Sitôt nés, sitôt morts. La nouvelle du décès des bébés vaccinés à Mascara, si elle a pétrifié de douleur les parents, a frappé l'opinion publique dans son ensemble. Voilà des bébés qu'on aurait mieux fait de ne pas confier aux structures sanitaires. En d'autres termes, il y a intérêt à ne pas se soigner. C'est ce à quoi nous sommes réduits aujourd'hui. Il y a urgence à nous sortir de l'abîme dans lequel nous a plongés la dégradation progressive du secteur de la santé de notre pays. Mais avant d'aborder la manière la plus appropriée, il est utile de comprendre ce qui s'est réellement passé à Mascara. Une commission d'enquête est à pied d'oeuvre. Plusieurs pistes sont possibles : date de péremption, fournisseurs véreux... De toutes, celle de la rupture de la chaîne du froid est la plus plausible. D'abord parce qu'une telle négligence a déjà été signalée par ailleurs, où des stocks entiers de vaccins ont été perdus. Comme à Bologhine tout dernièrement après une coupure d'électricité prolongée. Ensuite par l'absence de rigueur manifeste qui règne dans la distribution de tous les produits frais. Plus la distance est éloignée, plus les étapes sont nombreuses et plus les risques sont grands. Divers moyens et équipements spéciaux doivent être mis en place. Chaque transfert requiert la plus grande vigilance. La responsabilité de l'homme est entière. On le voit par exemple dans le lait du jour qui «tourne» ou des yaourts qui gonflent. Ce n'est que depuis la vague des microcrédits accordés aux jeunes que les camions-frigo ont fait leur apparition en plus grand nombre. Dans un pays chaud comme le nôtre, l'instauration de la chaîne du froid dans la distribution de produits périssables quels qu'ils soient, doit être une priorité de tous les instants. Ce n'est pas encore le cas. L'empirisme est toujours là. Et il est impardonnable en matière de santé. Si la piste de la chaîne du froid était retenue, les hospitaliers de Mascara auraient-ils une parade? La réponse est oui, sans hésitation. Il aurait suffit d'un prélèvement d'échantillon à soumettre à l'analyse avant l'utilisation d'une quelconque livraison. La nocivité peut être découverte à temps. C'est là que se situerait la responsabilité des autorités sanitaires de Mascara. Des vies humaines en dépendent. Les Algériens en ont assez de comptabiliser les victimes d'une incurie qui ne cède pas. 7 bébés morts, 70 autres dont on espère qu'ils s'en sortiront, devraient suffire et être l'occasion de prendre toutes les mesures nécessaires pour bannir à jamais les ravages de l'a-peu-près. Au moins, et pour commencer, dans des secteurs de précision comme celui de la santé. Est-ce un voeu pieux?