres, à moins d'une semaine d'un éventuel retrait de l'accord sur le nucléaire iranien. Ils tutoient carrément leur niveau d'il y a trois ans. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a fini vendredi à 74,87 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres. Soit une hausse de 1,25 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de juin a terminé à 69,72 dollars, enregistrant un gain de 1,29 dollar. Son plus haut niveau depuis la fin de l'année 2014. En attendant Donald Trump. «Nous ne sommes plus qu'à une semaine de la décision américaine sur l'Iran et cette perspective engendre beaucoup de volatilité», a indiqué James Williams, de Wtrg. Le successeur de Barack Obama, n'a eu de cesse de brandir la menace d'un retrait, le 12 mai prochain, de l'accord sur le nucléaire conclu avec l'Iran. Téhéran ne bronche pas. La République islamique d'Iran a de son côté prévenu qu'elle quitterait l'accord sur le nucléaire si les Etats-Unis décidaient de le remettre en cause. «Cela alimente les craintes d'un choc sur l'offre», a indiqué Stephen Brennock, analyste chez PVM, qui estime cependant qu'avec un délai de six mois pour les pays qui importent du pétrole iranien, le marché devrait garder l'équilibre. «Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas une réaction instinctive des prix en cas de fin de l'accord», a-t-il cependant prévenu. On n'est pas loin d'une flambée! L'équation qui sent le soufre s'annonce paradoxalement sous des auspices d'une simplicité criarde. «Il est clair que le risque géopolitique est la clé de la hausse des prix et s'il venait à s'apaiser, la production élevée des Etats-Unis pourrait entraîner une baisse des prix», a estimé Lukman Otunuga, analyste chez Fxtm. Les dés ne sont pas encore jetés pour que la balance penche d'un côté ou d'un autre. «Le marché international voit réellement ses réserves s'amenuiser, mais les Etats-Unis se noient dans le pétrole», font remarquer les analystes du courtier Marex Spectron. Un cliché qui ne lève pas le voile sur la réalité du terrain. Les sanctions brandies par le président américain contre l'Iran priveraient le marché de 1 million de barils par jour. Celles qu'il entend appliquer contre le Venezuela diminueraient l'offre mondiale d'un volume identique alors que l'Opep qui a déjà retiré 1,8 million par jour depuis le début de l'année 2017 entend serrer davantage les vannes après l'expiration de l'accord, en décembre 2018, qu'elle a conclu avec ses 11 alliés hors cartel dont la Russie. De la dynamite pour le baril...