Le scandale du marché «Jean Craft Europe» aurait coûté plus de 10 millions d'euros à la compagnie pétrolière. La Sonatrach s'est engagée dans une véritable campagne d'assainissement qui lui permettra d'appréhender dans la sérénité les défis du futur. Il y a quelques jours, M.Chakib Khelil avait confirmé la suspension de près de 43 cadres de l'entreprise dont 26 pour la seule zone d'Arzew, suspectés d'être mêlés à une affaire de pots-de-vin. Le ministre de l'Energie avait affirmé que ces cadres, objet d'une enquête, émargeaient toujours à la Sonatrach, en attendant une décision de la justice à leur égard. Des sources fiables viennent de confirmer que 16 cadres du complexe d'Arzew viennent d'être placés sous contrôle judiciaire. Ces derniers sont cités dans le scandale du marché «Jean Craft Europe» qui aurait coûté plus de 10 millions d'euros à la Sonatrach. Ce marché consistait en l'achat, après un avis d'appel d'offres national et international paru au Baosem de joints d'étanchéité pour conduites de gaz et de fuel. «Jean Craft», une entreprise spécialisée dans la commercialisation de ce type d'équipements décroche le marché après ouverture des plis. Or, il semble que cette entreprise ne soit qu'un simple fournisseur qui s'approvisionne auprès de fabricants qui eux aussi avaient soumissionné. Parmi ces derniers, un équipementier algérien qui aurait proposé une meilleure offre mais qui aurait été disqualifié pour des considérations encore inconnues. Ce dernier aurait adressé, selon certaines sources, des correspondances au ministère de l'Energie pour attirer son attention sur son exclusion, injustifiée de la course pour le marché. Des cadres de la tutelle ayant eu vent de l'affaire ont également adressé des lettres au ministère, relatives au scandale. Les premiers éléments de l'enquête ont permis de découvrir qu'il y avait anguille sous roche et que le marché était réellement entaché de zones d'ombre. L'enquête se déplace alors vers l'étranger pour découvrir les ramifications du réseau qui aurait mis en course «Jean Craft Europe» et susurré son nom à des membres influents de la commission d'ouverture des plis. L'enquête déclenchée à l'étranger a été confirmée par M.Chakib Khalil à l'occasion de sa dernière visite à Oran. le tribunal de Sidi M'hamed qui s'est saisi de l'affaire a prononcé 16 mises sous contrôle judiciaire en attendant les suites de l'enquête qui pourrait lever d'autres lièvres. Cette affaire intervient quelques semaines après le scandale qui a éclaté au sein du géant pétrolier algérien et qui a abouti au limogeage de cadres dirigeants relevant des entreprises Sonatrach, Naftal et Naftec. En effet, le 25 juin dernier, M.Khelil a déclaré, lors d'un point de presse, qu'une vingtaine de cadres du secteur de l'énergie et des mines avaient été suspendus de leurs fonctions, et ce, au lendemain de l'annonce par la presse de la mise en quarantaine de pas moins de 130 cadres. M.Khelil, pour sa part, n'a pas révélé la moindre raison pouvant justifier une telle mesure conservatoire. Il a, en revanche, mis en exergue le concours de la justice pour statuer définitivement sur leur sort. «Je préfère laisser la justice faire son travail. Je ne veux accuser personne de quoi que ce soit», a en fait souligné M.Khelil. Dans une autre déclaration à partir d'Oran où il était en visite, début août dernier, le ministre a explicité la vingtaine de suspensions. «La décision de suspension n'est pas le résultat de la mise en oeuvre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Elle fait suite à une enquête nationale et internationale et il était de notre devoir de prendre des mesures nécessaires pour permettre à la justice de faire son travail», a-t-il déclaré, précisant qu'une action judiciaire est en cours et que le dernier mot lui revient. Avec cette deuxième affaire, il devient clair que la compagnie pétrolière nationale a entamé une opération de «moralisation» en son sein, ce qui pourrait annoncer d'autres mesures de suspension touchant les cadres de l'entreprise.