Ils ne veulent pas admettre la thèse d'une malencontreuse erreur médicale. Ils continuent de croire que quelque chose a transformé ce que tout le monde considère comme un acte médical, somme toute banal, en un drame qu'ils ont vécu dans leur chair. Ils refusent l'idée de livrer en pâture et à la vindicte populaire le personnel paramédical du petit centre de santé du bourg. «Il y a une infirmière parmi le personnel du centre de plus d'une vingtaine d'années d'expérience, de surcroît mère qui ne pouvait jamais se permettre une erreur pareille», dira F.Kada le père d'une victime. Un autre père rencontré à Oued El-Abtal après le drame rejettera, lui aussi, la thèse de l'accident. Plusieurs parents contactés nous ont déclaré qu'ils vont adresser une demande au Président de la République pour la mise sur pied d'une nouvelle commission, externe au ministère de la Santé et indépendante, pour faire toute la lumière sur le drame, prendre les sanctions qui s'imposent et proposer des mesures concrètes pour éviter de revivre la catastrophe de Oued El-Abtal. Malgré les assurances des autorités locales et celles du ministre de la Santé, la tension reste perceptible aux quatre coins de ce petit chef-lieu de daïra qui compte trois communes rattachées à la wilaya de Mascara. Dans le bourg, après la colère, c'est l'abattement et des interrogations. Et s'il s'agissait d'un crime commis délibérément par un groupe terroriste qui voulait se venger des habitants de la région en tuant leurs enfants, comme le soutiennent certaines rumeurs? Cette hypothèse est défendue par bon nombre de citoyens qui n'ont pas manqué de relever que la région avait vécu les affres du terrorisme et subi la violence des groupes armés avant de prendre conscience de son drame et de se soulever contre leur loi. Plusieurs citoyens avaient alors pris les armes pour défendre leur honneur, leurs biens et la vie des leurs. Cette prise de conscience n'avait pas été au goût des terroristes qui avaient, à l'époque, déclaré qu'ils feraient payer à la population son changement d'attitude à leur égard. Plusieurs habitants du bourg pensent qu'il pourrait s'agir d'un acte criminel perpétré par des éléments dormants des groupes terroristes qui auraient agi sur les flacons de vaccins pour le transformer en poison mortel. En attendant, une colère sourde continue de couver à Oued El-Abtal et plusieurs citoyens que nous avons approchés n'ont pas manqué de souligner qu'ils sont mobilisés pour que tout ne soit plus comme avant.