Les premiers éléments de l'enquête auraient révélé que le suspect serait Sri-Lankais, musulman et qu'il s'appellerait Abdel Rahim. Les intérêts américains n'ont pas fini d'être la cible privilégiée des terroristes malgré les filtres de sécurité que les Etats-Unis et plusieurs autres pays ont mis en place afin d'éviter toutes sortes d'actes qui ressembleraient à la vague d'attentats du 11 septembre dernier. Aussi, alors qu'on croyait avoir parfaitement sécurisé les aéroports américains tout particulièrement ainsi que ceux des plus grandes capitales du monde, un jeune de 28 ans, ayant en sa possession, vraisemblablement un faux passeport anglais, a bien failli réussir à faire exploser le Boeing 767 de la compagnie American Airlines au-dessus de l'Atlantique. L'avion se dirigeait vers Miami en provenance de Paris quand un passager, répondant au nom de Richard Reid et qui «semblait d'apparence moyen-orientale» selon des témoins, avait tenté d'allumer une charge explosive dissimulée dans sa chaussure avant d'être maîtrisé et mis hors d'état de nuire par des passagers alertés par les cris d'une hôtesse de l'air. Cette dernière se serait rapprochée du passager en question après avoir été inquiétée par une forte odeur de soufre. Comme seule réaction, le mis en cause l'aurait mordue avant qu'il ne soit finalement immobilisé par les autres passagers. Le Boeing, qui transportait à son bord pas moins de 197 personnes dont 12 membres d'équipage, s'était finalement posé à Boston escorté par deux chasseurs F-15. Le dénommé Richard Reid a été alors conduit par des agents du FBI pour l'interroger et sa chaussure fut examinée aux rayons X. Les experts y avaient trouvé un cordon détonateur et une substance «correspondant à du plastic C4», en quantité suffisante pour causer d'importants dégâts ; cette matière étant un puissant explosif utilisé, souvent, par les militaires et les entreprises de démolition. Par cet incident, qui ne manquera certainement pas d'être longtemps médité, les Américains sont rappelés à la toute-puissance terroriste qui, encore une fois, vient de déjouer tous les efforts de la communauté internationale en matière de sécurité aéroportuaire. L'aéroport Roissy-Charles de Gaulle vient ainsi de laisser passer un passager - en possession d'un passeport anglais délivré en Belgique, voici à peine trois semaines - sans bagages alors qu'il s'apprêtait à effectuer un long voyage. Ces éléments n'ont pas éveillé les soupçons de la compagnie américaine à Paris et le suspect est donc passé sans être inquiété outre mesure. Aucun détecteur n'a, d'ailleurs, pu déceler la quantité d'explosifs contenue dans ses chaussures. Le débat a été alors vite tourné vers la sécurité et le risque zéro des aéroports maintenant que la période des fêtes est propice aux déplacements. Il s'agirait, désormais, de ne pas se fier aux portiques traditionnelles des aéroports qui ne peuvent pas détecter des explosifs et n'ont que la propriété de détecter des objets dont la forme ou la matière métallique est suspecte. Il est clair, en somme, que la conception du monde en matière d'objets suspects est véritablement erronée ! Les petits miracles technologiques rendent, faut-il le noter, curieusement caducs les appareils de détection actuels. Il est tout aussi clair que le terrorisme est d'autant plus tenace que tous les moyens sont bons pour rappeler à la première puissance mondiale que le fait d'éliminer Ben Laden et ses semblables en Afghanistan ne signifie nullement qu'elle ait gagné la guerre, mais qu'en fait, la guerre est à peine commencée. Elle sera de faire face à tout ce que le progrès a d'essentiellement dévastateur.