Trump et Moon attendent Kim... au tournant Le vice-président Mike Pence a averti dans une interview accordée lundi soir à la chaîne Fox News qu'il n'y avait «aucun doute» que Trump était prêt à quitter les pourparlers avec Kim s'il lui semblait qu'ils ne donneraient pas de résultats. Le président américain Donald Trump a reçu hier son homologue sud-coréen Moon Jae-in pour évoquer son sommet avec le leader nord-coréen Kim Jong Un sur lequel flotte désormais un parfum d'incertitude. A trois semaines du rendez-vous historique de Singapour, dont le déroulement reste encore entouré d'un épais mystère, le locataire de la Maison Blanche compte sur celui de la «Maison Bleue» pour l'aider à décrypter les intentions exactes de l'homme fort de Pyongyang. Au coeur des débats, la question de la dénucléarisation, que Washington veut «complète, vérifiable et irréversible» et sur laquelle le Nord n'a pas véritablement dévoilé son jeu. MM. Trump et Moon, qui ont échangé par téléphone au cours du week-end, se sont retrouvés en milieu de journée dans le Bureau ovale mais aucune conférence de presse commune n'etait au programme. Interrogé sur d'éventuels états d'âme du président sur son tête-à-tête à venir, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a botté en touche lundi: «Pour le moment, c'est toujours prévu. Si cela change, vous serez informés». Le climat est loin de la forme d'euphorie qui a flotté dans les semaines suivant l'annonce, le 8 mars, d'un accord de principe pour un face-à-face, longtemps inimaginable, entre le président des Etats-Unis et l'héritier de la dynastie des Kim, qui règne sur la Corée du Nord depuis plus d'un demi-siècle. Prenant nombre d'observateurs -et semblee-t-il M. Trump lui-même- par surprise, le régime est brusquuement revenu, la semaine dernière, à sa rhétorique traditionnelle, menaçant même d'annuler la rencontre. Les tensions se sont cristallisées autour des propos de John Bolton, conseiller de M. Trump, qui a suggéré de dénucléariser la Corée du Nord en suivant le modèle libyen. Le vice-président Mike Pence a averti dans une interview accordée lundi soir à la chaîne Fox News qu'il n'y avait «aucun doute» que Trump serait prêt à quitter les pourparlers avec Kim s'il lui semblait qu'ils ne donneraient pas de résultats. M. Pence a tancé les administrations Clinton et Bush qui se sont «fait avoir» par la Corée du Nord lorsqu'elles ont essayé de pousser la Corée du nord vers une dénucléarisation. Il assure que l'administration actuelle ne commettrait pas les mêmes erreurs. «Ce serait une grave erreur pour Kim Jong Un de penser qu'il pourrait se jouer de Donald Trump», a-t-il dit. Et s'il a, dans un premier temps, opté en public pour un ton plutôt apaisant en évoquant sa rencontre inédite avec l'homme fort de Pyongyang, de près de 40 ans son cadet, le président américain a pour l'heure abandonné les superlatifs et les promesses de «bonnes nouvelles pour le monde». Celui qui louait depuis plusieurs semaines l'attitude de la Chine, principale alliée de la Corée du Nord, s'est ouvertement inquiété lundi qu'elle ne lâche trop de lest, trop vite. «La Chine doit continuer à être forte et étanche sur la frontière avec la Corée du Nord jusqu'à ce qu'un accord soit conclu», a-t-il tweeté, témoignant de son agacement. «J'entends dire que la frontière est devenue bien plus poreuse récemment et que plus de choses ont réussi à passer à l'intérieur». Selon un sondage du Pew Center réalisé fin avril, si plus de deux Américains sur trois sont favorables à des discussions directes entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, seuls 38% d'entre eux pensent que le régime de Pyongyang est sérieux dans sa volonté de répondre aux préoccupations de la communauté internationale sur son programme nucléaire. Avant l'arrivée de M. Moon à la Maison Blanche, l'organisation Human Rights Watch a exhorté les deux dirigeants à ne pas passer sous silence la situation «effroyable» des droits de l'homme en Corée du Nord. «Au moment où M. Trump se prépare à rencontrer Kim Jong Un pour parler d'armes nucléaires, il est important de se souvenir que ces armes ont été construites par des gens vivant dans un Etat totalitaire qui limite toutes les libertés fondamentales, a créé un goulag avec travaux forcés et ne peut répondre aux besoins nutritionnels élémentaires de son peuple», a déclaré Brad Adams, directeur Asie de l'ONG. Deux Coréens du Nord ont fait défection samedi pour la Corée du Sud en passant par la mer Jaune, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Il s'agit des premières défections depuis le sommet d'avril, chargé en symboles, entre Kim Jong Un et Moon Jae-in.