Que ce soit en musique andalouse ou en chaâbie, l'élève d'El Fekhardjia fait montre d'un talent avéré. Si le chaâbi est sa passion, l'andalou c'est son amour propre. A 34 ans, c'est déjà un musicien accompli. Il entre de plain-pied dans la cour des grands sans toutefois faire de bruit. Normal, diront les uns pour un « gars » qui a fait l'école. Et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit bel et bien d'El Fekhardjia. La prestigieuse association de musique andalouse qui porte fièrement le nom du monumental Abderezak Fekhardji. Là où notamment El Hadi apprend les préceptes de la «çanaâ» parallèlement à une carrière menée avec brio au conservatoire d'Alger. Entre de bonnes mains, celles particulièrement de son père, le professeur Arezki Harbit qui dirige El Fekhardjia depuis la mort de son mentor Fekhardji en 1984, le jeune El Hadi accumule les connaissances et aiguise son talent si bien qu'au bout de quelques années sa place au sein du groupe est devenue indispensable. Le rôle du père a été déterminant dans sa vie d'artiste. «C'est lui qui m'a appris à goûter aux sortilèges de cette musique» nous a-t-il confié. Comme à plaisir et avec maestria, El Hadi manie à la fois la guitare et le banjo, ses deux instruments fétiches avec lesquels il fait montre d'une maîtrise avérée. De la touchia jusqu'au khlas en passant par l'inkilab, l'istikhbar, msedder, btayhi, derdj...bref, la structure classique de la nouba, notre musicien s'affirme comme un artiste auquel nulle autre musique ne paraît hermétique. C'est d'ailleurs ainsi que sa verve l'a conduit peu à peu à se frotter au chaâbi au point qu'il compte aujourd'hui parmi les musiciens les plus en vue sur la scène. Mais nuance, El Hadi Harbit ne crie pas victoire pour autant. Le succès ne lui est pas monté à la tête comme c'est le cas pour beaucoup qui d'ailleurs n'ont pas entretenu le feu d'artifice durant longtemps. Certes, se tailler des artistes qui ont des noms comme Amar Ezzahi, El Hachemi Guerrouabi pour ne citer que ces deux ténors, est un challenge attrayant, El Hadi s'est astreint, avant tout, à vivre pleinement sa passion pour le chaâbi. Ce qui l'attire le plus: le texte. Pourquoi? «C'est pour moi la quintessence de cet art», résume-t-il laconiquement mais pour dire surtout son attachement presque viscéral à l'authenticité et aux garde-fous de cet art de notre riche patrimoine musical. Ce qui, au surplus, fait de lui un conservateur. Un conservatisme qu'il revendique, le verbe haut, mais qu'il tente néanmoins d'atténuer en militant pour une musique moins hostile et plus ouverte. Son expérience avec des maîtres dont Amar Ezzahi, connu pour être l'un des interprètes les plus intrépides, y est pour beaucoup. Celle également qu'il est en train de vivre avec Abdellah Guettaf auquel il voue une grande admiration: «Avec lui on apprend beaucoup de choses tant sa maîtrise est accomplie», témoigne-t-il. C'est le même égard que El Hadi porte à son autre maître à penser et chef d'orchestre Mabrouk Hammaï, un dieu du «kanoune» qui fut des années durant un brillant disciple de l'autre monstre de la «çanâa», Boudjemaâ Fergane. Actuellement, El Hadi continue avec le même acharnement qui l'a toujours animé à donner le meilleur de lui-même. Tantôt sur les plateaux de la télévision ou de la radio tantôt sur les planches des salles publiques, le jeune musicien a réussi à faire l'unanimité autour de lui ou plutôt autour de son talent.