L'Opep et ses 11 alliés ouvriront-ils leurs vannes? La baisse de 1,8 million de barils par jour, fruit de l'initiative diplomatique d'envergure initiée par le chef de l'Etat, qui a permis aux cours de l'or noir de rebondir, pourrait subir des corrections. L'Opep et ses 11 alliés ouvriront-ils leurs vannes? La réponse ne tardera pas à tomber. On est à J-3 du verdict. Pour l'instant, on doit se contenter d'échos qui nous sont soigneusement distillés. Ce qui est certain par contre, c'est que l'Arabie saoudite et la Russie, membres influents de l'alliance Opep-non Opep sont à la manoeuvre. Ces deux gros producteurs mondiaux ont préparé le terrain à une éventuelle hausse de l'offre. «Comme nous l'avons toujours dit, le retour du pétrole sur le marché doit se faire progressivement. Nous ne le ferons pas rapidement. Cela interviendra probablement au deuxième semestre de cette année», avait annoncé le 26 mai dernier le ministre saoudien de l'énergie, Khaled al-Faleh, lors d'un forum économique qui s'est tenu à Saint-Pétersbourg. «Si nous arrivons à l'idée commune qu'il est indispensable d'assouplir le niveau (de production, ndlr), cela doit se faire à partir du troisième trimestre», a ajouté de son côté son homologue russe, Alexandre Novak. Quoi de neuf depuis? Selon l'agence Bloomberg, les deux géants pétroliers qui avaient proposé une augmentation de 1,5 million de barils par jour (une suggestion du ministre russe de l'énergie Ndlr) uniquement pour le troisième trimestre de 2018 opteraient finalement pour une augmentation comprise entre 300.000 et 600.000 barils par jour. Est-ce pour calmer les «faucons» de l'Opep? Il n'y a aucun doute. Des pays producteurs continuent de souffrir de la terrible dégringolade des prix du pétrole et leur niveau actuel et bien qu'il se soit nettement amélioré, ceci ne leur a pas permis de sortir de la crise, à l'instar du Venezuela. Ce ne sera pas le seul pays qui se mettra en travers du chemin du duo russo-saoudien. Un parfum de dynamite plane sur la rencontre du 22 juin. «La réunion s'annonce tendue entre d'un côté l'Arabie saoudite et la Russie, favorables à un assouplissement des quotas et de l'autre côté l'Iran, l'Irak et le Venezuela qui devraient s'y opposer fermement», ont résumé les analystes de Saxo Bank. L'Iran aurait même annoncé le 17 juin, faire valoir son droit de veto si le ministre saoudien, Khaled al-Faleh, propose d'augmenter les objectifs de production, d'après une information glanée par l'agence Bloomberg. Avant de se mettre d'accord sur une éventuelle hausse de la production il va falloir examiner le niveau de conformité atteint par la baisse de la production des 24 pays Opep et non Opep. La 9ème réunion du comité conjoint de monitoring Opep et non Opep (Jmmc) à laquelle prendra part le ministre de l'énergie, Mustapha Guitouni le 21 juin, se chargera de faire le point sur cette question. Nul doute qu'il portera haut la voix de l'Algérie lors de la 174ème Conférence ministérielle de l'Opep qui se tiendra le 22 juin 2018. Il avait déjà annoncé la couleur. «L'Algérie oeuvrera avec les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et les pays hors Opep, durant la réunion qui se tiendra le 22 juin en cours à Vienne, à garantir l'équilibre entre l'offre et la demande pour préserver la stabilité des marchés pétroliers» a-t-il indiqué le 7 juin en marge d'une séance consacrée aux questions orales au Conseil de la nation. L'Algérie aura, au même titre que les autres membres, son mot à dire. L'éventualité d'une augmentation de la production ne se fera pas au détriment de leurs intérêts qui dépendent à leur tour du niveau du prix du baril. «La signature de l'accord entre les pays membres de l'Opep portant sur une baisse de la production de l'ordre de 1,8 million de barils/jour demeurera en vigueur jusqu'à fin 2018» avait affirmé Mustapha Guitouni le 4 juin à Tipasa. Un accord qui, rappelons-le, n'aurait certainement pas vu le jour sans l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non Opep) à la sévère dégringolade des prix du pétrole qui a débuté à la mi-juin 2014. Il a été couronné le 28 septembre 2016 lors d'un sommet de l'Opep qui s'est tenu à Alger en marge du 15ème Forum international de l'énergie. «L'accord d'Alger» jouera gros à Vienne.