Plus d'un mois après son lancement, une campagne de boycott inédite et mystérieuse contre le lait, l'eau et le carburant vendus par trois marques célèbres a relancé un vieux débat au Maroc sur la collusion entre les affaires et la politique. Se répandant comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, cette campagne dont les promoteurs sont inconnus vise les stations-service Afriquia, l'eau minérale Sidi Ali et le lait Danone, leaders dans leurs secteurs d'activité respectifs au Maroc. Objectif affiché par le mouvement: une baisse des prix. Malgré les efforts de communication de ces marques pour endiguer le mouvement, on a constaté les effets visibles dans des cafés, des commerces ou des stations-essence Afriquia désertées. Le groupe Afriquia, particulièrement visé, appartient au milliardaire Aziz Akhannouch qui est aussi ministre de l'Agriculture depuis 2007. L'homme le plus riche préside le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral), parti de technocrates créé en 1978 sous l'impulsion du roi Hassan II. Aziz Akhannouch est l'homme fort du gouvernement. Selon un analyste marocain, la campagne témoigne d'une «prise de conscience de la nécessité de séparer la politique des affaires» pour réduire la corruption.