Malgré quelques îlots de résistance, tout le monde admet maintenant que l'arrivée du Président Bouteflika à la tête de l'Etat algérien a été plus que salutaire. Elle a permis, d'une part, de stabiliser la situation intérieure, et d'autre part, de rehausser le prestige de notre pays à l'étranger. La multiplication des visites officielles et autres rencontres avec les puissants de ce monde, ont permis au Président algérien de reproduire l'image d'une Algérie battante et pleine de ressources, tout à fait différente de celle tissée par un conglomérat d'intérêts antialgériens, qui avait cru pouvoir faire admettre que l'Algérie était en train de sombrer dans une guerre civile interminable et irrémédiable. Pour être gagnée, cette bataille, au plan international, devait être également soutenue par l'appareil diplomatique algérien, gravement essoufflé par la décennie noire. Il fallait donc s'impliquer partout et multiplier les conférences internationales, les forums, les ateliers thématiques, les rencontres régionales, afin de démontrer au monde que l'Etat algérien restait maître de la situation. Ces actions coordonnées de participation active aux manifestations internationales: le Sommet de l'OUA, le Festival mondial de la jeunesse, les différents, Jeux africains, etc. ont permis à notre pays de revenir en force au-devant de la scène internationale. Cependant, cet élan de politique étrangère devait être conforté, au préalable, par un appareil diplomatique pleinement opérationnel et efficace. Mais le constat au départ était tout autre! Notre diplomatie était laminée par les procédés honteux, notamment en matière de recrutement et de promotion en vogue durant la décennie noire. Elle ne se maintenait, d'ailleurs, que grâce au capital prestige légué par les premiers diplomates-guerriers qui ont dirigé la diplomatie algérienne durant les années 50, 60 et 70. Il était donc nécessaire de revoir toute la donne ; car, au diagnostic, notre appareil diplomatique offrait tous les symptômes d'une machine grippée, dont les dysfonctionnements risquaient d'hypothéquer à jamais l'image et le prestige même du pays. La restructuration de l'appareil diplomatique devenait une nécessité qu'il fallait intégrer dans le cadre de la réorganisation globale des différentes structures de l'Etat. Aussi, le ministère des Affaires étrangères a été élevé au rang de ministère d'Etat avec trois ministres d'appoint (ministres délégués). Sa restructuration et son redéploiement ont fait que son organigramme s'est largement étoffé par la création d'une cinquantaine de postes de responsabilité (directeurs, CES, sous-directeurs, etc.), afin de répondre aux nouvelles aspirations et défis de la politiques extérieure. Cet état de fait a permis de faire justice et de remettre en fonction beaucoup de cadres qui, jusque-là, étaient marginalisés. Cet accroissement de postes n'a pas été apprécié de la même manière par tous les fonctionnaires du MAE. Certains cadres parlent de banalisation des postes supérieurs. Avis qui n'est pas partagé par le président de l'Association des diplomates algériens (ADA) qui considère que «l'actuelle réforme a le grand mérite d'avoir offert des opportunités pour l'émergence de nouvelles compétences et d'apporter un souffle nouveau au ministère qui était, pendant longtemps, géré par une oligarchie qui se partageait les meilleurs et les plus importants postes tant à l'étranger qu'à la Centrale, et dont les membres se relayaient sans crainte, ni gêne, en maintenant le reste des cadres dans des positions de caporaux d'exécution». Les pionniers de la diplomatie algérienne avaient énormément de mérite parce qu'ils avaient contribué - soutenus par la lutte armée du peuple algérien sur le terrain - à la réalisation d'un miracle, qui était l'indépendance de l'Algérie! A l'indépendance, la diplomatie algérienne était déjà auréolée d'un grand prestige, dont le socle était le capital Révolution. L'arrivée de jeunes diplômés de l'ENA, qui avaient bénéficié de l'expérience de leurs aînés, a été ensuite d'un apport appréciable pour la diplomatie algérienne qui ainsi ajoutait au savoir empirique des anciens, la touche scientifique des jeunes. Malheureusement, le système démocratique de formation de qualité basé sur les promotions issues de l'Ecole nationale d'administration n'arrangeait pas tout le monde. Ainsi, la décision fut prise en 1985 de suspendre la section diplomatique de l'ENA et de mettre en place d'autres procédés moins transparents et méritoires ouvrant la porte à des candidats «parrainés» pour des postes de secrétaires des Affaires étrangères et même plus. De même, l'autre pratique utilisée était de promouvoir au plan interne des fonctionnaires qui n'étaient pas les plus méritants ou compétents. Pour ceux qui ont voulu exprimer leur dépit sur cette question, «les promotions internes en question, n'étaient et ne sont pas justifiées et cela a causé et cause toujours beaucoup de dégâts à la réputation de notre diplomatie». Questionné sur le système de promotion des cadres au niveau du MAE, le président de l'ADA a indiqué que «dans tous les pays du monde, les nominations se font à la discrétion de l'administration dans une proportion assez raisonnable. Il y a lieu, cependant de bannir des pratiques qui encourageraient la médiocrité et les promotions spoutnik. Le temps où on achetait les charges est vraiment révolu. Aujourd'hui, les seuls vrais critères de nomination sont la compétence, le professionnalisme, l'expérience et le dévouement aux intérêts du pays. Par conséquent, il y a lieu de mettre fin définitivement aux trafics d'influence, les jeux de relations et le béniamisme». De toute évidence, l'Association des diplomates qui a pour objectif la promotion des vraies valeurs et la culture de l'Etat de droit, a certainement fort à faire dans ce domaine avant de venir à bout de ce genre d'agissements qui sont en vogue dans nos administrations publiques. L'établissement de règles est important. Cependant, leur respect procède plutôt de la volonté politique. Les recommandations de la Commission sur la réforme de l'Etat ont probablement traité cette question si épineuse de gestion des ressources humaines en vue de la mise en place d'une administration compétente, efficace et moderne. Dans ce cadre, le ministère des Affaires étrangères a fait l'objet d'une réforme interne notable. Outre le renforcement et le redéploiement de l'appareil diplomatique, il y a eu l'établissement d'un nouvel organigramme pour l'administration centrale et la création d'un Institut diplomatique et de relations internationales. Ces nouveaux projets ainsi que les actions futures aideront sûrement à redynamiser la diplomatie algérienne. Cependant, il est extrêmement nécessaire d'accorder plus d'intérêt à la gestion des cadres, en y introduisant des règles plus rigoureuses et plus objectives qui favorisent le travail, le sérieux et l'engagement, et permettront donc une relance effective de notre diplomatie.