Les productions de pétrole du Venezuela et de l'Iran, deux grosses pointures mondiales, sont menacées, alors que des rumeurs circulent sur une hausse de celle de l'Opep qui interviendrait lors de sa prochaine réunion, fin juin à Vienne. Un tohubohu. Son acteur majeur n'est ni plus ni moins que le fantasque président des Etats-Unis. Donald Trump, qui a envie de régenter la planète à sa guise, ne pouvait ignorer, en principe, qu'en décidant de rompre de façon unilatérale l'accord sur le nucléaire iranien qu'il allait provoquer l'onde de choc qui allait propulser les prix du pétrole vers des niveaux inespérés. Et comme si pareille décision ne suffisait pas à cette remontée spectaculaire des cours de l'or noir, ne voilà-t-il pas qu'il s'attaque à un autre poids lourd du marché pétrolier, le Venezuela et faire renaître le spectre tant souhaité par les pays producteurs (ceux de l'Opep et de ses 10 alliés, dont la Russie) d'un baril à 100 dollars. Aux sanctions qui pèsent sur son pays, le président vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré persona non grata le chargé d'affaires des Etats-Unis, Todd Robinson, annonçant, mardi, son départ «dans les 48 heures» Il a aussi ordonné l'expulsion du numéro deux de la mission diplomatique (les deux pays n'ont plus d'ambassadeurs respectifs depuis 2010), Brian Naranjo, qu'il a qualifié de représentant de la CIA. Ce qui a mis la Maison-Blanche dans une colère noire. Les Etats-Unis, qui avaient infligé de nouvelles sanctions financières au Venezuela, au lendemain de la réélection de Maduro, ont menacé de mettre en oeuvre d'autres représailles pour isoler davantage son pays en proie à une crise financière qui l'a mis au bord d'une guerre civile depuis l'effondrement des cours du brut. «Dans l'hypothèse où les Etats-Unis interdiraient totalement les importations de brut vénézuélien, cela se traduirait, pour le marché, par une disparition de plus de 400.000 barils», avait fait remarquer Tamas Varga, analyste pour PVM. Depuis les derniers développements de ce bras de fer qui oppose Washington à Caracas cette prévision a été revue à la hausse. La production du Venezuela pourrait encore diminuer de 500 000 barils par jour d'ici la fin de l'année et tomber ainsi sous la barre du million de barils par jour. La remise en cause de l'accord du nucléaire iranien, les sanctions désormais en action contre Caracas jouent en faveur d'une hausse exceptionnelle des cours de l'or noir. La crise toujours persistante au Moyen-Orient où se concentrent les tensions qui secouent le marché pétrolier peut les faire flamber. Cette région du monde est plus que jamais en ébullition. Elle constitue un théâtre d'opérations potentiel qui aurait comme acteurs deux puissances militaires mondiales: la Russie et les Etats- Unis, deux gros producteurs mondiaux de pétrole qui risquent de mettre le feu au baril. Les prétextes se succèdent et laissent envisager une prochaine implosion. Il y a eu cette attaque présumée du 7 avril dernier aux «gaz toxiques» contre Douma, dernière poche rebelle aux abords de Damas qui a failli provoquer l'étincelle. La Maison-Blanche avait mis en cause la Russie et l'Iran. Le président américain est allé jusqu'à déclarer que Moscou et Téhéran pourraient en payer le prix fort. En attendant, c'est celui du pétrole que Donald Trump a réussi à faire grimper en privant le marché des pétroles iranien et vénézuélien. Pour pallier cette carence, il n'est pas exclu que le locataire du Bureau ovale sollicite son allié saoudien pour augmenter la sienne afin d'éviter une flambée du prix de l'essence qui a grimpé. Des rumeurs circulent sur une hausse de la production de l'Opep qui interviendrait lors de sa prochaine réunion, fin juin à Vienne. «Les investisseurs sont désormais pendus aux lèvres des représentants de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), qui pourraient indiquer qu'ils vont relever leur production pour compenser des baisses», ont rapporté les analystes de Cantor Fitzgerald. Info ou intox? A priori cela semble invraisemblable. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, pourrait aiguillonner une telle initiative. Mais le fait de déclarer qu'elle verrait d'un bon oeil un baril à 100 dollars pousse à exclure une telle éventualité. A moins que Riyadh n'ait tourné casaque...