Ce fut une journée de campagne référendaire exceptionnelle. Après deux semaines de platitude, en dépit d'un semblant d'activité soutenu par des associations locales, Cirta, a abrité en en une journée, pas moins de six meeting. Il y avait des universitaires du Forum algérien pour la citoyenneté et la modernité, Ennahda, le MSP, l'Unfa dont la secrétaire générale a animé deux réunions publiques et enfin El Islah. A l'inverse de leurs «frères ennemis» Harakat moudjtamaâ essilm, les dirigeants du mouvement El Islah n'ont pas raté l'opportunité de la campagne électorale pour déléguer leur leader à Constantine, une ville qui compte beaucoup dans la stratégie de cette formation politique. En effet, l'opinion publique constantinoise et particulièrement les sympathisants du MSP n'ont pas encore compris, pourquoi Boudjerra Soltani n'est pas venu en personne animer le meeting de son parti à Constantine, sa ville d'adoption en quelque sorte. Pour certains, il s'agit d'une énième énigme à déchiffrer. Pour le cas de Djaballah, c'est une autre paire de manches. Celui-ci et malgré la relative stabilité qui règne au niveau de son mouvement, semble tout a fait conscient des risques qu'il pourrait courir au cas où ses adversaires « cachés dans son propre parti prennent les devants à l'occasion de la campagne électorale ». Les partisans les plus solides sont tous issus de la région de Constantine, mais ses adversaires aussi. En homme politique averti, il n'est pas du genre à faire l'impasse sur une wilaya qui compte un demi million d'électeurs. Aussi il a tenu à animer lui-même le meeting qui contrairement aux rassemblements précédents, n'a pas attiré le grand public. Quoiqu'il en soit, Djaballah est venu accompagné comme d'habitude par son « ombre » Lakhdar Benkhelaf et a réitéré le même discours à quelques variantes près. Tout en appelant à voter «oui», le n°1 d'El Islah a toutefois émis quelques réserves sur le projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Selon lui, cette demande reste insuffisante. Les mesures d'apaisement qu'elle propose sont aux yeux de Djaballah en deçà des attentes du peuple algérien.Djaballah dont les propos ont été prudents, n'a pas manqué de parler de la décennie rouge des disparus et ceux qui, selon lui sont toujours en prison. Il a défendu «Sant'Egidio» et a souligné que si la réunion avait été tenue en Italie c'était parce que les conditions en Algérie ne le permettaient pas. Il est revenu aussi sur l'interruption du processus électoral en janvier 1992, une manière à lui de faire allusion «aux nouveaux réconciliateurs». Pour Djaballah, le pouvoir qui était, à une certaine époque, éradicateur, s'est transformé aujourd'hui en un système qui prône la réconciliation. Selon quel processus, ce changement a-t-il eu lieu? Il ne le dit pas. Il s'est contenté d'évoquer la «rahma» et la concorde civile, pour conclure que la réconciliation nationale représente une étape supplémentaire dans la construction du pays. A travers ce tour d'horizon , il est surprenant de remarquer que Djaballah n'a pas évoqué une seule fois, cette catégorie d'islamistes auxquels le projet de charte va interdire toute activité. Il a par contre critiqué sans ménagement l'Alliance présidentielle qui, selon lui serait derrière tous les problèmes d'El Islah. Il a aussi dénoncé, sans les citer, tous ceux qui ont qualifié les opposants à la réconciliation nationale d'ennemis de l'Algérie, en appelant le chef de l'Etat à prendre des mesures à l'encontre des partisans de l'exclusion. Un Djaballah qui revendique le droit de critiquer la réconciliation nationale c'est tout à fait une première. Et pourtant, il a laissé dire auparavant que 80% des idées contenues dans la charte sont d'inspiration El Islah. Allez comprendre quelque chose!