La ville de Hodeida compte quelque 600.000 habitants et son grand port, sur la mer Rouge, est le point d'entrée d'une bonne partie des importations du Yémen et de l'aide humanitaire. Les forces hostiles aux rebelles Houthis du Yémen acheminent de nouveaux renforts vers Hodeida (ouest) pour contraindre ces insurgés à abandonner le contrôle du port, enjeu hautement stratégique d'une guerre qui dure depuis plus de trois ans. Selon l'ONU, son médiateur pour le Yémen, le Britannique Martin Griffiths, est engagé dans d'»intenses négociations» avec les Houthis, appuyés par l'Iran, mais aussi avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui soutiennent les forces loyalistes yéménites, pour «éviter une bataille féroce et sanglante à Hodeida». La ville de Hodeida compte quelque 600.000 habitants et son grand port, sur la mer Rouge, est le point d'entrée d'une bonne partie des importations du Yémen et de l'aide humanitaire internationale destinée à une population exsangue. Les forces anti-rebelles, qui n'ont remporté aucune victoire militaire majeure depuis la reprise de cinq provinces du sud et de la ville d'Aden à l'été 2015, sont déterminées à briser le statu quo à Hodeida, estiment des experts. Des journaux émiratis, à l'instar du National à Abou Dhabi, affirment que le compte à rebours a commencé pour une offensive sur Hodeida et qu'une attaque est imminente. Réalité ou guerre psychologique? Des forces progouvernementales, appuyées notamment par les Emiratis, continuent d'acheminer d'importants renforts vers Hodeida, ont rapporté hier des sources militaires loyalistes yéménites. Profitant d'une pause dans les combats observée depuis lundi, les trois composantes des forces anti-rebelles ont envoyé hommes et équipements vers la principale ligne de front située à une quarantaine de kilomètres au sud de Hodeida, ont indiqué ces sources. Si les Emiratis apportent un appui essentiel au sol et les Saoudiens un soutien aérien, les forces progouvernementales yéménites sont composées d'éléments hétéroclites, des combattants locaux, des militaires restés fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi et des partisans de l'ex-chef d'Etat Ali Abdallah Saleh, tué en décembre par ses anciens alliés, les Houthis. Signe de l'inquiétude internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni à huis clos lundi pour entendre M. Griffiths, qui parlait par visio-conférence depuis la Jordanie. Selon des diplomates, le médiateur a relancé l'idée de placer le port de Hodeida entre des mains neutres. En attendant, l'ONU a retiré son personnel international de Hodeida lundi matin. Les Etats-Unis, proche allié de Riyadh et d'Abou Dhabi, ont rappelé que l'aide internationale au Yémen devait continuer à passer par le port de Hodeida. Washington «suit de très près la situation», a indiqué le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, appelant la coalition anti-rebelles à soutenir les efforts déployés par l'ONU. Mais son communiqué n'a pas mis en garde explicitement Riyadh et Abou Dhabi contre les conséquences d'un éventuel siège de Hodeida, alors que le Yémen est déjà le théâtre de la «pire crise humanitaire du monde». Côté rebelle, on estime que toute offensive sur Hodeida signifierait qu'elle a l'aval de Washington. «Nous la mettrons en échec», a affirmé Mohammed Ali Al-Houthi. «Une bataille pour Hodeida sera certainement longue et laissera des millions de Yéménites sans nourriture, sans carburant et d'autres fournitures vitales», a averti l'International Crisis Group (ICG), groupe d'analyse et de réflexion sur les conflits. Les Etats-Unis «ne devraient pas donner leur feu vert à une offensive sur Hodeida» et devraient plutôt «presser les Emirats arabes unis à stopper le mouvement des hommes sous leur contrôle» pour éviter que le conflit n'entre dans une «nouvelle phase plus dévastatrice», a souligné l'ICG. Les derniers combats sur la côte occidentale du Yémen ont eu lieu vendredi, samedi et dimanche autour du village d'Al-Jah et des localités de Beit el-Feqih, Tahtia et Douraïhimi, situées au sud de Hodeida et ont fait environ 200 morts parmi les rebelles et une trentaine de tués au sein des forces anti-rebelles, selon des sources militaires et médicales.