Personnage devenu incontournable dans ce dialogue à bâtons rompus, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui a été reçu par Kim Jong-Un à deux reprises, a affiché ostensiblement son grand «optimisme quant aux chances de réussite» du sommet. Le tête-à-tête historique aura lieu à la date indiquée, Singapour ayant mis les petits plats dans les grands pour accueillir la première et exceptionnelle rencontre entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un qui s'échangeaient, voici à peine six mois, les pires invectives sur fond de menaces nucléaires. Les préparatifs du sommet sont allés bon train, et l'impatience grandissante des deux hommes a fait le reste, jusqu'au moment de leur arrivée sur les lieux. Désormais, les regards du monde entier sont orientés vers cette ville et la question semble partout la même sur la réelle capacité de Trump à obtenir de son vis-à-vis nord-coréen l'engagement «immédiat, complet et vérifiable» de renoncer à l'arme atomique en échange de la levée des sanctions contre la Corée du Nord et d'une aide conséquente à son développement. Il semble que pour le président des Etats-Unis, l'essentiel ait déjà été accompli et c'est ce qu'il a laissé entendre au Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong, lors d'un déjeuner de travail, précédé d'ailleurs par un entretien téléphonique avec ses partenaires sud-coréens Moon Jae-in et japonais Shinzo Abe. Le tête-à-tête entre Trump et Kim, absolument inimaginable quelques mois auparavant lorsqu'ils étaient engagés dans une surenchère verbale faisant craindre le pire, est prévu aujourd'hui même, dans la matinée, entre les murs hautement sécurisés d'un hôtel de luxe de la cité-Etat asiatique. S'en suivra aussitôt une réunion de leurs équipes respectives, puis un déjeuner de travail. Contrastant avec l'attitude silencieuse, voire presque mystérieuse, de la délégation nord-coréenne, également déjà présente dans les lieux, depuis vingt-quatre heures, l'équipe du président Trump s'est efforcée sans relâche de montrer une image encourageante des négociations entamées tout au long des jours, voire des semaines, écoulés. C'est ainsi que la Maison-Blanche s'est fendue hier d'un communiqué pour faire savoir que «les discussions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord se poursuivent et ont progressé plus rapidement qu'escompté». Il se pourrait, du coup, que le président Donald Trump, dont on annonçait le départ pour mercredi sans pour autant exclure d'éventuelles prolongations, puisse s'envoler en fin de compte dès mardi soir pour Washington, après la tenue d'une conférence de presse. Personnage devenu incontournable dans ce dialogue à bâtons rompus, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui a été reçu par Kim Jong-Un à deux reprises, a affiché ostensiblement son grand «optimisme quant aux chances de réussite» du sommet. Peu disert dans la communication des détails, il a pourtant indiqué, lundi, lors d'une conférence de presse, que les Etats-Unis sont prêts, en échange de sa dénucléarisation «complète, vérifiable et irréversible», à accorder à la Corée du Nord des «garanties de sécurité uniques, différentes» de celles apportées jusqu'alors. Le sommet est ainsi focalisé sur les ambitions atomiques de Pyongyang, sous le coup de sanctions internationales draconiennes, imposées au fil des années et des crises par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le président sud-coréen Moon Jae-in a lui aussi exprimé sa confiance sur la rencontre, même s'il a tenu à mettre en garde contre les attentes démesurées.«Même si le dialogue entre les deux démarre sur les chapeaux de roue, il faudra probablement un dialogue de long terme, qui pourrait prendre un an, deux ans, voire plus pour résoudre totalement les questions sur la table», notamment la dénucléarisation, a-t-il indiqué. De l'autre côté, on relève que l'agence nord-coréenne KCNA a souligné dans son compte-rendu du déplacement de l'homme fort de Pyongyang que la dénucléarisation, mais aussi «un mécanisme de maintien de la paix permanent et durable dans la péninsule coréenne» seront au menu du sommet, ce que les responsables américains ont accueilli comme «un message d'optimisme». Dans ce sommet avec Kim, Trump parie sur son instinct et ses talents autoproclamés de négociateur hors pair. Mais l'administration américaine a sensiblement évolué sur la question de la dénucléarisation censée faire l'objet d'un accord historique aujourd'hui même, convaincue par les experts que le processus même s'il est «inédit» exige beaucoup de temps, en termes d'années qui plus est, ce qui a quelque peu tempéré les ardeurs. Les ingrédients d'un éventuel accord restant quant à eux les mêmes: une dénucléarisation progressive en échange d'un soutien économique, des garanties de sécurité pour le régime nord-coréen et un traité de paix mettant formellement fin à la guerre de Corée (1950-53).