Ces compagnies étrangères ont supprimé leurs agents de sécurité sur les vols au départ d'Alger. La hollandaise KLM annonce son arrivée. A deux mois des fêtes de fin d'année et surtout à deux jours du ramadan, considéré par les spécialistes de la lutte antiterroriste comme le mois où les actions les plus spectaculaires et les plus meurtrières sont réalisées, des dispositifs de sécurité sont renforcés dans les aéroports européens, plus particulièrement français. Pour les responsables de la sécurité à l'aéroport d'Alger, c'est un dispositif de routine qui intervient à chaque période de flux ou de fêtes nationales et religieuses. Les passagers, au départ d'Algérie, sont quotidiennement soumis à trois vérifications avant d'embarquer: une fouille électronique à l'entrée de l'aéroport, deux fouilles au corps à la sortie de la PAF et à l'embarquement et surtout la reconnaissance des bagages. Des mesures draconiennes qui ont conduit les compagnies étrangères telles que Alitalia Air Lib, Air Littoral (les deux seules compagnies françaises de desservir l'Algérie après le retrait d'Air France en 1994), à supprimer les agents de sécurité sur leurs vols et surtout à limiter les frais pour leur compagnie. Un dispositif de sécurité drastique qui a convaincu certaines compagnies de desservir la capitale algérienne, qui n'est pas considérée par les spécialistes de la sécurité aéronautique, comme un danger pour le transport aérien. C'est pourquoi on annonce bientôt une desserte d'Alger par la compagnie hollandaise KLM une fois par semaine. En France, les autorités viennent de placer un nouveau dispositif de sécurité, a révélé, hier, dans une enquête, le quotidien Le Parisien. Jean-Louis Blanchou, un ancien préfet, sera officiellement nommé demain pour coordonner la sécurité des aéroports d'Orly et Roissy. Le nouveau chef de la sécurité dans les aéroports français aura la difficile tâche de régler la sécurité dans les sites de transport les plus fréquentés au monde. Son objectif, surtout, est de combler quelques lacunes évoquées dans un rapport confidentiel. Parmi les nouveaux dispositifs révélés par le quotidien français, l'augmentation du nombre des agents privés en charge de la sécurité dans les aéroports qui passera de 3200 à 4000 pour les deux aéroports. Autres dispositifs mis en place par les autorités françaises: la biométrie pour contrôler l'accès aux zones réservées. Outre les badges avec photo, les employés devront subir un contrôle d'empreintes digitales. Un autre système basé sur la reconnaissance de l'iris de l'oeil a également été testé. Pour ce qui est des bagages, un logiciel est actuellement en préparation par ADP (Aéroports de Paris) qui permet à chaque bagage enregistré en soute d'avoir son passager embarqué dans l'appareil. Cela évitera surtout qu'un passager puisse enregistrer un bagage sans prendre l'avion. Les services français envisagent de renforcer le maillage des grillages des deux aéroports. Les autorités françaises réfléchissent aussi au maintien des agents de sécurité anonymes dans les avions. Enfin sur le plan de la sécurité électronique, les aéroports d'Orly et Roissy seront équipés de deux nouveaux types de détecteurs d'explosifs et de traces d'explosifs. Cette nouvelle pointe de la technologie d'inspection des bagages par rayons x vient directement des Etats-Unis. Une quarantaine de ces machines sont programmées pour reconnaître la «signature» chimique de nombreux explosifs. Il s'agit d'un portique balayé par un courant d'air dont les particules sont immédiatement analysées. La moindre trace de poudre ou de produit devrait être détectée. Un de ces détecteurs est actuellement testé au comptoir de la compagnie israélienne El Al à Roissy. Ce transporteur est, par définition, la cible n°1 des terroristes. Ces 40 dernières années, la compagnie israélienne a été visée par d'innombrables attentats. En 1968, un appareil d'El Al avait été attaqué à l'aéroport d'Athènes. En 1972, l'aéroport de Tel-Aviv avait été le théâtre d'une attaque meurtrière (28 morts et 80 blessés). Depuis, l'aéroport Ben Gourion a été fortifié. Il est considéré aujourd'hui comme le plus sûr au monde. En 1975, trois avions d'El Al ont été attaqués au bazooka à Orly. Le 4 juillet dernier, un Egyptien a tiré sur le comptoir de la compagnie israélienne à l'aéroport de Los Angeles, tuant 4 personnes. Aujourd'hui avec les événements du 11 septembre, la guerre en Tchétchénie et le conflit dans les territoires occupés, les compagnies américaines TWA et American Airlines, la compagnie israélienne El Al et à un degré moindre la compagnie russe Aéroflot, sont inscrites comme cible potentielle des terroristes islamistes, même si les Français se méfient encore des Algériens. Reste que ce dispositif de sécurité coûte cher aux Aéroports de Paris et aux autorités françaises, qui sont obligés d'employer des agents de quatre sociétés de sécurité privées générant un investissement de 250 millions d'euros. Après les attentats du 11 septembre, les aéroports deviennent plus que jamais la cible privilégiée du terrorisme international.