Dans cette localité, on n'arrive toujours pas à expliquer pourquoi des nourrissons sont morts après avoir été vaccinés. Ce que tout le monde considérait comme un acte somme toute banal, a plongé le petit bourg, situé à 50 km de Mascara, dans la tristesse. Des tentes funéraires ont fleuri à travers toutes les artères. Pourtant, rien n'indiquait que le petit centre de santé de Oued El-Abtal allait vivre un tel drame. Les bébés vaccinés la semaine dernière se portent comme un charme et ils sont en bonne santé à l'abri de maladies combattues par le DTC Rouvax. Les nourrissons vaccinés à l'ouverture du centre de santé, samedi, ont présenté très vite des symptômes alarmants. Très vite, ils ont été pris de malaise, de fièvre et de vomissements avant de rendre l'âme. Cette situation a poussé les responsables du centre à décider, dès onze heures, la suspension de l'opération vaccination. La panique s'est alors installée parmi la population. Un père, qui venait de perdre son bébé, est sorti de chez lui, armé d'un couteau. Arrivé au niveau du centre de santé où il voulait commettre une boucherie, il sera intercepté par des gardes communaux dépêchés sur les lieux quand la catastrophe s'est déclarée. Des gendarmes viendront en renfort pour empêcher tout dépassement et organiser l'acheminement des nourrissons vaccinés et sujets à des troubles de santé vers l'hôpital de Tighennif. Le centre de santé s'est avéré trop exigu pour contenir la foule de parents venus aux nouvelles ou encore pour faire ausculter leurs bébés par le pédiatre. La population de Oued El-Abtal, encore sous le choc, n'arrivait pas à expliquer un tel drame, même si plusieurs citoyens, que nous avons contactés, n'ont pas hésité à mettre en cause le vaccin DTC Rouvax, qui, pourtant, n'est pas encore arrivé à sa date de péremption. Plusieurs mettent en cause les conditions d'acheminement et de stockage du produit. Ils n'hésitent pas à parler de manque de moyens dans le centre et parfois de négligence. Plusieurs nous ont parlé de conditions déplorables d'acheminement des médicaments à partir de l'hôpital de Mascara. Un médecin pédiatre que nous avons contacté reste perplexe devant ce qui vient de se produire. Pour lui, un vaccin arrivé à péremption devient inactif et ne peut, en aucun cas, devenir dangereux pour celui qui le reçoit. «C'est un produit préventif qui ne peut pas s'attaquer au système immunitaire de l'enfant», avouera-t-il. Ses propos renvoient à une autre hypothèse celle défendue par un certain nombre de citoyens de Oued El-Abtal et par un médecin du centre qui ont laissé entendre qu'il est très possible que le vaccin présente des défauts de fabrication qui l'auraient rendu dangereux, même s'il restait en cours de validité ou en ayant bénéficié de bonnes conditions de stockage. Ce qui se traduirait, en un mot, par une défaillance qui aurait pu être décelée en aval, au moment de la fabrication du produit ou au moment de son achat. Hier, alors que Oued El-Abtal enterrait ses innocentes victimes, mortes en voulant se prévenir de la mort, une commission d'enquête dépêchée d'Alger menait ses premières investigations. Dans l'après-midi, une commission technique, composée des membres de la délégation ministérielle, des responsables de la direction de la santé ainsi que des responsables des structures sanitaires, tentait de démêler l'écheveau de cette triste affaire. Certains responsables de la DDS ont parlé d'une conférence de presse qui se tiendra, aujourd'hui, mais pour le moment, le mystère du vaccin DTC Rouvax reste encore entier, même si le ministère a interdit toute vaccination, en attendant de savoir ce qui s'est vraiment passé pour le quota de vaccin destiné au petit centre de santé de cette petite localité de la wilaya de Mascara.