Ses opposants lui reprochent de réformer au pas de charge et tous azimuts (droit du travail, fonctionnaires, transport ferroviaire, universités...) au détriment de certaines catégories de la population. «On fait des cadeaux aux très riches, on invite à l'Elysée des P-DG qui ne paient pas leurs impôts...» Plus de soixante partis de gauche, associations et syndicats ont défilé hier dans plusieurs villes de France, représentant une «marée populaire» pour s'opposer à la politique du président Emmanuel Macron au pouvoir depuis un an. Des dizaines de milliers de personnes étaient à Paris et dans d'autres villes du pays pour une «super fête à Macron», ainsi que l'a qualifiée le leader de la France insoumise (LFI, gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon, qui manifestera à Marseille (sud-est). Pas de quoi décourager le chef de l'Etat qui, depuis Saint-Pétersbourg, a répondu hier que «ça ne l'arrêtera(it) pas». «Ecouter les gens ne veut pas dire être la girouette de l'opinion publique et donc j'assume de ne pas présider à la lumière des sondages ou des manifestations parce qu'on l'a trop fait», a-t-il prévenu. Ses opposants lui reprochent de réformer au pas de charge et tous azimuts (droit du travail, fonctionnaires, transport ferroviaire, universités...) au détriment de certaines catégories de la population. «On fait des cadeaux aux très riches, on invite à l'Elysée (palais présidentiel) des P-DG d'entreprises qui ne paient pas leurs impôts et à côté de ça, on gèle les salaires des fonctionnaires, on applique la CSG (impôt destiné à participer au financement de la protection sociale) aux retraités», a dénoncé Philippe Martinez, secrétaire général du puissant syndicat CGT, qui participe au mouvement de protestation. A l'inverse, les deux autres grands syndicats nationaux, la Cfdt et FO, s'abstenaient de défiler, refusant de sortir du champ syndical pour participer à un mouvement à coloration politique. Pour des raisons similaires, le Parti socialiste dont le secrétaire général avait été hué dans une manifestation précédente n'était pas dans les cortèges. Au contraire de LFI, du Parti communiste, des écologistes ou encore de Générations, le mouvement de l'ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon. Les premières manifestations réunissaient, selon la police, 1 200 personnes à Lyon et 1.900 à Grenoble (centre-est), 2 000 à Montpellier (sud). À Lyon (centre-est), dans une ambiance de guinguette, une jeune «postière» invitait à écrire des cartes postales au président de la République, tandis qu'à Grenoble le cortège chantait: «Il était un petit Macron, il était un petit Macron, qui n'avait ja-ja-jamais galéré....» «Faisons dérailler le gouvernement», pouvait-on y lire sur une banderole. «On vient pour exprimer un ras-le-bol général», expliquait Hugo, bibliothécaire de 28 ans, «le service public est en déliquescence, les hôpitaux disparaissent, la culture aussi». À Montpellier, des pancartes appelaient à «sortir des traités européens» ou réclamaient «l'égalité, la justice sociale et la solidarité». A Paris, le cortège s'était élancé en début d'après-midi, sous haute surveillance policière, afin de tenter d'éviter les débordements de plus en plus constatés lors des manifestations dans le pays. Le gouvernement français fait déjà face depuis début avril à une mobilisation contre une réforme du rail, avec une grève marathon des cheminots.