«Nous sommes pour une ouverture du marché qui prenne en ligne de compte l'ensemble des activités économiques.» Boualem M'Rakach a estimé que la signature récente de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne dont l'entrée en vigueur est déjà effective depuis le 1er septembre 2005, conjuguée aux négociations sur sa prochaine adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), est un acquis complet en soi pour l'Algérie qui aspire à devenir un pays émergent qui le mérite. Ce sont là deux points forts de l'expansion de l'entreprise algérienne qui vont lui permettre d'accéder aux règles universellement connues de la finalisation du produit a souligné M'Rakach dans un entretien accordé à notre quotidien. Le président de la CAP qui, d'emblée, se dit réjoui de cet accord, a indiqué que cette association ne vient, en fait, que concrétiser une «très ancienne demande d'accès à une économie de marché» formulée par les opérateurs privés algériens. Cette ouverture du marché à la libre-concurrence entre les deux rives de la Méditerranée, est une préoccupation majeure des opérateurs économiques vers le développement, la création d'emplois et de richesses qui permettront surtout une amélioration pour s'acheminer vers une meilleure condition de productivité, a déclaré le patron de la CAP qui a souligné avec force qu' «il fallait une ouverture» pour l'épanouissement de notre économie. Cet accord, s'est-il plu à répéter, est «le fondement même d'une entreprise, privée ou publique, pour évoluer dans une économie de marché». «Nous sommes pour une ouverture du marché, d'une manière globale, qui prenne en ligne de compte, non seulement un secteur déterminé mais l'ensemble des activités économiques.» La mondialisation règne dans toute sa «splendeur» sur le monde, a-t-il dit et tout un chacun est interdépendant en économie. L'Algérie, pour sa part, doit considérer les trois dernières décennies de l'économie mondiale comme une «leçon». S'attardant sur la croissance économique, il dira que c'est le seul paramètre qui fait développer un pays, et de faire remarquer que «toutes les écoles du monde sont d'accord sur ce plan-là». Pour engranger un véritable démarrage économique, il faut, dira-t-il, que l'entreprise locale se développe pour arriver à un partenariat fiable qui tienne compte de la situation particulière de nos entreprises. Ce diagnostic est d'autant nécessaire si nous voulons nous conformer aux règles de l'économie mondiale et sortir du seul revenu engrangé par les hydrocarbures en réalisant une stabilité de l'emploi, seul générateur des ressources de performance globale, a estimé M'rakach. Une stratégie de développement Il faut que l'entreprise algérienne puisse accroître ses capacités et augmenter, peu à peu, ses potentialités de travail et son moyen de production se doit d'atteindre une croissance pérenne, a-t-il ajouté. Pour peu que les contraintes soient levées, comme nous sommes en train de le demander instamment aux pouvoirs publics dans le cadre du dialogue et de la concertation, l'entreprise se trouvera encouragée d'atteindre les objectifs de la modernisation et de performance souhaités, attendus et surtout réalisables et à notre portée. Il n'existe nul pays au monde qui ne soutienne pas directement ou indirectement ses entreprises, aussi les pouvoirs publics algériens doivent agir dans ce sens. Pour ce faire, a précisé le président de la CAP, «nous disposons d'un mécanisme adéquat mis en place par les pouvoirs publics. Il s'agit du plan quinquennal de développement qui constitue un soubassement qui doit offrir aux entreprises nationales un moyen de développement tout en amplifiant leurs capacités de production». Dans le cadre du Pacte économique et social, les pouvoirs publics ont engagé les débats sur la démarche à entreprendre pour arriver à une véritable stratégie de développement sur les préambules d'une commission, a-t-il indiqué, et de relever que les deux dernières tripartites ont abordé l'ensemble des problèmes inhérents à cette commission. D'ailleurs et à cet effet, un certain nombre de démarches ont été entreprises pour lever les obstacles rencontrés par les entreprises. Il n'en demeure pas moins qu'une concertation est indispensable pour arriver à une véritable transformation du monde économique qui se veut totale et qui sera en adéquation avec les objectifs assignés. Que chacun s'assume à travers un effort sérieux d'efficacité qui devrait se traduire, a-t-il souligné, en premier lieu par l'efficacité de l'entreprise face aux besoins nationaux. En second lieu, par la levée de toutes les tracasseries fastidieuses de la bureaucratie qui continuent d'être l'obstacle majeur de toute avancée remarquable et enfin faire en sorte que le marché - ou la commande publique - s'adresse à la fois à la production nationale et au marché international, ce, tout en favorisant le partenariat avec les entreprises nationales. La démarche avec l'UE qui s'inscrit dans cet ordre d'idées, apportera sans aucun doute, beaucoup de réponses à même de créer les conditions de réussite à l'entreprise qui doit, parallèlement, assumer pleinement ses contraintes, du reste, inévitables. Toutes ces dispositions devront encourager les nationaux et étrangers à «entreprendre» pour effacer tout risque de spéculation qui pourrait nuire au développement national. Il ne faut pas se leurrer, a dit M'rakach, le privé ne va pas se faire «hara-kiri», il doit impérativement s'adapter aux nouvelles règles du jeu. C'est tout le pays qui va profiter des retombées positives de cet accord d'association pour lequel milite la CAP à travers une action louable à plusieurs titres de par ses propositions et sa plate-forme de travail. L'ouverture économique est incontournable, elle devrait apporter un «plus» certain, et l'entreprise qui est la pierre angulaire du développement, doit s'adapter aux éventuelles difficultés qui peuvent surgir ici et là. Pour notre part, a-t-il assuré, nous allons animer une véritable stratégie d'actions que nous allons puiser à partir du Pacte économique et social et nous allons assister à un «véritable changement du paysage économique du pays». Le tryptique UE, pouvoirs publics et entreprises (publiques et privées), à travers l'action du plan quinquennal, sont des éléments d'harmonie pour la réussite d'un véritable développement économique. A cet égard, il faut signaler que 75 % des communes sont subventionnées et des régions entières sont à développer, c'est dire qu'il y a beaucoup à faire. Toutes ces actions mettront fin à la présente situation de relative inertie. Dans ce cas de figure, il ne faut pas penser que c'est la protection de la production nationale qui est recherchée, mais il faut que les pouvoirs publics incitent à des actions d'envergure pour instaurer des actions précieuses pour arriver à faire de l'Algérie un pays émergent. Le privé ne se fera pas «hara-kiri» Dans un souci d'universalité, la CAP demande un contrôle strict du marché et l'application des textes dans toute leur rigueur afin que toutes les activités du marché soient visibles et concurrentielles dans la transparence. Trois concepts doivent être pour cela respectés: la qualification (centres de formation et éducation), la compétence et la normalisation (mise à niveau des entreprises) et la codification internationale du travail. Bien qu'on n'ait pas l'efficacité de l'UE, si l'ouverture de l'économie est bien menée, elle le sera en faveur de l'entreprise, aussi, ce qui gêne le plus aujourd'hui, c'est qu' il y a des phases qu'il faut absolument réussir: - l'achat des intrants sans taxes (donc diminution des coûts de production). Il y a urgence et l'analyse économique a été faite par tous les concernés auxquels il est demandé de mettre en place tout le mécanisme s'y attachant pour que cette première phase puisse s'accorder aisément avec la seconde, qui est la plus ardue, car elle consiste, en effet, à lever une deuxième barrière concernant la fabrication, c'est-à-dire les produits finis. La troisième étape est relative à la libre et totale navigation qui appelle l'entreprise à se consolider en matière de qualité, prix et quantité. Le dernier mot de M'rakach est que l'Algérie moderne doit s'adapter, elle en a les moyens, il y a certes de l'ordre à remettre en place dans la demeure et de rappeler que le monde change et «l'Algérie aurait pu accéder à l'OMC sur une simple demande il y a quinze ans alors qu'aujourd'hui, il faut qu'elle négocie âprement avec moult adhérents de cette organisation».