C'est ce qu'a déclaré un diplomate arabe dans une contribution au quotidien français Le Monde. La lumière se fait au fur et à mesure que la tension retombe autour de la campagne de diabolisation orchestrée par Rabat contre le Front Polisario, qui n'a pas épargné non plus l'Algérie. L'accusation de l'Iran par le Maroc d'avoir facilité une livraison d'armes au Front Polisario, via le mouvement libanais Hezbollah, est «une invention totale des Marocains», affirme un diplomate arabe cité par le quotidien français Le Monde. «Il s'agit d'une invention totale des Marocains, qui sont capables de trouver le moindre prétexte pour refuser de se rendre à la table des négociations», a-t-il souligné sous le sceau, de l'anonymat. Ce n'est de toutes les façons pas la première fois que le pouvoir marocain orchestre une telle campagne pour tenter de faire croire à une collusion entre le Front Polisario et les groupes terroristes ou des mouvements inscrits, comme tels, sur la liste noire des Etats-Unis. «Il y a deux ou trois ans, Rabat avait déjà accusé le Polisario d'entretenir des liens avec Al Qaïda», rappelle la source du média parisien. C'est sur fond de cette affaire cousue de fil blanc que Rabat a décidé de rompre ses relations avec Téhéran, dans le sillage de la rupture de l'accord sur le nucléaire iranien et des menaces de sanctions sans précédent brandies par le président américain Donald Trump. Quels dividendes espère en tirer le Maroc? «Cette crise diplomatique permet au royaume de faire plaisir à ses parrains du Golfe, les Saoudiens et les Emiratis, et d'aller dans le sens du nouveau conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton», explique le diplomate arabe qui s'est confié au célèbre journal français. Il n'est cependant pas le seul à abonder dans le sens de cette analyse. «Il peut s'agir d'une volonté de rendre la politesse à Washington après le geste américain en faveur du Maroc dans le cadre de la dernière résolution sur le Sahara occidental, tout cela dans un contexte où les tensions régionales et locales sont exacerbées et poussent partout à des reconfigurations», a estimé un diplomate occidental à l'ONU, dont l'identité n'a pas été révélée par le quotidien Le Monde. C'est dans ce contexte, que le Maroc «charge son adversaire, le Front Polisario, tout en se rapprochant des Etats-Unis, en pleine confrontation avec l'Iran», soulignent les journalistes qui ont mené cette enquête et glané ces déclarations. La rupture des relations maroco-iraniennes «permet aussi d'envoyer un signal positif en direction de l'Arabie saoudite, l'un des grands financiers du royaume, en conflit avec l'Iran, qu'elle accuse d'avoir des visées hégémoniques dans la région», conclut le dossier consacré aux dessous de la rupture des relations diplomatiques du Maroc avec l'Iran. Une analyse qui met à nu le délire d'une diplomatie royale à la dérive et qui a vraisemblablement vendu son âme au diable.