L'attentat-suicide manqué contre le Boeing 767 d'American Airlines pose, encore une fois, le problème de la sécurité dans les avions et les contrôles au sol dans les aéroports, surtout que le terroriste sri-lankais a embarqué d'un aéroport français réputé très sûr. Les enquêteurs du FBI ont découvert une substance correspondant à du C4. Explosif cassant et inodore, utilisé notamment par les entreprises de démolition et les militaires, et réputé puissant quelle que soit sa quantité. Ce passager, qui a tout l'air d'un kamikaze, avait dissimulé cette pâte blanche dans ses chaussures qui, examinées par les policiers aux rayons X, ont permis de constater que le C4 était relié à un détonateur. Si l'attentat a pu être évité de justesse, l'enquête, qui s'annonce, devrait mettre le doigt sur les dysfonctionnements en matière de sécurité et de contrôle au sol, notamment à l'aéroport Charles-de-Gaulle de Paris, d'où le kamikaze a embarqué. Les autorités aéroportuaires françaises ont fait savoir qu'il n'y a pas eu de fouille avec des chiens renifleurs d'explosifs capables de détecter la présence de plastic. Le terroriste a traversé, sans souci, les portiques de sécurité et les points de contrôle de la police et de la douane sans éveiller le moindre soupçon. Un responsable d'American Airlines dira que la notion «passager sans bagages sur vol long courrier», comme l'était cette liaison Paris-Miami, est déjà sujet à un contrôle strict et rigoureux. Ce fait démontre, en tout cas aux spécialistes, qu'aucun aéroport n'est sûr à 100% quand il s'agit d'actes antiterroristes et nous renvoie au cas algérien avec le détournement de l'Airbus d'Air France en 1995. Lorsqu'on a affaire à un groupe terroriste déterminé comme ce fut le cas du groupe Rihane du GIA qui voulait se faire exploser au-dessus de Paris, ou au commando des 19 kamikazes du WTC, le 11 septembre, les parades sont toujours insuffisantes, voire carrément inutiles tant que les terroristes préparent minutieusement leur coup. Le plus «ironique» dans cette affaire est que l'avion a décollé de... Paris qui, avec le plan Vigipirate et les conditions draconiennes de sécurité au sol, est réputé inviolable. Cela est d'autant plus ironique que le responsable de la sécurité aéroportuaire française, M.Cathala, qui passe pour être un expert en matière de sécurité dans le domaine, est le même qui refuse, depuis des années, à donner son feu vert pour que les avions d'Air France rallient Alger. Cet ancien des services spéciaux français, qui a en charge la sécurité d'Air France notamment, avait joué un rôle déterminant, négativement, lors des négociations entre Alger et Paris pour rouvrir la ligne entre les deux pays. Les humiliations subies par la compagnie Air Algérie, lors de ses dessertes parisiennes entre 1995 et 1998, ne lui étaient pas étrangères comme le fait qu'il voulait assurer la sécurité des vols français par un personnel du Gign jusque dans l'aéroport Houari-Boumediene d'Alger. La prochaine liaison assurée par Air Lib entre Paris et Alger démontrera aux plus sceptiques que l'aéroport d'Alger compte parmi les aérodromes les plus sûrs au monde. Le P-DG de cette compagnie française l'a même comparé à l'aéroport de Tel-Aviv, en Israël, qui demeure également sous l'incertitude du crash de l'avion qui assurait la liaison Israël-Ukraine et qui reste inexpliqué. L'exemple de l'avion d'American Airlines pourrait faire réfléchir les responsables de la sécurité aérienne sur la notion de «sécurité maximum». Alger compte parmi les aéroports les moins risqués du monde, depuis le détournement de l'Airbus, et les responsables algériens n'ont pas attendu le 11 septembre pour appliquer des mesures de sécurité qui répondent à un canevas international.