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Un sous-traitant de seconde zone
RABAT IMPORTE AU MAGHREB LES DECHIREMENTS DU MOYEN-ORIENT
Publié dans L'Expression le 03 - 05 - 2018


Un timing édifiant pour un Maroc aux abois
Le Maroc s'est toujours aligné sur les positions stratégiques saoudiennes depuis 2008, date de la constitution à Charm Echeikh, du front sunnite anti-iranien.
Le fait que la majorité des pays du Golfe se soit empressée à exprimer son soutien au Maroc à la suite de sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran, renseigne sur les raisons réelles de cette option. Tous les observateurs se demandent pourquoi Rabat n'interrompt-il pas alors ses relations avec l'Algérie, l'Afrique du Sud et le Nigeria qui apportent un soutien fort au Polisario. Vraisemblablement, le Maroc a fini par céder aux pressions de l'Arabie saoudite, des Etats-Unis et d'Israël visant à isoler l'Iran dans l'espace islamique dans le but de le contraindre à accepter de renégocier l'accord nucléaire de 2015 et de réduire son influence régionale. Le Maroc s'est toujours aligné sur les positions stratégiques saoudiennes, notamment depuis que Riyadh pilote le wahhabisme et «les printemps arabes» comme une épée de Damoclès sur la tête des régimes musulmans récalcitrants. Mieux encore, Rabat a même demandé officiellement d'intégrer le Conseil de coopération du Golfe (CCG) lorsqu'il a constaté que l'UMA ne peut se construire sur le cadavre du Polisario. Le Maroc n'est pas à sa première rupture avec l'Iran. Les relations diplomatiques entre la République islamique et le royaume avaient été interrompues en mars 2009 de manière unilatérale par le Maroc.Là aussi, l'argument du Palais royal est disproportionné par rapport à une rupture de relations entre deux Etats. Officiellement, Rabat contestait la vision d'un haut responsable iranien qui avait déclaré que l'Etat du Bahreïn était «la quatorzième province iranienne». En solidarité avec le petit Etat du Golfe, le Maroc avait alors rompu tous ses liens avec la République islamique. En off, des diplomates évoquaient aussi l'ingérence de l'Iran, et des activités de prosélytisme chiite téléguidées par Téhéran.Cependant et selon le quotidien français Le Monde, qui avait mis la main en 2010 sur un câble diplomatique publié par WikiLeaks, l'Arabie saoudite aurait fait pression sur le royaume «dans sa stratégie globale d'opposition à l'influence iranienne».
La décision de 2009, de rompre les relations diplomatiques avec l'Iran avait déjà surpris les analystes et les observateurs. «On peut avancer l'hypothèse qu'en agissant ainsi, le Maroc cherche à se positionner comme un membre de l'axe anti-iranien qui est en train de se constituer au Moyen-Orient» estime Abdallah Rami, chercheur au Centre marocain des sciences sociales, Université Hassan II (Casablanca). Quelques indices permettent d'étayer cette hypothèse, estime le chercheur marocain qui s'interroge: «D'abord, pourquoi Mohamed Louafa, contrairement à tous les ambassadeurs mutés en janvier dernier (2009), n'avait-il pas été remplacé, laissant la représentation marocaine à Téhéran sous la coupe de seconds couteaux? Ensuite, peu de gens l'avaient relevé à l'époque, mais rétrospectivement, on peut s'étonner du fait que le Maroc ait participé, en novembre 2008, à une réunion à Charm Echeikh aux côtés du front sunnite formé par l'Egypte, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et la Jordanie, pour exprimer une inquiétude collective face à la menace iranienne». Cette analyse a été publiée par l'hebdomadaire marocain TelQuel, au lendemain de l'annonce de la rupture des relations maroco-iraniennes. Qu'y a-t-il de changé dans l'attitude et la politique extérieure de Téhéran pour que le Maroc décide en 2014 de reprendre ses relations diplomatiques avec l'Iran. Depuis que les pays du Golfe soutiennent la position marocaine sur la question du Sahara occidental, Rabat a décidé de faire partie de la coalition anti-iranienne et à ce titre, se positionne selon les voeux de Riyadh qui ne manque pas de monnayer le soutien de différents pays, y compris des Etats-Unis, pour diaboliser et isoler l'Iran. D'ailleurs, la réaction saoudienne ne s'est pas fait attendre. Hier, l'Arabie saoudite a déclaré se tenir aux côtés du Maroc face à «tout ce qui menace sa sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale».
«Le gouvernement saoudien condamne fermement l'ingérence iranienne dans les affaires intérieures du Maroc via son instrument, la milice terroriste du Hezbollah, qui entraîne les éléments du soi-disant groupe "Polisario" en vue de déstabiliser la sécurité et la stabilité» du Maroc, indique la source saoudienne.Les Emirats arabes unis et Bahreïn ont également exprimé leur solidarité avec le Maroc, publiant des déclarations similaires.
Le Qatar qui depuis son isolement et l'embargo que lui ont imposé ses «frères ennemis» du CCG, n'a cessé de faire du pied à Riyadh en appelant au dialogue, a lui aussi exprimé son soutien au Maroc alors que l'Iran est la cause première de sa mise en quarantaine par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l'Egypte. Après l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn, le Qatar a également apporté son soutien au Maroc suite à la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Iran. Doha a fait part de «sa profonde et totale solidarité» avec le Maroc «dans la préservation de la sécurité et l'intégrité de son territoire face à toute tentative de saper cette intégrité, ou de viser sa sécurité et celle de ses citoyens». La diplomatie qatarie a ainsi souligné «l'importance du respect des principes régissant les relations entre les Etats, avec à leur tête le respect de la souveraineté», ainsi que «la non-ingérence dans leurs affaires intérieures [...].»


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